Conseil de sécurité: les Etats-Unis vers une politique plus isolationniste

Conseil de sécurité: les Etats-Unis vers une politique plus isolationnisteAlors que les Etats-Unis s’apprêtent à changer d’ambassadrice à l’ONU et que cinq nouveaux pays font leur entrée au Conseil de sécurité, la question de l’isolement américain sur l’échiquier international revient dans l’actualité.

Nikki Haley, la « star » du Conseil de sécurité partie, la Maison Blanche entend la remplacer par une ex-journaliste, Heather Nauert. Celle-ci pourrait bien avoir une autonomie beaucoup plus réduite, estime Alexandra Novosseloff, chercheuse-associée au Centre Thucydide de l’Université de Paris 2.

« C’est une tradition américaine que d’avoir son ambassadeur auprès des Nations unies avec un rang de ministre. Ce ne sera plus le cas pour la successeure de Nikki Haley, donc il n’y aura plus d’autonomie de l’ambassadrice auprès des Nations unies, explique sur RFI Alexandra Novosseloff, qui a dirigé l’ouvrage Le Conseil de sécurité des Nations unies. Entre impuissance et toute-puissance. Les décisions seront seulement des instructions provenant de Washington. Il y aura une moins grande flexibilité dans les négociations. »

Les Etats-Unis, « unilatéraliste » et « isolationniste »

Dans le même temps, ce 1er janvier, cinq nouveaux pays entrent au Conseil de sécurité de l’ONU pour deux ans. Parmi eux, l’Allemagne, l’Indonésie, l’Afrique du Sud, trois puissances régionales y arrivent.

Reste à savoir si les consensus seront plus faciles avec des États-Unis de plus en plus imprévisibles et ne souhaitant plus être le « gendarme du monde ». « Unilatéraliste » et « isolationniste », « l’Amérique a largué les amarres », note un diplomate interrogé par l’Agence France-Presse (AFP). Ce « durcissement américain » va faire « de l’ONU une cible privilégiée », craint-il. Alexandra Novoseloff estime qu’il y aura peut-être des remises en question sur les opérations de maintien de la paix :

« Est-ce que l’on va continuer dans des contraintes budgétaires de plus en plus fortes ? Dans la volonté de fermer certaines missions parce que l’administration américaine aurait décidé qu’elles n’étaient pas efficaces ? On va quand même au clash avec un certain nombre d’États parce que d’autres États estiment que les opérations de maintien de la paix continuent à rendre des services et qu’ils faut continuer à les maintenir, même si elles ne sont pas parfaites. Par exemple, la France serait, je pense, opposée à la fermeture de la mission des Nations unies au Congo. »

Le Conseil de sécurité « plus divisé que jamais »

Avec 100 000 Casques bleus sur le terrain, l’ONU reste confrontée à des défis majeurs. Comment pousser à la paix avec un Conseil que le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, trouve « plus divisé que jamais » ?

« Les échanges ont souvent été brutaux, on ne cherche même plus des consensus, plus personne ne s’écoute, les votes de procédure se multiplient, les positions sont polarisées », résume un autre diplomate sur l’AFP.

Fin 2018, à propos du Yémen, le Conseil a vu les Etats-Unis menacer d’un veto un texte de son plus proche allié en principe, le Royaume-Uni, un évènement inouï, traumatisant pour Londres, rapporte à l’agence un ambassadeur du Conseil sous couvert d’anonymat.

Par RFI