Mon opinion sur le dernier remaniement : Aziz n’a pas besoin de «Rajout » et liquide les deux «Izidbih»

Mon opinion sur le dernier remaniement : Aziz n’a pas besoin de «Rajout » et liquide les deux «Izidbih»

Si l’on sait que Izidbih en langue vernaculaire hassani veut dire «on augmente avec » on comprendrait bien que le Raïss ait bien voulu prouver à son opinion hassanophone, et à elle seule, qu’il peut bien se suffire de sa «baraka »personnelle et qu’il n’avait donc pas bien besoin de ministres bien intentionnellement baptisés par des parents bienveillants qui avaient choisis pour leurs enfants à leur naissance le nom de «on augmente avec », probablement pour s’attirer la Providence divine. 

Ainsi, Izidbih, «celui qui aimait rouler des R et raffiner la belle langue deMoutenebi dans ses diverses sorties qui ressemblaient plus à des déclamations poétiques dans l’antique marché de Aqa, ait finalement agacéAziz, alors que pourtant il tentait de bien remplir son poste taillé sur mesure de porte-parole du gouvernement et ministre chargé des Relations avec le Parlement et la Société Civile.

«Bon débarras !» murmureront certainement ses nombreux détracteurs et tout ceux qui croient que son passage dans cet instable ministère a plutôt servi à caresser son égo de parfait amoureux des belles tournures que la République.

Celui-là rejoint tout simplement le troupeau docile du citoyen lambda et pourra peut-être remplir son passage à vide pour se retaper une nouvelle vigueur afin de regagner la confiance du Boss. Quant au deuxième Izidbih, celui qui avait passé son temps à des aller-retour entre ses bureaux des jardins maraîchers deSebkha et l’aéroport Oum Tounsi, objet de controverses, il pourra toujours se consoler à l’Autorité de Régulation en attendant de biens meilleurs jours.

Mais si le gouvernement perd un porte-parole qui semblait n’avoir été moulé que pour parler, exercice dans lequel il s’exerçait jusqu’à l’extase, il pourra toujours se consoler avec un non moins virulent tribun en la personne de Mohamed Lemine Cheikh, jusque-là député de R’Kiz. Ce dernier est un autre savant parolier, doublé d’un talent inné d’énigma, l’art de l’équivoque dont l’ascendantIguidi qui coule dans ses veines lui a légué la technique de la compromission et de la confusion, un atout certain au moment où un dialogue incertain se prépare avec l’opposition. Autre fait inédit dans ce remaniement, son caractère de non évènement pour les Haratines et les Négro-Mauritaniens qui le considèrent comme un jeu de yo-yo exclusif entre «Beidane » même si son incidence sur leur existence est réelle.

Le retour de Ould Meimou rappelle que ce thuriféraire de l’ancien régime déchu de 2005 reste toujours dans l’antichambre du gouvernement. Il n’en sort que pour un douillet fauteuil quelque part avant d’y replonger. Il est le parfait symbole du chêne pour sa longévité dans les arcanes du pouvoir politique, discret, peu volubile, mais redoutablement efficace pour avoir été un pion irremplaçable deOuld Taya à nos jours. Son arrivée à la tête de la diplomatie mauritanienne met ainsi fin à un mauvais ménage entre son prédécesseur et les diplomates chevronnés qui voyaient d’un mauvais œil l’intrus que fut Vatma Vall Mint Soueina dans leur sérail.

Pour la consoler, Aziz l’envoie néanmoins à l’Elevage, en compagnie des chameaux, des os de bovidés et des peaux de mouton. Elle aura l’extrême privilège d’achever la transaction animalière qui vient d’être conclue avec leSénégal et qui devra dépouiller à la veille de l’Id el-Kébir notre cheptel national de plusieurs centaines de têtes de bétail. A l’heure des bradages à la pellée du patrimoine public de l’Etat, c’est un moindre mal. On ne comprendrait pas cependant par quelle alchimie, Vatma Habib Madame Elevage s’est retrouvée à faire du social, même si elle reste toujours dans le règne animal (eh oui, l’homme une fois exclue du règne animal pour des considérations religieuses, y a été de nouveau intégré par la science : voir Retour de l’homme dans le règne animal http://www.futura-sciences.com/magazines/sante/infos/actu/d/vie-retour-place-homme-regne-animal-7740/)

Moins compréhensible est également le départ de Monsieur Agriculture, Brahim Ould MBareck qui s’était tellement éternisé, qu’on le croyait en définitive inamovible. Parti juste alors qu’il venait d’engager de gros chantiers même si les agriculteurs du Trarza et de la Vallée ne semblent pas pleurer son départ. Il lègue en tout cas à Lemina Mint Mome de sales dossiers, dont les 3200 ha deDar el Barka et le projet controversé de Keur Macène. On ne sait pas d’ailleurs ce qu’il pourra bien faire au Ministère de l’Hydraulique et de l’Assainissement, un département décrié et qui piétine dans tous ses gros ouvrages. Ould Rara quitte lui aussi le gouvernement pour se consoler au CSA tandis que le Wali du Braknaprend les dividendes de sa gestion du procès d’Aleg. Son patron ayant appris à ses dépens ce dont sont capables les bataillons d’IRA, semble croire que l’issue sans anicroche de ce procès relève de la seule dextérité de son gouverneur.

En définitive, le remue-ménage créé par ce mini-remaniement mérite plus de la dérision que de l’analyse politique, car il n’est fait que pour amuser la galerie, histoire de dégourdir les jambes du plus nul gouvernement de l’histoire de laMauritanie et détourner la populace des véritables problèmes, scandales à bout de champ, marasme économique, crise politique et crise morale, déchéance dans le registre des droits de l’homme, crise de l’institution judiciaire et de l’administration publique, entre autres éléments de la longue liste noire.

Cheikh Aidara

Source : L’Authentique (Mauritanie)