Guerre du Sahara : L’Attaque II de Nouakchott

Le 03 Juillet 1977 à 12H30, une année jour pour jour après la première attaque de Nouakchott où le fondateur du Front Polisario El Wely Moustapha Seyid allait trouver la mort, le commandant du secteur 7 de passage à Akjoujt reçoit un message du Chef d’Arrondissement de Benichab informant du passage à 07H00 du matin, à Najiya (Tijirit) de 35 véhicules dont deux camions. Le renseignement est immédiatement répercuté à l’Etat-major National qui notifie au commandant du Secteur 7 de rentrer sans délai à sa base de Jreida, tout en effectuant une reconnaissance de Benichab pour confirmer ou infirmer le renseignement. Toutes les formations de l’armée, de la Gendarmerie et de la Garde sont mises en alerte maximum. Faute d’avion militaire disponible à Nouakchott, un Navajo d’Air Mauritanie est réquisitionné et mis à la disposition de l’armée. L’avion décolle vers 16H00, effectue une reconnaissance du quadrilatère  Nouakchott – Benichab – Tijirit – Akjoujt et rentre à 17H30 en rendant compte qu’il n’a décelé aucune présence ennemie dans cette zone. Un Defender décolle d’Atar à 18h00, effectue la reconnaissance de la même zone et fait le même compte-rendu que le Navajo. En fait, pendant que les avions la recherchaient à 200 kilomètres, la colonne du Front Polisario était tapie sous ses filets de camouflage à une dizaine de kilomètres de Nouakchott.
Vers 19H, les positions installées à 5 km de Nouakchott ouvrent le feu sur l’ennemi qui arrive à leur portée. Tirant le maximum de sa puissance feu et de sa supériorité numérique, l’ennemi bouscule une position avancée du dispositif qui fait un bond en arrière et se rétablit sur la même ligne de défense que les autres positions qui résistent à la poussée ennemie. L’artillerie ennemie harcèle de loin la ville de Nouakchott. L’Etat-major National, avec le Lt-Colonel Ahmed Ould Bousseif comme Chef d’Etat-major, le Commandant Soumaré Silmane comme adjoint opérationnel et le Capitaine Diop Abdoulaye Demba comme Chef du Troisième Bureau, réagit immédiatement conformément à un plan de défense préétabli.  Les éléments d’intervention et les renforts sont immédiatement mis en œuvre. L’escadron d’intervention est engagé par la route de Nouadhibou qui passe derrière l’Hôpital National vers le centre émetteur. Une section de la Compagnie du Quartier Général (CQG)  est envoyée en renfort aux positions avancées, en passant par le Ksar. L’escadron de la Gendarmerie (Escagend) est dépêché vers le château d’eau, au nord de la Présidence où il sera rejoint un quart d’heure plus tard par deux sections renforcées de l’armée pour assurer la protection de la Présidence. Sur la ligne de contact, les affrontements font rage. Les fusils Mas 49-56, une artillerie miniature, nouvellement en dotation dans les unités font merveille. Grâce à la précision de leur alidade de visée, leurs tirs de grenades antichars et antipersonnel, effectuant un tir de barrage, contribuent considérablement à bloquer l’avance de l’ennemi vers la ville. Les unités donnent un coup d’arrêt définitif à l’ennemi sur la ligne Beila-centre émetteur et érigent une défense ferme. L’ennemi tente la tactique de “la tâche d’huile” par des actions d’enveloppement sans succès.

Course  poursuite

Les forces amies reprennent l’initiative du combat et lancent des contre-attaques par alternance sur les flancs de l’ennemi avec les unités du secteur 7 et l’escadron d’intervention. Sous la pression des contre-attaques amies qui désorganisent son action, l’ennemi décroche vers 22H00. Les unités de Nouakchott procèdent à la remise en condition et la préparation pour une éventuelle poursuite.

Les commandants des secteurs 2, 3 et 6 reçoivent les ordres de se porter avec leurs unités respectivement sur Choum, Tmeimichatt et Akjoujt. Le commandant du Garim doit rabattre tous les avions disponibles à Nouakchott et, dès la première lueur du jour, rechercher et détruire l’ennemi en fuite se trouvant vraisemblablement au nord de la ligne  Akjoujt – Benichab, se repliant soit par Tijirit ou par l’Akchar. Le Commandant du secteur 7 recherchera l’ennemi dans la zone comprise entre Nouakchott et Benichab. Les unités du Secteur 2 (Zouerate) se prépositionneront, dès 05H00 du matin, pour une interception de l’ennemi sur la ligne, Choum – Leghcheouat – Touajil. Le secteur 6 est chargé de se rendre à Bénichab, en vue de relever les traces de l’ennemi.

Le 04 juillet vers 09 heures, le bouclage de la zone comprise entre Choum et Tmeimichatt est entamé. Le commandant du Secteur 3 (Aousred) reçoit les instructions de se rendre en interception à Ben Ameira. Le Commandant du Secteur 2 envoie un élément en patrouille, pour déceler tout ennemi tentant de s’exfiltrer en passant entre Choum et Ben Ameira. A 18 heures, un ennemi est repéré à Ahmeyim. Par un jeu de tiroirs, le secteur 3 est envoyé intercepter l’ennemi, encore canalisé par les massifs dunaires, à la sortie nord de Tijirit, alors que le secteur 2 le remplacera s’installant pour une interception éventuelle à Ben Ameira. L’étau se resserre sur l’ennemi. A 18H30, pour aérer le dispositif de bouclage, l’ennemi envoie un élément, initialement prépositionné à Tourine pour son recueil, harceler Zouerate et change son itinéraire de repli. Les unités du secteur 2 se dirigent vers la ville. A 22h00, le harcèlement de Zouerate prend fin. Le secteur 2 reprend sa mission initiale dans le dispositif de recherche et de destruction de l’ennemi ayant attaqué Nouakchott. Le commandant du secteur 7 (Jreida)  rentre avec son élément à sa base. lL Secteur 3 passe la nuit à Timtoudane, le secteur 6 (Atar) à l’ouest d’Ahmeyim et le Secteur 2 à Duguech, 50 kms à l’ouest d’Aghouenit.

Le 05 juillet, vers 08H00, le secteur 2, en collabarationavec les avions qui resteront sur l’ennemi de 07H00 jusqu’à 17H00, accroche à Duguech la colonne ennemie qui se retire vers le nord et maintient le contact. Après ravitaillement à Tmeimichatt, le secteur 6 engage un ratissage à partir du lieu d’accrochage de Duguech vers le nord. A 17H00, l’ennemi est à 50 kms de Mijik, toujours talonné par le secteur 2 qui maintient le contact. Le Secteur 1 (Bir Moghrein), initialement à sa base dans cette ville, reçoit l’ordre de se porter avant la tombée de la nuit à Meimoune. A 18H00, le secteur 2 doit rompre le contact avec l’ennemi et éviter de s’approcher de Mijik où l’aviation amie interviendra sur l’ennemi déjà considérablement affaibli par les accrochages précédents.

Mohamed Lemine Taleb Jeddou
Extrait de “La Guerre Sans Histoire”