Sid’Ahmed ould Boubacar, candidat surprise aux Présidentielles mauritaniennes

L’ancien Premier ministre Sid’Ahmed ould Boubacar en se présentant à l’élection présidentielle de juin 2019 pourrait remettre en cause la transmission du pouvoir imaginée par l’actuel président Aziz au profit de son chef d’état major.

Modeste, cultivé et fort populaire au sein de sa tribu, Sid’Ahmed ould Boubacar a annoncé sa candidature à l’élection présidentielle qui devraient avoir lieu à la fin du printemps 2019 en Mauritanie. Ancien premier ministre à deux reprises sous le règne des présidents Maaouiya Ould Taya, réfugié au Qatar, et Ely Ould Mohamed Vall, aujourd’hui décédé, cet ex ambassadeur à Paris et au Caire a cultivé de très bonnes relations aussi bien à l’étranger qu’en Mauritanie. Autant de réseaux font de lui un successeur possible du président Aziz.

Un de ses atouts est certainement de s’être tenu à l’écart de la camarilla qui sous la férule d’Aziz depuis dix ans, a pillé le pays, gangrené la vie démocratique et piétiné les droits humains.

Des soutiens à l’étranger

Le candidat surprise aux présidentielles mauritaniennes jouit d’un grand prestige dans le monde arabe. Il pourrait être aidé dans ses projets actuels par le Maréchal Sissi, le président égyptien, ainsi que par d’autres pays de la Ligue arabe. En France, cet ancienn responsable gouvernemental est apprécié du Cercle des économistes présidé par Jean-Hervé Lorenzi qui a ses entrées à l’Elysée.

Les Américains ne sont pas non plus insensibles à la démarche de ce candidat, ne serait-ce que pour marcher sur les plates bandes d’un Emmanuel Macron, le président français, qui a fait du Sahel sa chasse gardée, sans obtenir pour l’instant de résultats probants. Croyant et respectueux de la religion musulmane tout en état pétri de droits de l’homme et de démocratie, Boubacar pourrait bénéficier du soutien du mouvement islamiste Tawassol, premier parti de l’opposition en Mauritanie.

Une relève crédible

Alors que l’opposition mauritanienne est plus divisée que jamais, incapable de désigner un candidat unique pour les présidentielles, l’ancien Premier ministre représente un challenger menaçant pour le candidat officiel du pouvoir, le général Ghazouani. Les premiers pas de ce dernier dans le processus électoral sont en effet hypothéqués par sa proximité avec l’actuel président Aziz. Malgré sa volonté encore timide de se démarquer du pouvoir actuel, l’ancien patron de l’armée apparait comme comptable d’un bilan jugé unanimement désastreux.

Ultime difficulté pour une transition paisible, le président Aziz, censé soutenir « son frère d’armes » Ghazouani, est en train de réaliser que ses soutiens de toujours comme le patron des patrons mauritanien ou le président de l’Assemblée mauritanienne quittent le navire présidentiel et offrent leurs services à son dauphin.

Disons que le chef de l’état mauritanien, qui n’a jamais fait de la fidélité en politique une de ses priorités, découvre que l’ingratitude est une disposition bien partagée