Le mot Haratine, en Hassania (dialecte arabo-berbère), signifie affranchis de l’esclavage maure. Mais dans les faits, il y a très peu d’esclaves réellement affranchis. L’affranchissement, chez les Maures, ne se traduit pas par une rupture avec l’esclavage mais sa continuation sous d’autres formes. C’est ainsi que, dans les faits et les représentations, les Haratine demeurent esclaves [1]. Continuer la lecture
Les militants de la haine ! – Les baathistes reviennent à la charge
Après la conférence organisée par le Centre Maghrébin des Études Stratégiques le 16 Août 2025, sur les discours sectaires, une figure baathiste de premier plan, Mohamed Ould El Kory El Arbi, Président du Forum des Baathistes en Mauritanie, revient à la charge dans un article au ton résolument engagé.
Mais à bien y lire, le texte, sous des airs d’analyse critique, contourne l’essentiel. En s’attardant avec une insistance presque obsessionnelle sur les dimensions anthropologiques de l’identité haratine, l’auteur détourne l’attention du véritable enjeu Continuer la lecture
Cruelle revanche de la bédouinité
Que peut-on penser quand on jette un regard sur les lits d’hôpitaux, sur des classes menaçant ruine où s’agglutinent, comme des sardines dans une boite de conserve, des dizaines d’enfants, sur les rangs de malades quittant par l’embarcadère de Rosso ou par l’aéroport de Nouakchott, sur les agents de contrôle routier entrant la tête dans les cabines de taxis ou des bus, sur les immenses étalages de produits alimentaires périmés, sur les tapis jonchés de billets de monnaie jetés sur les danseurs exerçant leur talent à cent mètres de familles qui n’ont pas mangé ? Continuer la lecture
احصاء السكان في موريتانيا
Cruelle revanche de la bédouinité/Par Isselmou Ould Abdel Kader, administrateur civil hors-classe
Que peut-on penser quand on jette un regard sur les lits d’hôpitaux, sur des classes menaçant ruine où s’agglutinent, comme des sardines dans une boite de conserve, des dizaines d’enfants, sur les rangs de malades quittant par l’embarcadère de Rosso ou par l’aéroport de Nouakchott, sur les agents de contrôle routier entrant la tête dans les cabines de taxis ou des bus, sur les immenses étalages de produits alimentaires périmés, sur les tapis jonchés de billets de monnaie jetés sur les danseurs exerçant leur talent à cent mètres de familles qui n’ont pas mangé ? Continuer la lecture
Le tribalisme, obstacle majeur à l’État de droit et à l’émergence de la citoyenneté mauritanienne
En Mauritanie, le tribalisme n’est pas un vestige du passé mais un pouvoir parallèle, organisé, qui défie l’autorité de l’État. Et ce, malgré le décret post indépendance et la circulaire récente interdisant les regroupements tribaux dans l’espace public. Des chefs continuent d’être intronisés en plein jour, des festivals tribaux exhibent leur puissance, et des parts du pouvoir se réclament comme des droits tribaux. Plus grave encore : cette transgression est tolérée, parfois encouragée, par un système politique qui y trouve son compte. Ainsi, l’archaïsme se travestit en coutume, tandis que la République s’efface derrière la logique clanique. La citoyenneté n’est plus un droit, mais un héritage tribal ; l’égalité n’est plus une promesse, mais une fiction. Le tribalisme n’est donc pas une relique du passé : il continue d’occuper l’espace public, parfois au grand jour. Autant de signes qui révèlent la persistance d’une logique archaïque en totale contradiction avec le projet républicain.
La question n’est donc plus seulement de savoir comment bâtir un État de droit, mais comment libérer la nation d’un carcan qui asservit l’avenir à des loyautés héritées du passé. Comment construire une démocratie véritable si la tribu demeure un cadre principal d’appartenance, d’exhibition de pouvoir et de puissance ? Continuer la lecture
Répression continue des militants et sympathisants de IRA
L’Initiative de Résurgence du Mouvement Abolitionniste (IRA-Mauritanie) dénonce avec la plus grande fermeté la nouvelle vague de répression qui a ciblé ses militants et sympathisants lors du retour du président Biram Dah Abeid à Nouakchott le 15 septembre 2025. Continuer la lecture
L’identité haratine
Le mot Haratine, en Hassania (dialecte arabo-berbère), signifie affranchis de l’esclavage maure. Mais dans les faits, il y a très peu d’esclaves réellement affranchis. L’affranchissement, chez les Maures, ne se traduit pas par une rupture avec l’esclavage mais sa continuation sous d’autres formes. C’est ainsi que, dans les faits et les représentations, les Haratine demeurent esclaves[1].
Le mot Haratine a pris avec le temps une connotation politique. Il a été, pour la première fois, en 1974, utilisé par l’organisation de libération et d’émancipation des Haratine (EL Hor) pour désigner les affranchis et les esclaves maures. Depuis lors, cet usage du mot s’est répandu. Continuer la lecture
Haratines : Identité, Démarcation et Conscience Politique – Une interpellation à Lô Gourmo Abdoul
Depuis l’irruption du débat sur l’identité haratine dans l’espace public numérique, la position de l’intellectuel de renom, le professeur Lô Gourmo Abdoul est systématiquement instrumentalisée comme caution morale et intellectuelle, opportunément mise à profit pour appuyer la rhétorique vacillante d’un ordre néo-esclavagiste qui ne démord pas de sa volonté de se perpétuer.
Il semble que le professeur Lô Gourmo se soit laissé entraîner, volontairement ou par souci d’exigence intellectuelle, dans une manœuvre de détournement du débat, d’un imperatif de démarcation politique des Haratines, on ne peut plus légitime, vers l’amplification d’une question d’identité, par son introduction sous le prisme d’un artifice académique pour le moins fantaisiste et contrariant.
il est heureux de constater, dans sa dernière intervention » les haratines sont la Mauritanie » Continuer la lecture
LES HARATINES: COMMUNAUTÉ SOCIALE OU COMMUNAUTÉ ETHNIQUE ?
Le débat en cours sur la question haratine porte sur plusieurs aspects qu’il convient de distinguer pour ne pas trop en disperser les termes et aboutir à l’incompréhension totale entre les débateurs.
L’on se souvient que pendant longtemps, au sein des intellectuels, spécialement dans la classe politique, l’aspect dominant était la question de savoir si, aujourd’hui, dans notre pays, l’esclavage existe ou non. Après bien des clarifications, on peut dire qu’il existe un vrai consensus, pour affirmer qu’en tant que système économique, social et politique spécifique, c’est à dire en tant que mode de production, l’esclavage n’existe plus, et a été graduellement remplacé par le féodalisme puis par le capitalisme colonial et national. Cependant, des pratiques esclavagistes parfois vivaces sont maintenues et coexistent avec les modes de production ultérieure, particulièrement à la campagne, dans certaines régions plus que dans d’autres, réduisant des dizaines voire des centaines de milliers de personnes à un état de dépendance marquée voire totale vis à vis des anciens maîtres, le plus souvent bidhane ( propriété foncière, mariage, héritage, préséance et fonctions sociales etc…). Continuer la lecture
De la question Haratine : des chaînes de domination à la quête d’existence ! Par Maham Youssouf
Bonjour chers amis et camarades,
J’aurais pu me contenter de la réplique sublime du cousin Cheikh Sidatti., mais comme on dit, chose promise, chose due.
J’ai suivi avec un intérêt particulier le débat – ou plutôt les débats sur « l’identité haratine » J’ai écouté les uns et les autres, mais aussi lu certaines contributions qui m’ont profondément marqué, comme celles de mon jeune frère, l’éminent poète Cheikh Nouh, fils de Barkéole, où se concentrent des centaines d’adwaba marginalisés, spécificité haratines, et celle de Sidi Soued Ahmed, intitulée Donnons-leur leur identité. Continuer la lecture