L’ambassade des Etats Unis à Nouakchott a célébré la semaine dernière la fête nationale de son pays deux journées avant sa date, le 4 juillet. A cette occasion, l’ambassadeur de l’Oncle SAM dans notre pays, Larry André, a prononcé un long discours qui a largement dépassé les simples formules protocolaires qu’on a l’habitude d’écouter dans les autres chancelleries pendant la célébration des fêtes nationales de leur pays.C’était un véritable cours d’histoire, de démocratie et de coexistence pacifique dont la Mauritanie, qui vogue actuellement dans une mer très agitée, en a fort besoin. Biladi vous propose, ci-après, ce speech dans son intégralité :
Madame la Ministre, chers Membres de la délégation officielle de la République Islamique de Mauritanie,
Chers Représentants du corps diplomatique étranger, chers leaders religieux et leaders de la société civile, distingués invités, chers collègues, chers amis, mesdames et messieurs.
Bienvenus chez nous et merci de vous joindre à nous et à mes collègues pour la célébration de notre jour d’indépendance. Je me sens béni de célébrer le jour de l’anniversaire de l’indépendance de mon pays avec vous durant le mois sacré deRamadan. Permettez-moi de vous exprimer mes meilleurs souhaits pour cette période de paix et de réengagement aux plus grandes valeurs dans les quatre langues nationales de la Mauritanie.
(Hassaniya) Erane Embarkine Elkom Remadane Shehr El Mehaba we Essalame
(Pulaar) – Yo allah diabane modone korka mone é o yafo mone
(Soninke) Kharna waga khale koyi ado sine guébou
(Wolof) Nioune wa Ambassadou Amérique Niongui lene di nianal werou kor diou barkel ak andak salam
Le rédacteur de notre déclaration d’indépendance, Thomas Jefferson, notre premier Secrétaire d’Etat et troisième Président a eu une vision d’une future Amérique où la vérité que toutes les personnes possèdent « des droits inaliénables de vie, de liberté, et de recherche du bonheur » est pleinement appliquée.
Il a promu cette vision même s’il s’est rendu compte, en tant que propriétaire d’esclaves lui- même, que notre réalité était très éloignée de ce noble idéal. Nous, américains, célébrons l’anniversaire de notre indépendance en reconnaissant, en partie, le progrès effectué dans la pleine réalisation de cette vision, et aussi combien il nous reste à faire pour que les Etats-Unis deviennent une société plus sure, plus prospère, et plus inclusive.
Au début de notre démocratie, seuls les hommes blancs propriétaires fonciers avaient le droit de vote. Un pays qui a limité le vote de cette manière ne serait pas du tout considéré aujourd’hui comme étant un pays démocratique. L’esclavage était aboli aux Etats – Unis en 1865, à la fin de notre guerre civile dont il était la cause principale, mais, dans quelques Etats, des pratiques essentiellement esclavagistes ont continué pour des décennies après l’abolition officielle.
Les femmes ont obtenu le droit de vote en 1920. Les citoyens noirs dans le sud des États-Unis, d’où je suis originaire, ont effectivement obtenu la possibilité d’exercer leur droit de vote au milieu des années 60. Il y a seulement 25 années, les américains handicapés ont vu la réalisation de la loi garantissant l’égalité d’accès et l’égalité des chances.
Aujourd’hui la bataille pour des droits égaux aux Etats–Unis concerne aussi les minorités sexuelles. Il est de notre devoir en tant que nation de lutter pacifiquement pour atteindre nos idéaux fondateurs. La justice stabilise, apaise, et fait avancer la société.
Tout comme la Mauritanie, les Etats–Unis est un pays où des personnes ayant diverses origines se sont unies pour bâtir une nation basée sur des valeurs communes. Nos traditions musicales nous ont aidées à nous unir comme un peuple.
Le 14 mai passé nous avons perdu B.B. King, un de nos plus grands héros culturels. B.B. King est issu d’une famille très pauvre dans une région pauvre de l’un de nos plus pauvres Etats. King a su imposer Mississippi Blues à la nation et au monde entier. Il était immensément influent en rassemblant des américains ayant diverses origines pour célébrer la vie, avec ses hauts et ses bas.
En écoutant la musique d’artistes mauritaniens tels que El Hadrami Ould Meidah et Dimi Mint Abba, et celle de l’artiste Sénégalo-mauritanien Baba Maal, je ressens combien, nous les américains, devons à la musique de cette partie du monde, la véritable provenance du Blues.
J’ai récemment lu un manuel de lecture connu par beaucoup de jeunes mauritaniens : De la Dune…. Au Fleuve – un livre de français destiné aux élèves du primaire. Ce livre offre un merveilleux portrait de la Mauritanie dans toute sa diversité culturelle, tout en se concentrant sur le partage des valeurs communes, qui est la forte fondation du pays.
J’admire comment ce livre renforce l’unité nationale. Cette année, la Mauritaniefêtera son 55ème anniversaire d’indépendance. Les Etats – Unis étaient le premier pays à reconnaitre l’indépendance de la Mauritanie. Aujourd’hui notre amitié dure en paroles et en actes. Nous avons confiance dans l’avenir de laMauritanie. Nous exprimons cette confiance dans une manière très concrète : notre nouvelle ambassade en chantier.
Je félicite le leadership du Président Mohamed Ould Abdel Aziz dans l’établissement de la sécurité du peuple mauritanien. Nous sommes tous témoins des évènements atroces et meurtriers qui se sont passés tout récemment en Tunisie, au Koweït, au Tchad, en Egypte, en France, aux Etats-Unis, et à Nara au Mali, juste à côté de la frontière avec la Mauritanie. Je présente nos condoléances les plus attristées à nos frères et sœurs dans ces pays amis et à nos compatriotes dans l’Etat de South Carolina.
L’existence de gens qui adorent le mal et la mort exige une vigilance constante de ceux qui sont chargés de la protection de leurs nations. Nous avons énormément de respect pour l’armée et les forces de l’ordre Mauritaniennes. Je suis fier de notre coopération fructueuse avec tous les trois piliers de la sécurité Mauritanienne : l’armée, les forces de l’ordre et la justice.
Les braves soldats de la Mauritanie se préparent maintenant à exporter la sécurité pour répondre au grand besoin de leurs confrères africains. Je parle du déploiement planifié d’un bataillon mauritanien de maintien de la paix en République Centrafricaine, similaire à ce que la Garde Nationale a effectué enCôte d’Ivoire. Ce service humanitaire mérite le plus grand respect et la plus grande reconnaissance.
Mon équipe et moi-même continuerons à travailler avec tous nos partenaires à travers la société mauritanienne pour atteindre nos objectifs communs pour uneMauritanie et une Amérique plus sures, plus prospères et plus unies. Je vous prie de bien profiter de la célébration de la 239ieme anniversaire de l’indépendance de notre pays, du partenariat entre nos deux gouvernements, et de l’amitié entre nos deux peuples.
Je vous remercie.
Source : RMI Biladi (Mauritanie)