Investir dans l’agenda de la prévention en Mauritanie afin de réduire la pauvreté multidimensionnelle

Mansour Ndiaye Représentant Résident, PNUD – Mauritanie
© PNUD Mauritanie / 2024


L
e rapport mondial sur la pauvreté multidimensionnelle 2024 : Quelles leçons pour la Mauritanie ? 

Le 17 octobre 2024, le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) et l’Oxford Poverty and Human Development Initiative (OPHI) ont dévoilé leur dernier rapport sur la pauvreté multidimensionnelle, qui offre une évaluation plus complète de la pauvreté au-delà de la simple mesure monétaire. Ce rapport, dont la publication coïncide avec la Journée Mondiale de Lutte contre la Pauvreté se concentre particulièrement sur l’impact des conflits sur la pauvreté, et ses conclusions sont particulièrement pertinentes pour un pays comme la Mauritanie.

La pauvreté multidimensionnelle touche plus d’un milliard de personnes et affecte surtout les enfants

Le rapport de cette année couvre 112 pays représentant une population totale de 6,3 milliards de personnes. Il révèle que 1,1 milliard de personnes sont affectées par la pauvreté multidimensionnelle, marquée par des privations sévères dans des domaines tels que l’accès à l’éducation, la santé et des conditions de vie décentes (eau potable, assainissement, électricité, etc.). Une majorité de ces personnes vivent en milieu rural et sont disproportionnellement des enfants. Ces derniers, représentant plus de la moitié des pauvres, sont deux fois plus touchés que les adultes.

Les conflits, un facteur aggravant

Les données soulignent également que les conflits exacerbent la pauvreté multidimensionnelle. Environ 455 millions de pauvres vivent dans des zones en guerre, où les infrastructures essentielles sont souvent détruites, privant ainsi les populations de services publics de base. Le rapport montre que les pays en conflit, bien que ne représentant que 10 % de la population mondiale, concentrent 19 % des personnes pauvres. Les enfants sont particulièrement vulnérables dans ces contextes, souvent privés d’éducation et exposés à la malnutrition.

La situation en Mauritanie

Fort heureusement, la Mauritanie n’est pas affectée par des conflits à l’instar de plusieurs autres pays du monde et le Gouvernement s’investit en matière de réduction de la pauvreté, avec l’appui de ses partenaires dont le PNUD mais la situation des indicateurs reste préoccupante. Le rapport indique en effet pour la Mauritanie un taux de pauvreté multidimensionnelle atteignant 58,4 %. Ces chiffres sont fortement supérieurs à la pauvreté monétaire, qui se situe à 28,2 %. Cela montre qu’un nombre important de personnes, bien que disposant de revenus, n’ont pas accès à l’éducation (41,2% des pauvres), ou à des conditions de vie décentes (39,9% des pauvres).

La préservation des acquis en matière de pauvreté multidimensionnelle demeure un défi en Mauritanie. Le pays n’a pas maintenu la tendance baissière de la pauvreté multidimensionnelle observée entre 2011 et 2015 où l’incidence de la pauvreté multidimensionnelle était passée de 62,7% à 56,2%. Cette tendance s’est inversée en 2019 où le taux de pauvreté multidimensionnelle a rebondi à 58,4%. Le nombre de pauvres est passé de 2,2 millions de personnes en 2015 à 2,7 millions en 2019.

Cette situation met en évidence l’importance pour la Mauritanie de renforcer ses efforts pour améliorer l’accès aux services sociaux de base. Bien que des programmes de protection sociale, tels que les transferts monétaires, aient contribué à augmenter les revenus des plus pauvres, leur impact sur l’accès aux services essentiels reste à renforcer et à améliorer. Des programmes intégrant à la fois des transferts monétaires et l’employabilité sont de nature à être plus efficaces pour réduire durablement la pauvreté.

En cette journée Mondiale des Nations Unies, il importe de souligner que le nouveau cadre de coopération des Nations Unies pour le développement durable (CCDD 2024 – 2027) propose une approche coordonnée pour soutenir l’agenda de prévention du gouvernement mauritanien. En renforçant les partenariats stratégiques, le pays peut accélérer la réduction des privations multiples et amplifier les impacts transformateurs pour les populations.

. Une approche globale, axée sur la prévention et intégrant à la fois une hausse des revenus, une amélioration des conditions de vie à travers une meilleure employabilité, favorisant la cohésion sociale et l’équité un investissement accru dans le capital humain et la réduction des inégalités, permettra de réduire la pauvreté multidimensionnelle et assurer un développement durable qui ne laisse personne pour compte.

24 octobre 2024