Ça bouge depuis quelques mois au sein de l’opposition ! Plusieurs de ses leaders tentent, après une présidentielle marquée par leur incapacité à se réunir autour d’un seul candidat, se retroussent les manches pour « recoller les morceaux », en quelque sorte. Parmi ces acteurs, l’ex-candidat de la coalition « Biram président 2024 » et toujours président du parti non reconnu RAG : Biram Dah Abeïd. Le contexte politique est particulièrement favorable. En effet, en dépit de la contestation des résultats du scrutin de Juin dernier – en premier chef par ledit candidat – et des bisbilles entre celui-ci et le président de l’UFP, l’offre de dialogue du président réélu Mohamed Cheikh Ghazouani a contribué à décrisper la scène politique. Biram qui n’avait pas hésité à évoquer une « crise post-électorale » a su prendre, à la grande surprise de beaucoup, la main tendue de son adversaire dont il ne reconnaissait pas la victoire.
En attendant de trouver un format pour le projet lancé par le président Ghazouani, les membres de la coalition « Biram président 2024 » ont entrepris de restructurer leur mouvement afin d’y réunir tous les acteurs « anti-système ». L’idée avait été déjà lancée à la veille de la présidentielle, lors d’une conférence de presse tenue au siège de l’AJD/MR, en présence de Biram et de Samba Thiam, le leader des FPC. Tous les participants avaient alors jugé indispensable de s’unir contre les tares de la domination en cours : injustices, marginalisations, discriminations et autres dysfonctionnements chroniques du service public. Cela fait donc plus de quatre mois que divers partis, mouvements et associations politiques travaillent séparément sur ces différents thèmes et ne devraient plus tarder à échanger leurs décisions respectives, prélude à des négociations en vue du dialogue proposé par Ghazouani.
Dans cette perspective, Biram a rendu publique, il y a quelques jours, une déclaration (voir encadré) esquissant sa vision et les perspectives d’avenir, selon lui, de l’opposition mauritanienne « condamnée à s’unir pour imposer une alternative » ; plus exactement alternance viable. L’ébauche donc d’une nouvelle feuille de route, depuis si longtemps confinée en belle arlésienne, butant, à chaque veille de dialogue, sur des querelles de préséance et de leadership ? Régulièrement accusé, tant du côté de l’opposition que de celui de la majorité, de faire obstruction aux concertations, Biram entend visiblement amortir les chocs en suscitant cette fois lui-même les débats au sein de la classe politique. Une attitude au demeurant en droite ligne de sa récente réconciliation avec le président de l’UFP, le docteur Mohamed Maouloud, qui a beaucoup contribué à apaiser les tensions au sein de l’opposition. Bref, un déclic en perspective ? Biram et ses confrères contestataires auraient-ils muri et compris que la surenchère ne mène qu’à la perte de leur combat commun ?
Dalay Lam