Monsieur le Président de la république française, Emmanuel Macron,

J’avais fait partie de ceux qui ont admiré quelques aspects de votre ascension politique rapide, qui vous a permis de devenir le plus jeune président de la cinquième république française (à 39 ans seulement), transcendant aussi soudainement le clivage politique français, avec un succès remarquable.
D’ailleurs, c’est sur la base de ce constat que j’avais échangé avec vous, par écrits, sur les similitudes positives que pourrait avoir le Projet « En avant la Mauritanie » avec votre « France en Marche », que j’ai l’honneur de diriger depuis plus de trois ans. Dans votre courrier de retour, vous nous aviez assurés de votre attachement au respect le plus total des droits fondamentaux des nations, les unes envers les autres, et surtout de votre nouvelle conception devant régir désormais, selon vous, les relations franco-africaines… Ce que nous avions, alors, cru et beaucoup apprécié.
Aujourd’hui, je constate avec amertume et désolation que dès l’approche de la fin de votre premier mandat, éhonté par le spectre du Gillet Jaune et hanté par une relance économique qui se fait attendre, intensifiée par les séquelles d’une COVID-19 peu adepte de langue de bois, et d’un peuple français devenant de plus en plus exigeant en termes de réformes présidentielles concrètes, et bannissant davantage les théories rébarbatives (n’attribuant ainsi qu’un seul mandat depuis Sarkozy, de ce fait, entre autres)… je constate hélas que vous ne trouvez rien à mettre sous la dent que de «taper sur » l’islam et stigmatiser, encore une fois, les musulmans, d’une façon aussi minable que classiquement mâchée et crachée depuis des décennies en France!
Franchement, je croyais que vous seriez beaucoup plus élégant que vos prédécesseurs à l’égard des musulmans, qui ont voté massivement pour vous lors des dernières élections présidentielles. Je n’aurais jamais cru qu’un aussi jeune président français, aussi moderniste, paraît-il, puisse avoir une telle rechute, bavant ainsi sur une séduction désenchantée de l’électorat de l’extrême-droite et surtout dans les bras fortunés du lobby Néo-sioniste qui domine la scène médiatique française et guide le monde de la finance en France! J’en suis sidéré. Mais avant de tourner votre page, je ne puis que vous faire les quelques simples remarques suivantes:
– L’Islam ne vit aucune crise intrinsèque, si ce n’est les quelques conflits préinstallés et téléguidés par vous, vos amis, alliés et semblables, de part et d’autres, dans les pays musulmans. Et ce, depuis les vraies croisades jusqu’à nos jours.
– Les 1,7 milliards de musulmans qui sont présents dans plus de 200 pays à travers le monde, sont des citoyens modèles dans leur majorité écrasante.
– C’est vous qui avez vécu une crise inédite avec vos gilets jaunes, et vivrez bientôt les conséquences directes d’une véritable crise de confiance avec les français, que vous n’impressionnez plus depuis un moment… notamment aux prochaines échéances électorales, qui s’approchent effroyablement pour vous,
– L’Islam et les musulmans ne sentiront aucun effet suite à vos propos stigmatisant, à effet minime sur la scène internationale. Mais, vous en revanche, vous en essuierez une sacrée chute, moralement libre.
– Pour ma part, et celle du projet « En avant la Mauritanie », et à défaut d’explications pertinentes et d’excuses explicites de votre part, nous déclasserons définitivement votre modèle politique comme source d’inspiration pour la Mauritanie, et cessons immédiatement l’admiration relative que nous avions à l’égard de votre parcours.
– Enfin, je suggèrerais vivement aux millions de musulmans de France de vous punir très sévèrement, en vous assainissant une gifle électorale sans précédent, vous privant strictement de tout vote musulman à toutes les échéances électorales à venir, préparant et précipitant ainsi votre chute programmée, qui vous chassera avec humiliation du pourvoir de ce grand pays, qu’est la France.

Dr Nouredine Mohamedou
Coordinateur général du Projet « En avant la Mauritanie»

République islamique de Mauritanie,
Nouakchott, le vendredi 2 octobre 2020.