Contrepoint | Nema, ou le discours d’un régnant pas d’un gouvernant

Contrepoint | Nema, ou le discours d’un régnant pas d’un gouvernant

« L’honneur appartient à ceux qui jamais ne s’éloignent de la vérité, même dans l’adversité et la difficulté, ceux qui essayent toujours et qui ne se laissent décourager par les insultes, l’humiliation où même la défaite ».Nelson Mandela. 

En démocratie, un peuple a le droit, en se prononçant, de se tromper souverainement, sans avoir à rendre compte de ses choix, à qui que ce soit. La seule question qui mérite d’être posée est celle de savoir si les choix faits l’ont librement été. Aux élections présidentielles passées, le Président Aziz n’avait face à lui qu’un adversaire, un haratine.

De ce point de vue, le peuple mauritanien peut choisir les dirigeants qu’il estime devoir porter à la tête du pouvoir d’Etat, sans qu’on lui demande ou exige de lui qu’il explique ou justifie ses choix.

En reconduisant Aziz, il est clair que le choix fait par les mauritaniens marquait la lucidité d’un peuple et sa volonté d’exercer souverainement son pouvoir de le reconduire. N’était-il pas le « président des pauvres » ? Quelle est la composante la plus pauvre de ce pays ?

On peut tout autant aujourd’hui dire, avec le discours du 3 mai dernier au Hodh Charghi, que la même lucidité a manqué, quant au choix final porté sur un homme et son offre politique. La sortie du premier d’entre nous à Néma sur la plus importante ethnie mauritanienne, a largement prouvé que le changement d’hommes était loin de constituer des garanties certaines, quant à la manière de diriger et de conduire le destin d’un peuple.

Les mauritaniens avec stupeur regrettent profondément que les pratiques esclavagistes qui ont toujours existé, soient maintenues à travers un discours, dans des proportions jamais égalées par le premier d’entre eux. C’est dire que le peuple, (l’opposition en premier) s’est lourdement trompé dans le choix de la personnalité qui devait animer son destin.

La Mauritanie a été insultée pour avoir consacré le règne des médiocres, la promotion des corrompus et des corrupteurs, le massacre des valeurs morales et de l’éthique. Engageant la république dans un profond abîme. Si le discours de Néma a beaucoup fasciné, il révulse tout antan, amuse et révolte.

Qu’ont fait les haratines pour mériter les foudres d’Aziz ? L’homme, comme pour donner toute la mesure de ses intentions, était accompagné de fortes personnalités de cette ethnie. Sa sortie de Néma, coule le pays, disons-nous. Le constat est là, triste, depuis le deuxième mandat, où jamais le pays n’a connu une telle misère sociale, économique et éthique du fait l’ambition démesurée d’un homme.

Certainement mal conseillé par un parterre d’inconditionnels avec une absence totale de vision, du sens de l’Etat, du cynisme, sur fond de démagogie irréductible, le « président des pauvres » qui avait promis le paradis, en a fait un enfer. Dans un franc parlé massif, il a prouvé qu’il a du mordant en « croquant »duharatine.

Récusation d’autant plus violente qu’elle procède d’un dépit amoureux. On peut affirmer sans risque d’être démenti par les faits que l’unité des cœurs tant glanée vient de rater son rendez-vous avec l’histoire à Néma. Et si l’ambition qu’a Azizpour son pays a été plombée ?Parce qu’il s’est livré à une véritable entreprise de mise en abime de l’Etat et de la république, en particulier.

Le discours du 3 mai à Néma, va sans nul doute constituer un moment de réflexion devant conduire les haratines à une prise de position contre de pareilles dérives. Une telle prise de position ne relève nullement d’un acte de courage, elle procède plutôt et surtout d’un engagement patriotique face auquel aucun citoyen honnête et conscient ne peut se dérober.

Aucun prince n’a le souci d’un peuple dépourvu de moyens de le renverser sans bain de sang. Les haratines, seraient-ils plus nombreux à ne vouloir ni la révolution, ni la démocratie qu’il n’y parait ? Aziz –encore sûr de lui-, semble avoir flairé quelque chose qui lui, le rassure.

Source : Rédaction Cridem