M. Mohamed Mahmoud Oumar, président du parti Centre par l’Action pour le Progrès (CAP):  » Les cadres de notre parti sont tous animés par la fibre patriotique de servir la Mauritanie et non s’en servir »

Le Calame : Votre parti s’est dit déterminé à prendre part aux prochaines élections municipales, régionales et législatives. Qu’est ce qui a fondé cette décision et dans quel état d’esprit allez-vous aborder ces échéances ?

Mohamed Mahmoud Oumar : Plusieurs raisons. Comme vous le savez, le CAP est un parti jeune, constitué de jeunes cadres issus de toutes les couches sociales et porteurs d’ambitions pour leur pays. Vous savez aussi que toute organisation politique a vocation de conquérir le pouvoir et cela passe nécessairement par les urnes. Ces jeunes vont donc se mesurer avec les candidats des autres partis sans complexe et sans gêne mais avec leur vision de la Mauritanie, une Mauritanie unie, juste et égalitaire où chacun a sa place.

Nous avons pris le temps d’étudier la sociologie du pays, ses hommes, ses femmes, ses acteurs politiques, et sommes parvenus à la conclusion que le CAP a sa place au soleil. Mieux, il peut apporter un plus au combat contre les forces rétrogrades et autocratiques qui ont pris le pays en otage. Personnellement, j’ai évolué et pris part à de nombreuses campagnes électorales au sein du RFD, je connais donc l’arène et les acteurs politiques du pays. J’ai été en outre et depuis quelques temps choisi à l’unanimité pour diriger le CAP. Vous conviendrez avec moi que c’est tout-à-la-fois une fierté et un gros challenge. Dieu merci, je peux compter sur une équipe de jeunes cadres très dynamiques, issus de toutes les régions et de toutes ses composantes sociales, préoccupés avant tout par l’avenir de la Mauritanie. Ils sont conscients que ce pays doit changer et ils n’hésitent pas à s’y investir, en apportant leur contribution à un combat d’idées et un jeu démocratique sain. Situé au centre, le CAP ne se gêne pas de critiquer les insuffisances du pouvoir ou d’en apprécier les performances, nous ne sommes pas des nihilistes.

Contrairement aux autres partis, le nôtre ne s’identifie à son président : c’est le parti de tous ses militants, un parti au sein duquel tout est débattu avant la prise de décision finale. Oui, le CAP est différent des autres et c’est ce qui explique, à notre avis, sa dynamique et l’engouement de nouveaux militants qui acceptent de s’engager en politique et de la pratiquer autrement ; ils entendent ainsi répondre à une demande sociale. Enfin et pour répondre à la seconde partie de votre seconde question, je m’en vais tout simplement vous dire que nous allons aux élections dans un esprit serein et optimiste.

Votre parti a participé aux concertations entre le ministère de l’Intérieur et les partis de la majorité et de l’opposition. Que pensez-vous de la mise en œuvre de l’accord entre ces parties ?

– Le CAP a effectivement pris une part active à ces concertations et nous nous réjouissons d’avoir contribué, avec des propositions fortes, à la réussite de ces pourparlers. C’est notre parti, je le rappelle, qui a avancé l’idée d’ériger Nouakchott en trois wilayas avec la proportionnelle. Nous avons fondé cette demande sur le fait que la capitale héberge le tiers de la population du pays et que ses élus doivent présenter un certain niveau de qualité. Nous nous réjouissons de l’adoption de cette proposition.

Notre seconde suggestion était relative au financement des partis politiques. Ce sont, estimons-nous, des acteurs de la vie démocratique porteurs de projets de société et doivent, en conséquence, animer celle-ci en sensibilisant les citoyens. Pour atteindre ces objectifs, l’État doit les aider, il ne doit pas les laisser à la merci des hommes d’affaires, des détenteurs d’argent… C’est pourquoi avons-nous demandé à ce que le financement soit livré en deux tranches : la première avant les élections, pour permettre aux partis de bien se préparer et faire face à certains engagements, et la seconde afin de couvrir les dépenses de campagne et du jour de vote. Un large consensus de l’ensemble des parties s’est dégagé autour de cette proposition. Une commission sera mise en œuvre pour en étudier les modalités pratiques. Ceci précisé, je tiens quand même à saluer la grande disposition dont a fait montre le ministre de l’Intérieur et son équipe dans le travail et la rédaction des documents. Je remercie l’ensemble des participants pour leur contribution.

Mais je ne peux ne pas signaler les premiers couacs apparus dès le début de la mise en œuvre de la feuille de route. Si je ne présume rien des résultats des futures élections, je n’en reste pas moins très sceptique sur le recrute[1]ment du personnel de démembrement de la CENI.

 

– Le recensement à vocation électorale a été lancé depuis bientôt une semaine. Qu’en pensez-vous ?

– Quelques jours après le lancement du RAVEL , nous n’avons toujours pas reçu la carte des sites dans les différentes circonscriptions. Même la période reste entourée de flou. On sent comme une improvisation. – Votre parti a décidé d’aller à la reconquête de la mairie de Rosso. La charge revient à l’ancien président du parti et député de Rosso.

 

– Qu’est-ce qui justifie ce retour ?

– Une demande populaire et insistante des citoyens de Rosso. Sidi a été sur le terrain. Il a constaté de lui-même leur désir et accepté de relever le défi. Je tiens à vous rappeler que lors des élections de 2013, Sidi Diarra avait battu, haut la main, les candidats du parti au pouvoir, malgré la pression du gouvernement et de son administration. Durant son mandat, il a également déployé d’énormes efforts pour faire de Rosso une ville moderne. Il mit à la disposition de la mairie, pour l’assainissement de la ville, des véhicules acquis sur ses fonds propres ; les employés de la commune n’ont jamais accusé le moindre retard de salaires, alors qu’aujourd’hui, ils en cumulent deux, voire trois mois. Nous sommes convaincus que l’ex-député maire est la personne la mieux indiquée pour relever le challenge à Rosso, une ville à laquelle il est très attaché ; et nous ne sommes pas les seuls à faire cette lecture.

 

– Le CAP envisage-t-il de nouer des alliances avec certains partis politiques de la majorité ou de l’opposition ?

– Comme je l’ai dit tantôt, le CAP est un parti centriste, il appartient à la mouvance présidentielle mais privilégie des concertations en son sein. Il va participer aux prochaines élections pour faire connaître le projet politique dont il est porteur pour le pays et c’est aussi l’occasion, comme je l’ai également déjà dit, de jauger ses forces sur le terrain, à travers les hommes qu’il va présenter. Nous travaillons à arrêter des choix judicieux, à travers des débats parfois houleux mais toujours fructueux ; chacun est libre de candidater et de fonder sa décision. Le parti tranchera à travers des critères objectifs. Relativement au second volet de votre question, je tiens à dire que nous nous préparons à assumer nos responsabilités et à jouer pleinement notre partition, en occupant le terrain que certains partis sont en train de perdre depuis quelque temps. Vous avez eu à le constater vous-même. Le CAP attire par son programme et par la qualité de ses cadres : plus de vingt docteurs et professeurs du Supérieur de haut niveau dans ses escarcelles et l’affluence n’est pas près de s’arrêter. Ces jeunes cadres étaient dépités par la manière de faire de la politique chez nous, ils ont trouvé en notre parti une charpente appropriée, pour ne pas dire idéale, pour s’engager et participer sainement à l’édification de leur pays. Les cadres de notre parti sont tous animés par la fibre patriotique de servir la Mauritanie, non de s’en servir pour assouvir des ambitions égoïstes. Les Mauritaniens peuvent compter sur eux.

PROPOS RECUEILLIS PAR DALAY LAM

Source: Le Calame