Abdelkader ould Mohamed : Le pari sur l’Etat de Droit passe par la compétence…

Abdelkader ould Mohamed : Le pari sur l’Etat de Droit passe par la compétence...

Adrar Info – Il y’a un peu plus d’une année, rares étaient ceux qui au sein de « la majorité » politique laquelle, au fond, n’en est pas une, croyaient à une réelle alternance au sommet du pouvoir.

A des exceptions près, tout ce beau monde qui soutenait, ouvertement le régime en place et dont une grande partie a acquis ses lettres de noblesse en soutenant les anciens régimes, rivalisait, par pragmatisme, dans la résignation au spectre du troisième mandat ou tremblait sec à l’idée d’évoquer un inéluctable vrai changement.

Il serait, peut-être, inutile de rappeler, au vu des expériences du passé omniprésent, que miser, pour des impératifs de circonstance, sur ce ce bloc girouette qui continue d’être, en apparence, le support de l’actuel gouvernement et, par conséquent, le gage de sa stabilité politique, n’est pas de nature à favoriser le pari sur l’Etat de Droit.

Il est vrai que les régimes qui se sont succédés depuis juillet 1978 ont copié, à des fins d’embrigadement de masse, le modèle du parti unique en l’habillant depuis 1991, tant bien que mal , par le prêt à porter démocratique .

Il est vrai, aussi, que l’ armée reste, qu’on le veuille ou non, la principale force organisée sur laquelle repose au-delà de la stabilité des pouvoirs en place, celle du pays et de sa sécurité.

Mais le pari sur l’Etat de droit qui a été consolidé par l’échec de la tentative du troisième mandat implique, forcément, un nouveau regard tourné vers la compétence laquelle suppose une distanciation avec les deux leviers classiques de la stabilité du pouvoir en place.

En effet, il est désormais clair que, d’une part, la pratique du parti-Etat est, de plus en plus perçue par l’opinion publique comme étant un carnaval de saison destiné à amuser la galerie.

D’autre part, l’armée est appelée, dans la perspective de la consolidation de l’État de droit, à se professionnaliser en s’élevant davantage au-dessus de la mêlée politique.

C’est dans cette optique du souhaitable pour le pays, que la compétence du gouvernement , en tant que véritable garantie, pour renforcer l’État de Droit, est vivement sollicitée.

Et c’est dans cet état d’ esprit, que la nature du « gouvernement des compétences » devrait être appréciée.

Il est, certes, prématuré voir, quelque part, injuste de prétendre pouvoir évaluer, correctement, l’action de l’actuel gouvernement. Mais je crois, qu’au bout de cette première année qui s’achève, perturbée, il est vrai par l’état d’urgence sanitaire consécutif au Coronavirus, il est bien permis de se faire, sur la base de certains critères objectifs, une idée de la compétence prétendue.

Dans ce sens,

– Un gouvernement de compétences se doit de se fixer, sans délais raisonnables, des actions précises, réalisables et, facilement, identifiables pour pouvoir, à tout moment, répondre au questions légitimes du genre : qu’est-ce que vous avez fait ? Comment vous l’avez fait ? A quel prix ? et dans quelles conditions ?

– Un gouvernement de compétences doit, scrupuleusement, aplliquer les textes législatifs et réglementaires en vigueur ou, au besoin, les modifier et, dans les tous cas, faire de sorte à ce que son action soit inscrite dans la légalité.

– Un gouvernement de compétences se doit d’être en mesure d’évaluer, correctement, les ressources humaines dont il dispose au sein de l’Administration publique.

– Un gouvernement de compétences ne peut pas pas se faire leurrer par des médiocres qui ont maquillé leurs CV par des faux diplômes ou des fausses données.

– Un gouvernement de compétences doit être capable de distinguer entre ceux qui ont des qualités de véritables commis de l’État et ceux qui ont été commis dans l’administration par erreur, ou par mépris.

– Un gouvernement de compétences doit savoir reconnaître, facilement, les gestionnaires qui font des résultats et les rustres qui ne savent que raconter du blabla …

– Un gouvernement de compétences doit pratiquer la chasse aux cerveaux et doit chercher à profiter, intelligemment, de l’expérience et des défaillances de ceux qui ont gouverné avant lui.

– Un gouvernement de compétences se doit de veiller à ce que ses instructions soient bien rédigées et à ce que ses documents relatifs aux sensibles affaires de l’État soient entourés de la confidentialité qui inspire le respect.

– Un gouvernement de compétences se doit de faire respecter, par la conduite de ses membres et de ses agents , la grandeur de l’État..

Il reste , maintenant, à chacun de vous, chers lecteurs, de faire son appréciation de l’actuel gouvernement sur la base des critères ci-dessus énumérés.

Pour ma part, j’en ai une mais elle sest soumise au fameux devoir de réserve.

Abdelkader ould Mohamed