Comme disait Faulknner : « Le passé n’est jamais passé, il n’est même jamais passé ».
Rentrant de chez moi d’un court séjour de la localité de Hil Youssouf, habitée par l’une des rares familles de Likteïbatt de l’Emirat de Ould Rizg rescapée de la barbarie Ely Chanthorinne et ses alliances après la bataille de Titam de 1630 ; loin de faire l’apologie de la famille encore moins de la tribu, dont je suis contre par principe, mais juste là une précision pour bien planter le décor.
Lieu paradisiaque situé entre Beguemune et Oumel Khoura (des bleds de Réwo) ; mais aussi à vol d’oiseau de Tékane, là où les germes de mes connaissances furent semées voilà il y’a plus de 30 ans par le père et l’érudit Dembe Diagrave que nous, ses enfants d’alors nous l’appelons avec respect, émotion et considération Baye Demb ( paix à son âme) ; ce père a beaucoup façonné ma vie d’écolier, d’étudiant et de majeur aujourd’hui.
J’ai dans l’esprit encore comme s’était hier, le père Bay Demb dans sa modeste classe de banco, zinc perforé par un soleil sans clémence reflétant des abysses murales nous servant nous les petits talibés des points d’horloges, sachant que les montres à l’époque étaient un luxe faisant défaut ;
Drapé dans ses habits bien entretenus, avec son bonnet cousu en laine blanche assis sur son bureau devant ses tous petits écoliers que nous sommes chacun munis d’un modeste matériel didactique (ardoise, cahier, craie et bâtonnets) ; nous enseignant les rudiments de la vie et nous inculquant les bonnes vertus.
En ces moments-ci qu’il me soi permit de lui rendre un vibrant hommage, lui tirant mon chapeau, et lui ôtant mon turban ; que la terre lui soit fragile amen, je ferme la parenthèse.
Réwo, est une zone magnifiquement angélique allant de Gani passant par beaucoup d’endroits dont exhaustivement (goueni, Bathanne, Arraghanne, lkiraan, Bimami, Eréthe, Mousleyman, Liich, Boq-boq, Limleygue , Mengue que chantait le poète Aïdien lorsqu’il disait : « Livaja li aïni chergte ilê Gorgol we hajelt goueni, wmengue we kraa thale- ce qui m’a fait mal à l’œil je suis allé au gorgol, je me suis rappelé de mengue, gouenni et kraa thale- ») se terminant à Bher Lissaba ou koundi.
Dans ce Réwo se côtoient avec amour une Chamama diamantée entrecoupée de ruisseaux d’eau (Limssayil) vêtue avec fierté de forêts denses d’Acacia Nylotica ( Amour Salaha), de Cylerracea (Siid) de Typha ( Yor) et un Diérri argenté vaniteux avec ses Acacias Radaiana ( Talhe), et Acacias Gomme arabique ( ER RWAR) ; verdoyant en ce début hivernage.
Quelle délectation de contempler cette mosaïque, que le divin procure à ces humbles habitants millénaires qui, nonobstant la dureté de la vie ont transcendé le temps pour maintenir l’existence humaine dans cette espace, jadis grenier du pays.
A Réwo, comme à Dakhle les hratîn vivaient en parfaite communion avec leurs voisins afro-mauritaniens qui depuis l’aube des temps avaient tout en partage, je me rappelle encore l’lorsque mon grand père maternel Maaloum m’amena voir ses amis à Tékane parmi lesquels Hamé Hawe (paix sur leurs âmes), et comment ce dernier me traita avec beaucoup de tendresse et de d’amour ; quels beaux souvenirs ! Ce sont là des moments inoubliables qui en grande partie ont forgé ma personne.
Voir la prochaine séquence du carnet inchallah
Alioune Youssouf dit Maham