A.H.M.E. soutient et défend les Droits des femmes. A ce titre, A.H.M.E dénonce le viol de la jeune Toutou mint Kaber, âgée de 12 ans, par un officier de police judiciaire censé faire appliquer la loi et protéger sa victime.
Cette abomination a été commise dans la ville de Twile (du département de Tintane, Région Hodh El Gharbi). L’accusé est Ahmed Taleb Ould Mocktar Cheikh, un officier de police judiciaire et commandant de brigade. Toutou travaillait au service de l’officier et habitait avec sa famille dans un lieu modeste accolé aux bureaux de la gendarmerie elle-même. Sa mère pensait être en sécurité et vivait en partie de l’apport financier de sa progéniture.
La jeune Toutou a été violée à plusieurs reprises par son employeur. Sachant l’état de grossesse de la fillette, Ahmed Taleb l’a conduite chez un médecin en vue de son avortement. Ce dernier déclina la demande et tint au courant les proches de Toutou mint Kaber.
S’ensuivent plusieurs tentatives d’étouffement de l’affaire par l’officier.
D’abord, il proposa personnellement à la famille 150.000 ouguiyas en échange de leur silence ou d’un faux témoignage. Cette première tentative fut vaine.
Le 11 mai, une délégation envoyée par l’officier a tenté de soudoyer de nouveau la famille. Cette fois, le montant est de 1.000.000 d’ouguiyas.
La famille de Toutou mint Kaber reste inflexible et veut que justice soit rendue. A ce stade, l’officier abandonne les tractations, convaincu que les autorités judiciaires ne donneraient pas raison à la victime.
Le 12 mai, le chef d’arrondissement est informé du viol présumé. Ce dernier rédige une lettre à l’intention du Procureur de la République que la famille de Toutou est chargée de lui remettre. Afin d’empêcher le recours auprès du Procureur, Ahmed Taleb Ould Mocktar Cheikh abuse de son pouvoir et ainsi, emprisonne la famille dans sa propre brigade. Il s’ensuit une série quotidienne de menaces et d’intimidations de Toutou, de sa mère et de son oncle.
En dernier lieu, le violeur (présumé) propose de déplacer la responsabilité du viol sur un hartani de la localité, considérant que l’affaire sera ainsi vite réglée. Là encore, échec de la tentative.
Suite à la saisine du Procureur de la République, l’officier aurait été déféré en prison. Cette situation sera sans doute éphémère : la solidarité maure devrait jouer en la faveur de Ahmed Taleb Ould Mocktar Cheikh.
Cet événement montre l’existence d’un système esclavagiste et raciste qui ne prend ni en considération les plaintes des haratine ni ne les laisse jouir de leurs droits librement. De plus, une solidarité raciale – impliquant société civile et partis politiques de la communauté – fonctionne à chaque fois qu’un maure est mis en cause.
AHME note le silence de l’arène politique mauritanienne et de la société civile : où sont les associations religieuses et civiles de la communauté maure ? Où sont les partis politiques ? L’UFP de Mohamed Ould Maouloud, le RFD de Ahmed Ould Daddah..? Les blogueurs, les progressistes et les intellectuels observent un mutisme inhumain sur un acte condamné par l’Islam.
Les associations et partis politiques des groupes dominés (haratine et négro-mauritaniens) demeurent paralysés par lâcheté et par peur. C’est l’exemple du bourreau qui tue deux fois, il commet le crime et impose le silence.
De fait, le système esclavagiste est un système global qui touche tous les aspects de la vie. L’esclavage est le point culminant du racisme où l’individu est considéré comme un meuble dont on se sert à sa guise. Selon Albert Memmi, «Le racisme est l’exploitation profitable d’une différence », ici la différence réside dans la couleur de peau et du statut lié à l’esclavage. Les esclaves sont noirs et les maures sont soit blancs ou basanés en ce qui concerne l’esclavage arabo-berbère.
Le viol est un crime et son auteur doit être sanctionné pour deux raisons : d’abord pour l’infraction commise et pour son statut de garant de l’application de la loi.
AHME condamne cet acte odieux commis par un officier mauritanien et sollicite un jugement exemplaire à son encontre.
AHME exige de l’Etat mauritanien de faire preuve de plus de transparence et de réactivité face à de tels actes.
AHME appelle les organisations de droits de l’homme à la dénonciation de tels actes ainsi qu’à une prise de conscience sur la condition des femmes victimes de l’esclavage.
Le dimanche 17 mai 2020
Mohamed Yahya Ould CIRE
Président de AHME