“J’ai été frappée, torturée, humiliée”, raconte Habi Mutraba en éclatant dans la prestigieuse revue Courrier International. “J’étais toujours la première levée et la dernière couchée”, poursuit cette femme sans visages, qui apporte une contradiction humaine à la thèse selon laquelle l’esclavage n’existerait plus dans ce pays de 4 millions d’habitants situé entre le Maroc et le Sénégal.
L’hebdomadaire français poursuit son récit poignant et brut de coffrage. “Comme 600 000 de ses compatriotes, cette Mauritanienne a été esclave dès sa naissance. Sa mère ayant été mise enceinte par son “maître”, Habi a été donnée à un parent de celui-ci.
Au fil des colonnes, l’on découvre une pratique qui, si elle n’est pas combattue avec détermination et transparence, va prospérer derrière les dunes et venir, à chaque réunion internationale, ternir l’image d’un pays officiellement doté d’une loi répressive contre cette pratique millénaire.
“Comme la plupart des esclaves mauritaniens, Habi s’occupait du bétail et des travaux ménagers ; c’était elle qui allait chercher de l’eau et préparait les repas. Son maître abusait régulièrement d’elle, la menaçant d’un couteau, et son fils est né d’un de ces viols”.
Apparemment, tout est mis pour maintenir Habi dans la nuit obscure de l’exploitation de l’homme par l’homme. “Aucun de nous n’est allé à l’école”, confie-t-elle dans une interview, “aucun de nous n’avait de papiers d’identité, ni d’acte d’état civil. Je n’ai reçu aucun soutien, personne ne pouvait m’aider. J’étais totalement à la merci de mes maîtres.”
Et Courrier International de conclure son article écrit par Joe Wallen, en ces termes: “Le cas de cette femme n’est pas isolé. Officiellement, la Mauritanie a aboli l’esclavage en 1981 – elle a été le dernier pays du monde à le faire –, mais ce n’est qu’en 2007 qu’une loi l’a érigé en crime.
Source : Les Mauritanies