En effet depuis bientôt 4 ans, sous le vocable soninké Ganbanaaxu (être égaux en Droits et en DIGNITÉ), nous avons subi d’innombrables actes d’intimidations et de provocations venant de tenants extrémistes de l’ancien ordre féodalo-esclavagiste soninké.
En fin d’année 2019, lors du passage de Maître Bouhoubeïni, président de la CNDH à Selibaby, Guidimagha, l’un de nos doyens, monsieur Bakary Camara avait remis un document retraçant les difficultés qu’on a pu rencontrer à cause de notre engagement éveil citoyen et humaniste contre cet esclavage statutaire intracommunautaire qui est foncièrement violent en terme symbolique et social.
Nous sommes stigmatisés et reclus socialement dans la communauté féodale soninké. Par notre présente lettre de plainte et de signalement, nous vous exposons une situation insupportable de manipulation orchestrée par le Maire, monsieur Camara Diadie Gagny et les représentants coutumiers qui défendent l’ancien système féodal.
Cette situation concerne un périmètre communal dans le village destiné à retenir périodiquement du pâturage en prévision de la saison sèche. Comme déjà décrit dans notre document remis à Maître Bouhoubeïni, les provocations de milieux féodalo-esclavagistes avaient conduit à une altercation autour de l’accès à ce périmètre courant du mois de mai 2019, l’affaire avait été portée aux autorités à Ould Yengé et à Selibaby. Avec l’appui du très controversé procureur (souvent complice les féodalités soninkés de la Région) Selibaby, un arrangement à l’amiable avait été trouvé entre nos membres et les représentants coutumiers de l’ancien régime.
Nous avons tenu à cet arrangement jusqu’à tout dernièrement où la partie adverse avec la complicité du Maire exige que nos familles qui refusent les coutumes esclavagistes reviennent à l’ancien système organisationnel d’esclavage statutaire afin de pouvoir bénéficier du périmètre de pâturage. Nous avons répliqué qu’il n’est pas question qu’on se fasse humilié dans l’ancienne organisation sociale discriminatoire et ségrégationniste à notre encontre.
Ces derniers jours, nous avons alerté le chef d’arrondissement de Lehraj. Il est venu à Dafort ce jeudi 18 juin 2020 chez le Maire. Réunis chez le Maire avec les représentants coutumiers de l’autre clan, le chef d’arrondissement a réaffirmé que le périmètre est destiné à tous les citoyens et nous avons répété que nous participons à tous les travaux d’ordre intérêt général dans le village mais nous n’accepterons plus les tâches et les considérations organisationnelles liées aux séquelles sociales de l’esclavage coutumier.
Malgré la mise au point faite par le chef d’arrondissement sur le cas du périmètre pastoral communal censé ouvert à tous les citoyens devant le Maire et ses complices, encore aujourd’hui ils entretiennent toujours un certain flou de chantage et de blocage pour contrer l’adhésion de nos familles pour avoir accès libre comme tout le monde.
La volte-face constatée, nous avons saisi de nouveau le chef d’arrondissement, mais ce dernier préfère entretenir toujours les ambiguïtés sur l’affaire du périmètre, ce qui dénote clairement sa complicité par évidence avec les vues du Maire et ses parents féodaux du village.
Cette situation de tensions perpétuelles a trop duré et nous vous la exposons par cette lettre d’alerte pour passer le message à qui de droit au niveau des hautes autorités publiques. L’alerte sera transmise aux organismes nationaux et internationaux défendant les droits humains.
Communauté Ganbanaaxu de Dafor
Dafor 25 juin 2020
Source : Ganbanaaxu