Election présidentielle 2019: A chacun son candidat (suite)

Election présidentielle 2019: A chacun son candidat (suite) Avant-propos

Je tiens à avertir les pouvoirs publics du danger qui couve surtout à l’approche de l’Election présidentielle de 2019.

Le discours haineux stigmatisant une partie de la population, la vouant aux gémonies, aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays ne doit plus être un argument de campagne. Biram Dah Abeid et ses compagnons ont le droit et le devoir de conscientiser les descendants d’esclaves haratines mais également les esclaves traditionnels en milieu négro-mauritanien.

Car pour l’Histoire,ce sont les roitelets noirs qui vendaient leurs proches aux blancs, aux beidanes, suite aux nombreuses batailles intestines. La stratification de la société maure en nobles, marabouts, griots, forgerons, esclaves, est héritée de la proximité avec le milieu négro-africain, particulièrement du grand empire médiéval du Mali.

J’attire l’attention de Biram, de Samory et consorts à éviter d’être les instruments de la manipulation à caractère épidermique.

Nous avons des preuves que certains négro-mauritaniens poussent les haratines à la faute parce tous noirs, comme certains extrémistes beidanes l’ont fait lors du conflit Sénégal Mauritanie en 1989. Là, la configuration et les données changent et surtout la couleur de la peau n’est point une référence, mais que le résultat d’une pigmentation.

Aussi rien ne peut lier un indien dravidien, un zoulou inkata et un Oulad Mbarek de Kankoussa ou de Mbalal (tous noirs), si ce n’est….l’humanité. La couleur de la peau n’est qu’un slogan universel victimaire, mais aussi atavique, entretenu par des minables complexés qui,dans l’impossibilité de renverser la table avec des idées salvatrice,poussent des innocents à la haine.

J’exhorte ces marchands de l’apocalypse à méditer plutôt la pensée progressiste du grand écrivain nigérian Wolé Soyinka qui disait à propos de la négritude prônée par ses chantres Senghor et l’attachant Aimé Césaire, je cite; « le tigre ne doit pas parler de sa tigritude, il capte sa proie, la tue et la mange  » sans « tambour ni trompette ». Assez ! si Biram et ses acolytes se croient capables d’incendier la Mauritanie, ils se trompent car rien ne séparera les beidanes de leurs frères de sang et de lait haratines,mais aussi de leurs compatriotes peuls,wolofs, soninké,tous victimes des extrémismes.

N.B:

Je suis persuadé en musulman que ma sortie le 1er juillet 1980 de l’EMIA d’Atar et que sur une promotion de 30 officiers, j’ai été le seul à être muté au secteur autonome de Kaédi (SAK), ce qui m’a justement permis de rencontrer au mois de novembre le futur président de Mauritanie Mohamed Ould Abdel Aziz, n’était pas le fruit du hasard,mais revêt plutôt un caractère prédictif.

Ou encore ce principe de causalité qui me permet aujourd’hui de témoigner pour le meilleur,ne tienne qu’à moi. Cependant pour les esprits critiques ou poreux à l’ouverture, adeptes du doute méthodique, c’est juste une opportunité.

Par contre pour les indigents qui empruntent les sentiers raccourcis aboutissant forcément à des conclusions hâtives, parler du président de la république de manière positive n’est ni plus ni moins qu’une flagorne.

Justement ces esprits de critique et insuffisants doivent comprendre une fois pour toute que Seul Allah donne, ordonne, fait, défait; sûrement par l’intermédiaire d’autres mortels comme vous et moi. C’est pourquoi d’ailleurs la subjectivité du fait historique qu’il soit relaté par un griot ou un génie scientifique, dénie à l’Histoire sa prétention de vouloir s’ériger en science exacte.

Les « récits des événements du passé  » peu ou pas du tout étoffés du nouvel esprit scientifique, dépendent en définitive de la seule légitimité « objective » du narrateur,qui selon Fénelon  » ne doit être d’aucun temps ni d’aucun pays ».

Ce dernier peut-être contredit alors par ses contemporains témoins des mêmes événements, si toutefois ils ne les voyaient pas sous le même critère objectif que lui. Le plaisir est donc pour moi, de mon vivant, de provoquer cette manifestation contradictoire, d’autant que personne n’a le monopole de la Vérité. Alors à vos plumes chers compatriotes. Sans rancune.

Cependant on ne peut rien contre ce qui va advenir.Et dans le cas précis du président Aziz on aura tout fait pour lui barrer la route et à chaque fois,le destin le propulse vers l’avant,en tout cas jusqu’à ce jour. Va-t-il revenir après 2019, quand les circonstances le lui permettront ou que la situation du pays l’aura exigé? Une chose est sûre, la chance sourit souvent aux audacieux, mais également toute entreprise humaine a une fin et que l’espèce humaine est plus portée sur le discours eschatologique ou la fin du monde que sa genèse.

D’un point de vue ontologique et pour nous musulmans, l’essence précède l’existence,contrairement à la vision matérialiste largement partagée d’ailleurs du philosophe existentialiste athée J.P Sartre. Justement parlons un peu de l’itinéraire « déterministe » d’Ould Abdel Aziz qui voulait simplement couronner une belle carrière d’officier avant d’être propulsé au devant de la scène nationale et internationale. C’était son destin,contre lequel les oppositions ne pouvaient rien. N’est-ce pas?

C/ Le choix prémonitoire du lieutenant Ghazwani

A sa sortie de Meknès en 1980, Aziz devrait travailler à Tijikjat quelques deux mois,ensuite à Kaédi,effectué un stage du matériel en Algérie(1981-82). Le mois de décembre 1984 il devient l’aide de camp de Maawiya,au pouvoir depuis le 12-12 de la même année. Mais auparavant de 1980 à 1984, sous Ould Haidalla, le lieutenant Aziz n’a eu que des inimitiés sans raison, au SAK d’abord (1980-81), à l’Etat-Major National (1982-84), surtout de la part de l’adjoint du chef , commandant d’Armes de la place.

En cette période le lieutenant Ghazwani était à Bir Moghreîn, à la 2ème région militaire. J’ai vu pour la première fois le lieutenant Ghazwani en 1984 au sous-groupement 41 à Fdeîrik où il était muté comme commandant d’unité juste pour quelque temps avant de rejoindre le BCS à Nouakchott. J’ai le souvenir d’un officier agréable, respectueux, méticuleux dans le travail de l’unité qu’il commande.

En 1986-1987, les lieutenants Aziz et Ghazwani partent à l’EMIA faire leur cours de capitaine.A l’époque, j’étais moi-même lieutenant,commandant d’une brigade d’élèves-officiers de première année à l’EMIA d’Atar. Là, ils rencontrent beaucoup de leurs actuels frères d’Armes tels les généraux Mesgharou Ould Sidi cdt de la Garde Nationale, Mohamed Cheikh dit Bourour,actuel chef d’Etat-Major National. En 1987 une tentative de coup d’Etat contre Maawiya est déjouée.

En 1989 des incidents éclatent entre le Sénégal et la Mauritanie.Et Maawiya jusque là sécurisé par les différents corps (gendarmerie, police, garde) décide de créer son propre bataillon de sécurité. Ainsi la création et la constitution du fameux Basep ont été confiées à son aide de camp, le capitaine Mohamed Ould Abdel Aziz.

Ce dernier a aussitôt proposé son jeune le capitaine Ghazwani comme aide de camp de retour de formation en Irak pour ensuite être le chef du bataillon blindé (BB), un don de Saddam Husseîn. Le duo a eu le réflexe de ne jamais trempé dans les exactions de militaires négro-mauritaniens.Voilà un binôme autonome réfractaire à tout esprit de pression. Car en ce moment,beaucoup de jeunes officiers ont été « piégés », poussés à la faute,de crainte de ne subir eux-mêmes le courroux de leurs chefs,en ne torturant pas.

Ainsi on se demande encore quelle est l’origine du choix qu’Aziz a porté sur Ghazwani parmi des dizaines d’officiers qu’il a connus dans sa vie d’officier….si ce n’est celui d’un destin commun. Quant à Cheikh Ould Bayé, exerçant à la Marine Nationale, il était l’un des rares officiers à défier constamment le tout puissant Directeur de la Marine, à la fois proche et cousin du président Maawiya.

De telle sorte qu’il était marginalisé jusqu’à la tentative du 8 juin 2003 où le colonel Cheikh Ould Bayé est sorti du bois. Ayant désarmé deux petits touristes de lieutenants se disant putschistes, en jouant plutôt le rôle de Dupond et Dupont, et avec la bénédiction du commandant du Basep, l’un des héros du 8 juin,le colonel Cheikh Ould Bayé est monté par l’étrier.

Je n’ai jamais rencontré cet officier durant le quart de siècle (Al Hamdoulillah) que j’ai passé dans l’Armée(1979-2004). Il paraît qu’il était(j’emploie l’imparfait qui exprime le passé et une possibilité d’action dans le futur car il faut attendre tout des politiques) un homme véridique,naturel, sans fard, généreux.

Cependant,en voulant justifier ses revenus,notre député a été victime de son traditionnel franc-parler. Même aux pays du libéralisme à outrance, les riches se cachent pour vivre, ne pouvant pas exposer leurs capitaux de crainte de heurter, voire d’agresser la sensibilité de leurs concitoyens. Leçon retenue.

En 1990-1991,un climat délétère traverse les casernes mauritaniennes,au gré du différend entre la Mauritanie et le Sénégal, d’une part et d’autre part la chute du mûr de Berlin qui a attisé le vent de la démocratisation qui souffle désormais sur le continent africain. En Mars 1991,le pouvoir malien tombe aux mains du chef de la sécurité présidentielle ATT, avec le concours de l’aide de camp du président Moussa Traoré,le colonel Nourou Diallo.

Panique à Noukchott chez les proches du président Maawiya, mais surtout chez les officiers cousins du boss.Ces derniers voulaient que Ould Abdel Aziz qui ne se pliait pas à leurs injonctions, ne jouait pas leur jeu, quittât le Basep. Des hommes d’affaires pas des moindres ont joué les catalyseurs afin d’éloigner le capitaine Ould Abdel Aziz du Basep.

Très sincèrement à ces moments précis, Aziz ne pensait qu’à faire vivre sa famille et servir son pays en honnête officier. La vengeance viendra-t-elle après?. Pas dans l’immédiat,mais quinze ans après les circonstances l’ont permise. Nous y reviendrons inchallah la semaine prochaine.

Toujours est-il qu’on fît appel au colonel Moulaye Ould Boukhreiss comme chef d’Etat-Major National pour remplacer feu le colonel Ahmed Ould Minnih..Moulaye déteste Ould Abdel Aziz, croyez-moi de manière gratuite. L’on se demande d’ailleurs comment Aziz a pu tenir deux ans chef du BCS, sous les ordres de Moulaye, avant d’aller faire son corps d’Etat-Major au Maroc en 1993.

Il y a des méchancetés qu’il n’est point nécessaire de relater ici. Ironie du sort c’est le même Moulaye qu’on a vu maintes fois vouloir se frayer un chemin sur le tarmac de l’aéroport de Zouératt pour immortaliser une poignée de main avec le président Mohamed Ould Abdel Aziz!!!

Après Moulaye comme chef,on pensa à feu le colonel Mohamed Ould Abdi comme aide de camp, fidèle en amitié, fidèle à toute mission qu’on lui confie. La preuve,le 8 juin 2003 le colonel Mohamed Ould Abdi a été le premier à se rendre au palais juste après le coup de téléphone de Maawiya,quelques minutes avant l’entrée des chars du BB dans l’enceinte de la présidence.

Feu le colonel Mohamed était un ami sincère à Mohamed Ould Abdel Aziz. Ils se sont connus au printemps de l’année 1980 à la 4éme Région Militaire de Tijikjat et après la dissolution de cette région militaire,les deux officiers se retrouvèrent à Kaédi. Depuis ils sont restés amis se respectant mutuellement.

C’est ainsi que le capitaine Mohamed Mahmoud Ould Eyoub dit Kopa (un ami grâce au foot-ball)depuis 1982 à l’EMIA) qui a été muté comme adjoint au Basep, en prit définitivement le commandement en 1991,avec le soutien des hommes d’affaires proches de Maawiya. Le capitaine Ghazwani, chef du BB est désormais flanqué du capitaine Sidahmed Ould Taya comme adjoint,un excellent officier, de bonne moralité, victime souvent du délit de parenté d’avec Maawiya

D/ Les portes se referment

.A son retour du cours d’Etat-Major du Maroc (1993-1994) toutes les portes se ferment devant le commandant Aziz. Son caractère fera le reste. Car Aziz pour ceux qui ne le connaissent pas bien ne viendra jamais quémander,supplier pour obtenir quelque faveur que ce soit.

Si par exemple son véhicule est ensablé devant un village ou un campement en pleine brousse, il n’ira jamais chercher de l’aide. Il épuisera toutes les possibilités mentales et physiques pour s’en sortir sans l’aide de quelqu’un. Débonnaire, altier il l’est, on le croit cassant, distant mais c’est juste un état d’esprit.

Il n’est efficace que dans l’adversité,autant l’adversaire est puissant autant Aziz se sent confiant. Les critiques,les insultes, le « chemtt, il n’en a que foutre. Nous l’avons tous insulté, critiqué, même sa majorité l’attaque dans son dos,mais l’homme est tenace, inflexible, ne déviant jamais de son chemin.

La preuve de 2009 à 2018, il a aplati tous ses adversaires pourtant coriaces le plus souvent.. Lui et Ghazwani de caractères un peu différents se complètent, le second lui concédant le droit d’aînesse. Ne dit-on pas en électricité que deux charges contraires s’attirent?

Dès son retour de stage et pour le « caser » il est muté à la 6éme Région militaire comme officier en second. Une double peine car la région était commandée par un colonel natif d’Aioun, proche du chef d’Etat-Major National Boukhreiss.

Le deuxième supplice c’est que l’adjoint opérationnel du temps de Maawiya dans une région militaire était juste assis dans un « large fauteuil confortablement bourré », avec d’aussi insignifiantes prérogatives. Des mamelles d’ânon dit-on en vieil adage maure.

Malgré la connaissance de beaucoup de dignitaires, Aziz victime de son idiosyncrasie,ne poussera aucune porte pour savoir l’alibi de son isolement. Pour le moment ses détracteurs ont le vent en poupe. Mais Ghazwani est toujours le même, Cheikh Ould Bayé aussi.

Il y a la pratique sportive pour éliminer et les frustrations et les toxines ,attendre le moment opportun pour rebondir, c’est la « devise des hommes » prédestinés à jouer un rôle capital.Une kyrielle d’hommes d’affaires florissants, d’officiers en vue, d’intellectuels clanistes ont éloigné Ould Abdel Aziz du sérail de longues années durant. Mais le destin a voulu autrement,après une longue traversée du désert qui va durer sept ans comme la légende du wagadou de Koumbi Saleh,

E/ De 1993-2000: Le retour du futur président

Suite inchallah la semaine prochaine. Bonne année 2019 à tous mauritaniens .

Ely Ould Krombelé