Election présidentielle de 2019:A chacun son candidat (3éme épisode)

Election présidentielle de 2019:A chacun son candidat (3éme épisode) NB: Certains de mes proches mais également des amis s’offusquent du traitement abject dont je suis victime de la part d’anonymes commentateurs, particulièrement sur le portail du site cridem, et se demandent le pourquoi de cette « sublime ignominie », même si je venais d’écrire Allah Ekbar !!!.

C’est que le mot « pourquoi » est un adverbe interrogatif suscitant souvent des questions dogmatiques qui nous transcendent. Aux questions dogmatiques,il est impossible d’apporter une réponse appropriée, parce que se situant au-delà de l’entendement des pauvres créatures immanentes que nous sommes.. Autrement Seul Allah,le démiurge de l’univers connait surtout le pourquoi de la méchanceté des humains à l’égard de leurs semblables.

Cependant à la question rationnelle, chronologiquement ordonnée,matériellement harmonique du « comment » tout cela est arrivé, je saurais répondre. En effet le mois d’octobre 1990, à la 1ére région militaire de Nouadhibou, au PK 55, j’avais dit lors des douloureux événements, que chaque militaire blanc ou noir,grand ou petit avait son arme de type kalachnikov et sa dotation de trois unités de feu,à savoir 200 x 3= 600 cartouches.

D’ailleurs le contraire aurait été absurde que de prépositionner des combattants désarmés sur les premières lignes de front,quand de nos positions, on voyait distinctement le bivouac des unités avancées marocaines? Ceci était valable pour toutes les unités militaires établies sur tout le territoire national,surtout au nord face au Maroc et au Sud face au Sénégal, car la tension issue des événements de 1989 persistait encore. Depuis ce jour j’ai signé l’arrêté de mon lynchage médiatique.

On a toujours voulu me faire comprendre que toute vérité n’était pas bonne à dire,mais on oublie souvent d’ajouter que le mensonge aussi est haram. Pour cela, si mes écrits empêchent la concrétisation d’une transposition de la geste épique de militaires négro-mauritaniens, désarmés d’abord ensuite torturés souvent à mort, je suis désolé d’être à l’origine de la constriction à cette épopée.

Mais il est à noter également que ce pan lugubre et peu glorieux de notre Histoire ne grandit en rien ceux qui ont torturé des hommes qui n’étaient plus en état de nuire, donc inoffensifs et sans défense. Moi, on m’a poussé à la faute, j’ai refusé. Je n’ai reçu ni médaille pour cela encore moins une compassion qui devrait au moins venir de l’autre camp.

Si,d’une part j’ai passé douze ans au seul grade de lieutenant,soit la moitié de ma carrière dans l’Armée , alors de l’autre, c’est un peu trop me demander de mentir pour quelle que cause que ce soit. Revenons à nos moutons.

E/:1993-2000:Le retour du futur président

Si parmi une constellation d’officiers chacun aspirant à remplacer le colonel Eyoub à la tête du Basep, le président Maawiya n’avait pas mis une croix devant le nom du colonel Mohamed Ould Abdel Aziz, nous n’en serions probablement pas là aujourd’hui à parler de lui.

Au-delà de la destinée,le choix d’Ould Abdel Aziz un jour de l’été 2000 pour reprendre le commandement du Basep, était pertinent et avait la faveur de feu le colonel Mohamed Ould Abdi, aide de camp de Maawiya et du puissant Dircab le docteur Louleid Ould Wedad, car les éléments du Basep ont poussé leur zèle jusqu’à contrôler les malles arrières de voitures de ministres qui entrent à la présidence, sans l’avis préalable du président, pour ne citer que cette peccadille.

Les sept ans que le colonel Eyoud a passés au Basep équivalent au temps que le colonel Aziz a mis à profit pour se remettre en cause, prendre du recul, à courir tous les jours, (le sport étant indispensable à un esprit sain dans un corps sain)à lire, à se recycler etc… après un long moment de déréliction.

A sa prise des consignes du Basep, des « amis » qu’il avait commencé à oublier lui téléphonent pour le féliciter,qui pour vouloir lui rendre visite. Cet exercice peu recommandable de l’ingratitude est fréquent chez nous les Mauritaniens, de là il en a tiré des leçons.

Aziz n’a pas fini de rénover son bataillon que le 8 juin 2003, jour de la tentative de coup d’Etat contre Maawiya par les cavaliers du changement arrivait. Très sincèrement on s’attendait à tout sauf à une déstabilisation du régime, car on croyait tout verrouillé, cependant que les services de renseignements n’ont rien vu venir.

Force est de constater que malgré la mauvaise prestation des troupes loyalistes,et en dehors du courage et de la témérité de certains putschistes tous grades confondus,seuls les rôles joués par le Basep et la Garde Nationale de par la « bunkerisation » du président Maawiya et son aide de camp, le colonel Mohamed Ould Abdi, réfugiés dans le bureau du général Mesgharou,ont pu être appréciés comme héroïques par l’opinion publique de manière générale,en plus de la mort du colonel Ndeyane et du capitaine Oudaa du basep..

Ce jour du 8 juin 2003 où des officiers supérieurs confondaient des fusils kalachnikov avec des baguettes de pain,où les plus gros ont couru 400 m en 10 secondes voire,escalader des murs de deux mètres de hauteur sans se faire aider des mains ou encore s’exerçant à jouer au passe-muraille entre l’enceinte de l’Etat-Major et le camp des mariés en voulant se faufiler par des trous à rat…;ce jour là était également le début de la fin du pouvoir de Maawiya.

F/La fissure se précise

Maawiya n’en revenait pas car depuis l’action des cavaliers du changement, l’homme a perdu de sa crédibilité; même sa petite famille intervenait désormais dans les décisions régaliennes. Or le président L.S Senghor a dit que l’ennemi du politicien c’est d’abord sa famille, même si souvent derrière chaque homme fort, dit-on il y a une femme. Mais on oublie que tout se joue dans les casernes.

Ainsi à la mort du colonel Ndeyane, il est remplacé par le colonel d’artillerie El Hadi Ould Sedigh. Ce qui fît un grand tollé chez ses camarades de promotion,dont certains ont tout fait pour le discréditer en usant même du canal matrimonial à la présidence. L’Armée était en déconfiture, Maawiya était devenu comme une marionnette,ne faisant que crier,invectiver, lui jadis si calme et posé.

Et pour ne rien arranger les terroristes islamistes faisaient leur apparition en Mauritanie. Il fallait gérer cette situation et l’Armée depuis 1985 a été délaissée au profit de l’ajustement structurel et le diktat des institutions de Bretton Woods. L’Arrivée du colonel El Arby Ould Jedeine, adulé par les « faucons » commandants du BCS et du 2éme Bataillon-commando(BC) a accentué la ligne de démarcation entre deux entités désormais distinctes.

Les « faucons » ci-dessus mentionnés et celle des (colombes)à savoir les commandants du Basep,du BB et le nouveau Directeur de la Marine. En effet les « faucons » ont torturé, traîné dans la boue les cavaliers du changement jusqu’au procès de Ouad-Naga.Ces officiers ont été à l’origine de la radiation de dizaines de leurs frères d’Armes compétents mais également innocents pour la plupart.

Les « colombes » à leur tête le colonel Aziz, se contentaient de faire leur travail d’investigation sans zèle ni flagorne. Comme par exemple l’intervention humaniste de Cheikh Ould Bayé, Directeur de la Marine qui a amélioré les conditions pénibles de détention des cavaliers prisonniers de la base-marine..

Ce sont des actes qui ne s’oublient pas,sauf cas d’ingratitude,même pour celui qui n’a fait que son devoir d’officier. Aziz a perçu un début de haine se profiler à son égard comme au commencement des « années 90 ».

L’Histoire peut se répéter, s’il ne venait pas de prendre les devants,aussi Maawiya est devenu poreux à toutes les informations fausses ou crédibles; le dernier à lui avoir rendu compte avait raison. Quant à feu le colonel Ely Ould Mohamed Vall, il était un peu à l’écart des courants de sensibilité qui traversaient l’Armée, l’ayant « quittée » depuis qu’il est à la Direction de la sûreté, voilà bientôt vingt ans.

Pouvait-il en être autrement, quand on n’a pas de troupes combattantes,même si on est Napoléon Bonaparte ou Khaled ibn Welid on ne fait pas le poids. Cependant il était en contact avec des officiers de sa génération tels Ould Jedeine, Abderrahmane Ould Boubacar désormais adjoint au chef d’Etat-Major. N’oublions pas que feu Ely Ould Mohamed Vall est le cousin germain du colonel Aziz.

En Afrique en général,et en Mauritanie particulièrement notre socle socio-culturel basé sur la gérontocratie, tend à empêcher souvent les aînés de voir grandir les cadets, leur refusant le droit à l’émancipation,ou tout simplement le droit à la différence.

Toujours est-il que c’est après le 8 juin 2003, en voyant les tergiversations, les dérives contradictoires de Maawiya et la course vers le pouvoir d’autres officiers à l’Etat-Major National que l’idée de « sauver leur peau » a germé dans l’esprit d’Ould Abdel Aziz et Ghazwani.

Alors personne ne devrait être au courant du projet car il y va de leur vie, même Ely Ould Mohamed Vall ne savait pas. Jusqu’à ce jour, il est difficile de reproduire le film du coup d’Etat du 3 août 2005, les protagonistes étant peu bavards sur ce sujet..

Ghazwani et Aziz savaient qu’il y a d’autres officiers plus anciens qu’eux et qu’il leur sera difficile moralement et par respect pour la hiérarchie, même boiteuse, de vouloir « piétiner » leurs aînés. D’où le choix prépondérant de feu Ely Ould Mohamed Vall, de s’ériger en facilitateur ou trait d’union entre les anciens souvent aigris et leurs cadets qui ont désormais le pouvoir. Ely est respecté du trio Aziz-Ghazwani-Bayé, mais aussi des autres officiers du CMJD.

Après la destitution de Maawiya le 3 août 2005,la transition qui devrait durer deux ans, a été écourtée car le vrai chef en l’occurrence,le colonel Aziz en sifflant la mi-temps. En choisissant Sidi Ould Chef Abdallahi , Aziz s’est trompé d’homme. Espérons que ce ne sera pas le cas en 2019. L’équilibre sera rompu entre Sidi et les généraux,ainsi un autre pan tumultueux de notre Histoire récente peut commencer.

G/De 2008 à 2019 :Un an de négociations et deux mandats

Le 6 août 2008, le président Sidi destitue trois généraux Aziz, Ghazwani, Félix Négri et part dormir…Ce jour comme d’habitude je me dirige au siège du Calame tôt le matin n’étant au courant de rien.C’est en cours de route,au niveau de la Garde qu’un sportif habitué du stade me dit en ces mots: « Le cheibani a eu raison des généraux,il les a mis au placard ».
Au début, je n’avais pas bien compris avant d’arriver au Calame où je trouve Ahmed,Seck Amadou et un certain Ould Hormetallah en train de correspondre déjà avec une radio étrangère en Arabe. Aussitôt on me dit » Al jezira a diffusé que tôt le matin un commando a surgi pour ligoter les officiers-généraux, et que s’en était fini pour eux ».
Depuis qu’on m’a parlé de cordes j’ai compris que tout cela était justement…mal ficelé et quel commando d’ailleurs, il faut des hommes de poigne pour agir ainsi et Aziz vivant n’acceptera pas l’humiliation.. Avant de finir ma phrase,je compose le numéro fixe du bureau du chef d’Etat-Major particulier à savoir Aziz lui-même.Au bout du fil: « allô mon général… »oui Ely « ...c’est quoi cette nouvelle….. « comme tu l’a entendue »…. »et tu vas accepter? »… ».

Ely je n’ai pas le temps de discuter « ; en effet du combiné j’entendais d’autres téléphones sonner en continu,on dirait une plate-forme. L’assistance au Calame est restée bouche bée, comment un homme ligoté pourrait-il disposer de son téléphone fixe à bon escient ?. A connaître Aziz,je savais qu’il n’accepterait jamais d’être humilié de la sorte surtout en tant qu’officier le plus ancien dans le grade le plus élevé.

A sa place j’aurais réagi de la même façon, plutôt la mort que la honte.!!! Durant une année l’opposition et le pouvoir se regardaient en chiens de faïence, cependant on peut noter des épisodes chauds jusqu’aux fameux accords de Dakar. En 2009 Aziz a gagné l’élection présidentielle,ensuite il a été réélu en 2014.

En 2019, il est prévu une présidentielle à laquelle il dit ne pas être candidat. Alors qui va-t-il choisir comme dauphin,la question est sur toutes les lèvres.? Moi j’ai fait mon choix que je crois utile pour la stabilité socio-politico-économique de mon pays.

H/En toute chose il faut considérer la fin

Si Aziz voulait briguer un troisième mandat, il aurait préparé en amont les conditions idoines depuis deux ou trois ans auparavant, en vue de concrétiser son projet. Rien ne pouvait l’en empêcher matériellement, en dehors de quelques condamnations ponctuelles de l’opposition, et probablement d’une partie de l’opinion nationale et internationale, qu’il saura vite étouffer..

Mais Aziz a déjà tout prévu. Ceux qui s’attendent aux agissements d’un militaire « borné », avide de « pouvoir et d’argent » au point de ne plus raisonner,en répondront de leur imagination vagabonde.

L’opposition malmenée,mal préparée, aplatie, exsangue de dix ans de confrontation,incapable de rebondir, serait bien heureuse de voir Aziz tripatouiller la constitution afin qu’elle (l’opposition) puisse avoir un alibi de sursaut. et une légitimité circonstancielle.. Mais les mécanismes de ce piège à souris ne mordront pas. Alors comment et pour quelles raisons Aziz voudrait-il jouer l’alternance en 2019?

La suite et fin la semaine prochaine inchallah.

Ely Ould Krombelé, Paris, France