Le changement : une nécessité

Le vacarme politique ambiant est un outil de diversion très peu ingénieux pour détourner l’opinion de son aspiration profonde à un changement de système et l’espérance d’un avenir meilleur.

Il faut d’emblée réitérer qu’il n’y a pas de démocratie sans alternance, avec un engagement sincère à respecter l’avis majoritaire libre et éclairé des citoyens de notre pays et trois convictions profondes :

1-Le changement ne peut pas venir d’un système, décrié, autocratique et qui a démontré son incapacité rédhibitoire et durable à être au service des citoyens et instituer l’intérêt collectif au centre de ces préoccupations. Le rendement médiocre des exécutifs successifs en est un indicateur formel.

2- Il ne peut pas venir, non plus, des instruments de gestion des privilèges et la recherche de statu quo, bien rodés mis en place par le système.

3-  Et bien évidemment, il ne peut pas venir ni des partis sous le contrôle du système, ni des partis d’opposition qui n’ont pour certains servi qu’à légitimer les transgressions majeures, antidémocratiques et inacceptables du système.

Les multiples élections plurielles ont démontré depuis 1991 qu’elles sont inéluctablement et définitivement sous le contrôle du pouvoir en place, ne constituant en aucune manière une perspective de changement pacifique et apaisé, ni la réalisation de scrutins sincères reflétant la volonté des électeurs.

La question pendante est comment impulser le changement et maintenant, et sur quels instruments ou boites à outils démocratiques s’appuyer pour disloquer toutes les stratégies des blocs hégémoniques et concentriques de confiscation du pouvoir.

La nation étant un héritage sacré, il relève de la responsabilité collective non pas d’être des observateurs mais des acteurs de changements dans le cadre de cercles citoyens agissants, basés sur la citoyenneté et l’élargissement de l’espace de celle –ci.

Mettre en œuvre des instruments de travail politique innovants, inducteurs d’une pertinente et cohérente organisation de l’engagement pour le changement.

L’analyse de la dynamique de notre population dont 44% selon le dernier recensement général de la population et de l’habitat (2013) est constitué de jeunes de moins de 24 ans et l’éclosion des nouveaux outils de la technologie de l’information et la communication, la maitrise ces jeunes des réseaux sociaux offre une opportunité nouvelle de faire la politique autrement et susciter des adhésions massives sur des préoccupations communes et prioritaires :

  • L’accès aux services sociaux de base pour tous les citoyens, aucun citoyen ne doit être laissé dans l’ornière de la misère ou l’injustice.
  • La gouvernance démocratique : La lassitude des citoyens et leur défiance des politiques sont patentes et incrustées avec des taux d’abstention effectifs préoccupants.
  • La gouvernance économique : le quasimonopole insolent d’une oligarchie des richesses du pays est une menace grave pour la stabilité et la cohésion sociale. La banalisation de la corruption et le nivellement par le bas des opérateurs économiques, l’opacité de l’environnement des affaires, l’intrusion permanente de l’exécutif visant la soumission de la justice constituent des voyants rouges de déclin, déliquescence et effondrement de notre pays qui ne tient plus que par les fondements solides légués par les pères fondateurs de la nation.
  • Un simple scanning de l’environnement sociopolitique du pays disqualifie sans contestation possible tous les prétendants déjà annoncés en claironnant sur tous les toits.
  • La présidentielle doit être la rencontre d’un homme nouveau porteur d’espérance et soucieux du bienêtre collectif des citoyens sans discrimination avec un peuple humilié par des décennies de spoliation, de détournements des biens publics, de népotisme et la liste ne saurait être exhaustive.
  • Un homme éclairé : car un guide mal éclairé fait plus de dégâts à son pays que toutes les catastrophes naturelles réunies.
  • Un candidat bâtisseur à l’écoute des citoyens disposant d’une vision de développement durable, l’amélioration de la résiliation des populations, avec la promotion de la démocratie participative et l’institution devenant constitutionnelle de la possibilité de contrôle citoyen.
  • Soucieux d’éradiquer la pauvreté extrême : en définissant un seuil de pauvreté qui serait un droit opposable face à un Etat obligataire de droit et tenu d’assurer la dignité et le respect des droits des populations les plus vulnérables (solarisation gratuite des enfants, abris décents, accès aux vivres, santé et protection).

Au vacarme puéril et les effets de manches doit se substituer le débat serein et sincère d’idées.

Les têtes d’affiches déjà auto-proclamées doivent par décence s’éclipser et permettre aux leviers institutionnels de fonctionner normalement et favoriser l’élection d’un homme nouveau capable de diriger et de suivre le train du développement, qui n’attend pas et à l’instar du temps perdu ne se rattrape jamais.

Enfin permettre aux citoyens d’élire librement le Président qui répond le mieux à l’aspiration majoritaire des citoyens car les peuples ont partout et de tout temps démontré qu’ils savaient bien choisir si l’opportunité leur en était offerte. Et c’est là que résident tous les enjeux.

Pr Amar Mohamed Lemine