Afrique : la bombe de la cohabitation éleveurs et agriculteurs

Afrique : la bombe de la cohabitation éleveurs et agriculteursLe massacre des peuls, survenu, samedi dernier, dans le village d’Ogossagou (Mali) avec un bilan de plus de 160 morts, a soulevé encore une fois la problématique de cohabitation entre éleveurs et agriculteurs en Afrique.

L’affrontement entre les éleveurs traditionnels (peuls) et les agriculteurs (appartenant généralement à d’autres ethnies) est devenu monnaie courante dans le continent. L’unité nationale des pays africains s’en trouve fortement affectée par ces conflits ethniques, qui déchirent de plus en plus le continent.

C’est le même constat, éleveurs et agriculteurs s’entretuent au Mali, au Cameroun, en passant par le Niger, le Tchad et j’en passe. Sans oublier, la Mauritanie et le Sénégal qui ont failli en arriver à la guerre en 1989. Une altercation entre agriculteurs sénégalais et éleveurs mauritaniens, à la frontière mauritano-sénégalaise, a provoqué un conflit entre les deux pays.

Le bilan est alarmant, des centaines de personnes tuées, rapatriement de 160 000 Mauritaniens vivant au Sénégal et de 70 000 Sénégalais vivant en Mauritanie. Jamais, la relation mauritano-sénégalaise n’a connu un coup de froid aussi glacial.

Les États africains ont-ils échoué dans la construction de leur nation ?

Les pays africains se sont constitués pour la plupart en Etats après les indépendances.Néanmoins, la problématique de la ‘nation” demeure réellement.Maintenant la question fondamentale est de savoir, est-ce que ces Etats se sont bien préparés à être des nations ? En tout cas, le problème d’unité nationale auquel les pays africains sont confrontés, suscite des interrogations.

Si l’on se réfère à la France, on peut bien parler de nation française car le peuple a eu le temps de se connaitre dans le passé grâce à l’invention de la roue. États ou nations, l’Afrique doit revoir sa copie en ce qui concerne l’intégration des peuples, qui constitue un facteur essentiel au développement. Dans sa dimension qualitative, le développement a impérativement besoin d’une stabilité sociale pour prendre son sentier d’expansion.

À l’heure où les pays africains à travers la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) entendent mettre en place le plus grand marché commun du monde (1,2 milliard de consommateurs et un PIB cumulé de 2500 milliards de dollars), ne serait-il pas temps d’instituer les Etats généraux de la cohabitation?

Ibrahima Junior Dia

Source : Les Mauritanies