Le 9 décembre 2018 – CRIDEM
FONADH – Le soixante dixième anniversaire de la Déclaration Universelle de Droits de l’Homme est une excellente occasion pour tous les responsables et militants des organisations regroupées au sein du FONADH de s’interroger sur la situation des droits humains dans le monde et en Mauritanie.
2018 est une année importante pour les droits de l’homme, célébration de 70e anniversaire de la Déclaration universelle, 25e anniversaire de la Déclaration et du Programme d’action de Vienne ainsi que le 20e anniversaire de la Déclaration des Nations Unies sur les défenseurs des droits de l’homme.
Dans le monde, on observe çà et là des violations graves et massives de droits humains, avec un repli identitaire préjudiciable à la paix et à la concorde dont le monde a besoin. Ce repli identitaire pousse des milliers de personnes innocentes vers un exil forcé, dans des conditions déplorables.
En Mauritanie, on peut remarquer qu’après la chute du régime génocidaire de Maouya Ould Taya, le pays a connu quelques frémissements en faveur des droits humains, avec, entre autres, la loi incriminant l’esclavage, le rapatriement organisé des déportés, etc. Toutefois, ce répit n’a été que de courte durée.
En effet, les violations graves de droits humains ont repris sans discontinuer, depuis une dizaine d’années : la restriction des libertés publiques, les crimes d’esclavage restent quasiment impunis, la question dite du « passif humanitaire » demeure non résolue, des manifestations de militants de droits humains sont réprimées dans le sang, l’enrôlement pour l’acquisition des pièces d’état civil se poursuit dans des formes discriminatoires, les terres de culture font l’objet d’un accaparement offensant, etc.
Aujourd’hui encore, un militant anti esclavagiste, régulièrement élu député à l’assemblée nationale, M. Birame Dah Abeid, croupit en prison, sous le fallacieux prétexte de plainte d’un journaliste. Avant son incarcération, un sénateur était mis en prison et d’autres journalistes et syndicalistes appréhendés, sous des prétextes tout aussi fallacieux.
Les manifestations pacifiques des veuves et orphelins des victimes des exécutions extra judiciaires, à l’occasion du 28 novembre (Kaédi en 2017 et Nouakchott en 2918) sont sévèrement réprimés.
Toutes ces violations de droits humains se déroulent sous les yeux de l’opinion publique internationale, qui est abusée par le déni des autorités mauritaniennes. En effet, ces dernières continuent de nier l’existence de l’esclavage, au même moment où elles mettent en place des tribunaux spéciaux chargés de juger les personnes accusées d’esclavage.
De la même manière, les mêmes autorités déclarent avoir clos le dossier du passif humanitaire, pour avoir distribué des sommes d’argent insignifiantes à quelques veuves.
Elles font les mêmes déclarations de règlement définitif du dossier des réfugiés, alors que des dizaines de milliers de Mauritaniens attendent toujours au Sénégal, au Mali et ailleurs à travers le monde, de retrouver la terre de leurs ancêtres. Leurs compagnons d’infortune, rapatriés depuis quelques années, affrontent journellement les difficultés liées au manque de prise en charge pour leur insertion économique et sociale durable.
Il est évident que le respect des droits humains est une condition sine qua non pour la construction d’un Etat moderne et démocratique, où tous les citoyens vivent égaux et en paix.
C’est pourquoi, à l’occasion de la célébration de cette journée, les responsables et militants des organisations regroupées au sein du FONADH :
-avons une pensée pieuse pour toutes les victimes de graves violations des droits humains, notamment celles, très nombreuses, de l’esclavage et du racisme d’Etat ;
-exigeons des autorités mauritaniennes le règlement juste, consensuel et durable des questions de l’esclavage, du passif humanitaire et des déportations ;
-exigeons un respect strict des droits fondamentaux des citoyens mauritaniens par les autorités du pays ;
Nouakchott, le 10 décembre 2018
Le Secrétaire Exécutif
Mamadou Moctar Sarr