A le voir gouverner, certains diront : Ghazouani c’est « doucement le matin, pas trop vite l’après-midi et calme plat, le soir ». Il voit et gère les choses au ralenti, pourvu que les choses restent à leur place. Pas bouger les conseillers, pas bouger les ministres, pas bouger… tout court.
D’autres diront que c’est un adepte du Zen, un partisan de la méditation transcendantale, qui laisse tout filer, tout aller de soi, le cosmos rétablira l’ordre naturel des choses. A savoir, revenir aux satellites et autres spoutniks gravitationnels dans l’univers azizien.
Les adeptes du cinéma et de la vidéo, vous diront que le mouvement ghazouanien ne doit pas dépasser quelques fps… Le fps (Frames Per Seconde) est une Unité qui définit le nombre d’images qui est affiché sur un écran d’ordinateur. Plus le fps est élevé plus il donne l’impression, pour le cerveau du spectateur, de la fluidité de la vidéo (somme d’images successives).
Or c’est à partir de 5 fps que le cerveau perçoit le mouvement, à 60 fps c’est mieux et au-delà, c’est nécessaire pour les jeux vidéo. Ghazouani serait encore en deçà de 5 fps.
Enfin, les adeptes du fatalisme, c’est-à-dire le peuple tout entier, vous diront qu’ils ne savent même pas s’il existe. Ils ont vu, une fois, un individu faisant des promesses du côté du stade et depuis ils n’ont plus de nouvelles. C’est chez les adeptes du fatalisme, que la théorie du mouvement immobile prend tout son sens.
En tout état de cause, tous les observateurs sont d’accord pour dire que Ghazouani, fonctionne au ralenti. Ralenti face aux événements, à leur gravité, à leur urgence et aux attentes en détresse.
La question est donc : pourquoi Ghazouani, fonctionne-t-il au ralenti alors que le microcosme politique travaille (sous table) à grande vitesse ?
A-t-il fait sienne la théorie du « Big Crunch », et que, tapi, il attend son heure dans une contemplation inerte du microcosme politique, en attendant que ce dernier s’écrase sous son propre poids…de corruption, de clientélisme et de bêtise ?
A-t-il fait sienne la théorie quantique. Electron libre, Il serait partout et… nulle part ? Une ubiquité qui ne dépasse pas le portail de la présidence ?
En définitive, si toutes ces approches ne lui sont pas applicables, peut-on retrouver une explication à un détenteur de pouvoir qui malgré toutes les promesses faites, et occupant son poste présidentiel depuis une année, n’a réalisé aucun de ses engagements ?
Peut-on trouver une explication à tant d’inertie, tant de laisser-aller dans les hautes fonctions de l’Etat, tant de relâche dans la gestion de l’Etat ?
Face à tous les problèmes dont souffre le pays, les difficultés socio-économiques structurelles, la crise destructrice, l’instabilité sociale, le sous-développement économique qui s’accroit, l’endettement exponentiel, la corruption qui s’affiche, le népotisme qui se renforce, la pauvreté et la misère, la question est : Mais où est donc Ghazouani ?
Tout dirigeant, élu, ayant fait sur l’honneur des promesses à tout un peuple se doit de les tenir. Immédiatement.
Or que remarquons-nous ? Le même paysage politique, avec les mêmes figures de la corruption, du clientélisme et du déshonneur. Les mêmes qui se targuent encore publiquement d’avoir volé, détourné, les ressources publiques et cela sans que Ghazouani n’y trouve publiquement à redire. Aucune prise de position, aucun discours réprobateur, aucun limogeage, aucune sanction…
Au contraire, il nomme, coopte et adoube ceux qui, hier encore, pillaient le pays.
Est-ce ce Ghazouani qui disait : « Je veux être le candidat de l’espérance, de la justice, du progrès et de la prospérité. Je veux prendre activement part au combat que nous menons pour assurer le développement global de notre pays. » ? (Voir son discours ici : http://mauriweb.info/node/6959)
Et depuis, son élection, plusieurs mois sont passés et le général Ghazouani n’a toujours pas pris part au combat.
Sur un vrai champ de bataille un tel retard équivaudrait à une cuisante défaite. Le fameux proverbe hassanya est bien, ici, à propos. « La bataille est terminée et il est toujours en train de se harnacher » (« ouvat eddeygue wa mazal yet hazem »),
Mais qui, de nos généraux, a déjà livré une vraie bataille ?
Pr ELY Mustapha