L’éditorial : Président Ghazouani : Mots et maux

L'éditorial : Président Ghazouani : Mots et mauxVoila 8 mois que la Mauritanie est dirigée par un nouveau Président, Ould Ghazouani. 8 mois dans la vie d’un pouvoir « nouveau », c’est peu, pourrait-on dire. 8 mois pour le changement, c’est trop peu. Mais 8 mois pour émettre les signaux d’un changement ou le début d’une nouvelle ère, c’est beaucoup trop.

Cela fait 8 mois que Ghazouani est au pouvoir avec des mots forts (intitulés mes engagements) et ce après 11 ans du régime de Mohamed Abdelaziz mais les maux sont encore là. Des maux vraiment perceptibles dans tous les domaines. Et pourtant le Mauritanien perdu, hypnotisé par cet espoir suscité par l’arrivée au pouvoir de Ghazouani veut toujours croire aux engagements de ce Président.

Les citoyens attendent et les véritables signaux visibles et entretenus par le nouveau régime ne font, au contraire, que conforter les situations dans leurs certitudes qu’ils sont dans un rêve, une situation de réveil agité.

Les mots de Ghazouani sont forts mais les maux de notre chère patrie sont profonds et confondus avec nous-mêmes où les pessimistes pensent à l’impossibilité de cette Mauritanie rêvée qui permettra au camp des justes de se frotter les mains et aux morts de se reposer en paix. L’équation à résoudre est à inconnue connue, d’où sa complexité.

Si on simplifie le désastre étatique du pays auquel le président Ghazouani est confronté et que les citoyens impatients demandent du résultat, ce désastre peut se comparer à la situation de la commune de Sebkha qui à l’échelle de 1/NX1000. La situation de la mairie de Sebkha est suffisamment compliquée mais nous renseigne sur la délicatesse ou la pourriture de la gestion des affaires de ce pays ou certaines personnes de la haute sphère décisionnelle de l’Etat qui en sont responsables.

Les mots ne peuvent être les remèdes à ces maux. Ces maux qui, comme le virus coronavirus, nous dominent et risquent de dominer encore ce pays qu’on aime tant.

Et c’est ça la Mauritanie. Le maire a le droit et le citoyen est avec lui mais il est bloqué par un lobby qui contrôle la manne financière du marché depuis quelques décennies. L’autorité de tutelle inefficace ou complice laisse la situation pourrir. Ce maire, comme beaucoup de maires, est dépouillé de ses prérogatives. Il n’est rien, ne peut rien s’il n’accepte pas la concussion. Il ne pourra rien faire pour le citoyen de Sebkha s’il ne collabore pas avec le lobby de sangsues, fortes et tenaces.

Sebkha est à l’image du pays… le chemin est encore long car nous devons repenser la Mauritanie. Un projet de pays mal pensé entre les mains des lobbys d’une primitivité inouïe comme des adolescents qui confondent leurs billes ou ce joueur de golf qui prend un œuf pour une balle…

La Mauritanie, comme ces hommes et femmes justes, attend encore plus de nous pour donner un sens à notre existence. Exigeons de nous des efforts, beaucoup d’efforts qui restent à faire.

L’Etat a failli et pour cela il y a des responsables… et le citoyen, à l’image de celui de Sebkha, commence à comprendre et connaitre, voire indexer les véritables ennemis de cette nation.

Aidons à donner un sens à la décentralisation, au rôle des collectivités locales en soutenant l’expression effective d’une politique communale pensée et voulue par nous-mêmes, les citoyens.

Le citoyen au centre de l’action des politiques de développement, c’est aussi une promesse du président Ghazouani. Arrivera-t-il à extirper ce citoyen du « néant » malgré la puissance de ces mains invisibles… visibles ? Difficilement.

Voilà que la mairie de Sebkha, comme un atelier d’expérimentation des ambitions volontaristes, des idées novatrices et d’une bonne gouvernance avec comme règle servir le citoyen, risque d’être un rêve de plus d’un citoyen qui s’est cogné la tête contre le mur. Car cet ambitieux élan est entrain d’être stoppé net par les puissants lobbys que le jeune maire de Sebkha ne connaissait pas et ne connaît pas les ramifications incroyables, un groupe de puissants qui se voient tout permis dans une république perdue.

On comprend, maintenant, le principal problème du nouveau Président : la puissance des lobbys du système avec des intérêts mercantilistes exagérés. Pille, affame et écrase le citoyen mauritanien, prends-lui tout -même sa dignité – il te suivra comme une poule picorant des graines jetées au sol et qui peuvent l’amener droit au four. Des attitudes contraires aux promesses intitulées « Mes engagements » par l’actuel Président et qui mineront leur réalisation.

Le jeune Soumaré va-t-il échouer parce que refusant de servir les lobbys ? Ces lobbys l’en veulent depuis son refus de leur cadeau empoisonné (dix millions d’ouguiyas) offert par la fédération des commerçants au lendemain de son élection. Magot qu’il a gentiment retourné à la fédération….

Son projet pour cette cité est-il vraiment voué à l’échec à cause de la force des ces sangsues qui ont contrôlé et veulent continuer à contrôler le patrimoine de la mairie : le marché ?

Mon projet, mon avenir, le programme Ewlewiyatt, l’agence Taazour et d’autres encore… mais surtout la levée des poursuites contre les opposants à l’extérieur du pays, oui, voilà des signes annonciateurs de rupture d’avec l’époque d’Abdelaziz… mais des signes encore très insuffisants pour construire ce pays.

Que Dieu préserve la Mauritanie et assiste les justes sur ce long chemin de la déconstruction de l’entreprise, produit de ces maux qui plombent notre avenir et handicapent la bonne marche de ce pays…

Camara Seidi Moussa

Source : La Nouvelle Expression (Mauritanie)