L’expulsion, vendredi 10 janvier dernier, de Jean-Marc Pelenc, président de la branche française de l’Initiative de Résurgence du mouvement Abolitionniste (IRA), une ONG anti-esclavagiste et de défense des droits humains, alors qu’il venait d’atterrir à l’Aéroport international Oum Tounsy de Nouakchott, dûment muni d’un visa, continue de faire des vagues en Mauritanie.
Ainsi, lundi 13 janvier, la presse mauritanienne a annoncé la démission de Mariam mint Aoufa, qui avait rang d’ambassadeur, et qui était la directrice du département Amérique, Asie et Pacifique, au ministère mauritanien des Affaires étrangères, de la coopération et des Mauritaniens de l’extérieur.
Cette diplomate avait en effet posté un tweet foncièrement antisémite, au mépris du devoir de réserve censé caractériser sa fonction, tout en accusant, à tort, cet activiste français d’être partie prenante de la société des rédacteurs qui compose l’actionnariat du titre satirique français Charlie Hebdo, dont les locaux à Paris avaient été la cible, à la fin de l’année 2015, d’une attaque terroriste.
LIRE AUSSI: Mauritanie: le président de la section IRA France refoulé de Nouakchott L’allégation de la diplomate a été formellement démentie ce mardi 14 janvier par IRA France, qui réfute tout lien entre Jean-Marc Pelenc et l’actionnariat de Charlie Hebdo, tout en citant les noms des actionnaires de ce journal satirique, une information d’ailleurs publique.
Un site mauritanien d’information électronique, Alwiam Info, avait, en effet, ajouté à la confusion générale, en annonçant que cet activiste d’IRA France en était l’un des actionnaires, précisant même que Jean-Marc Pelenc possédait 15% des actions de Charlie Hebdo.
Les confusions et amalgames de Mariam mint Aoufa ont été jugés surprenants de la part de celle qui était censée être une personnalité diplomatique de haut rang.
LIRE AUSSI: Vidéo. Libération du leader anti-esclavagiste Biram Dah Oulb Abeid Ses propos tenus sur Twitter sont d’ailleurs en totale contradiction avec une déclaration qu’avait faite, la veille, Smael Ould Cheikh Ahmed, ministre mauritanien des Affaires étrangères, son supérieur hiérarchique, qui avait reçu l’ambassadeur de France accrédité à Nouakchott, et avait mis l’accent sur une « erreur », en parlant de cette expulsion.
En tout état de cause, Mariam mint Aoufa aurait reconnu avoir outrepassé son devoir de réserve, et a décidé d’en assumer les conséquences par sa démission, ou, autre possibilité, a été contrainte de « prendre la porte » après cette bourde qui a entraîné un torrent de commentaires sur les réseaux sociaux.
De son côté, ce mardi 14 janvier, une autre ONG, la Commission nationale des droits de l’homme (CNDH), présidée par Me Ahmed Salem ould Bouhoubeiny, ex-Bâtonnier de l’Ordre national des avocats (ONA), a présenté l’expulsion de Jean-Marc Pelenc, comme étant « un acte isolé, contraire au climat d’ouverture qui prévaut en Mauritanie depuis l’alternance démocratique née de l’élection présidentielle du 22 juin 2019 ».
La CNDH, institution consultative dans le domaine des droits humains, estime que cet événement « traduit la persistance de dysfonctionnements administratifs dont la prise en charge constitue un axe majeur de la politique du gouvernement. La République Islamique de Mauritanie, terre de rencontres, de brassage et d’hospitalité, est ouverte aux visiteurs quelques soit leur opinion, origine ou religion », a affirmé Me Ahmed Salem ould Bouhoubeiny.
Par notre correspondant à Nouakchott
Cheikh Sidya
Source : Le360 Afrique (Maroc)