Le Calame : Pouvez-vous nous expliquer la genèse de la Coalition Vivre Ensemble ainsi que le processus du choix de Kane Hamidou Baba?
Amadou Tidjane Diop : Rendons d’abord grâce à Allah de nous avoir permis d’en arriver là. Ce n’était pas du tout évident comme beaucoup d’ailleurs l’avaient imaginé. Peut être même toi; que sais –je ? Cette réticence ou disons ce sentiment de scepticisme pouvait bien se comprendre si l’on sait que rétrospectivement, tout le monde est au courant que beaucoup d’initiatives avaient été entreprises par le passé par plusieurs responsables politiques par essence chefs de partis. Mais toutes vouées à l’échec.
L’on peut dire cette fois-ci la chance nous a souri; d’autant plus qu’il faudra s’en féliciter au passage car beaucoup d’efforts ont été consentis par les initiateurs que nous sommes depuis un certain moment déjà.
Il faudra le souligner, beaucoup de contraintes ont été surmontées, l’engagement sans équivoque de tout un chacun était là, la patience ; la tolérance, ainsi que le dévouement de tous était mis à rude épreuve, pourvu d’arriver au bout de cette ambition tant attendue à savoir notre rassemblement.
Ainsi après huit mois d’efforts inlassables et de tractations tous azimuts, nous sommes arrivés au but. Puisqu’il faudra aussi le rappeler, notre première réunion pour travailler sur ce projet remonte au 26 septembre 2018. Et le 06 Mai 2019 nous avons, lors d’une assemblée générale tenue chez le Doyen colonel Anne amadou Baba Ly, dont nous saluons au passage la grandeur et le sens de responsabilité, annoncé la naissance officielle de la coalition « vivre ensemble ».
A l’occasion de cette assemblée aussi, nous avons fait connaitre celui qui représentera la coalition à l’élection présidentielle du 20 juin 2019. Il s’agit de Dr Kane Hamidou Baba.
En ce qui concerne le choix du candidat, la désignation a connu un processus retenu par un comité de désignation mis en place à cet effet. Nous avons établi des mécanismes de choix ou des critères disons, qui ont débouché sur la personne de KHB qui était en compétition avec le président Samba Thiam. Ce dernier pas démérité puisqu’il remplit autant que le candidat choisi les conditions requises pour représenter la coalition à cette élection présidentielle. Comme on peut aligner qu’un seul candidat, KHB devient le candidat de tous les Mauritaniens puisque s’il est élu il deviendra désormais le président de tous les Mauritaniens.
Cette coalition a permis des retrouvailles entre des leaders négro-mauritaniens de partis politiques désunis depuis de longue date. Est-ce que le désir ardent de voir un candidat issu de cet ensemble communautaire sur la scène politique a dicté cette logique ou une ambition de voir aussi des leaders profiter de l’aubaine de la présidentielle pour mieux ventiler les difficultés auxquelles sont confrontées les populations négro-mauritaniennes ?
Levons tout de suite, l’équivoque et que cela soit clair, le mobile essentiel qui nous anime et rapproche les formations politiques membres de la coalition à travers leurs leaders est bien leur idéologie qu’ils partagent et non autre chose. Ces formations politiques n’ont jamais été idéologiquement éloignées les unes des autres, si ne ce n’est sur la stratégie et l’approche de combat.
Il faudra le rappeler, pour ces tous ces partis politiques, les questions centrales qui ont compromis dés le départ le fondement d’un Etat unitaire et fédérateur demeurent les mêmes et s’inscrivent sans aucune forme de concession dans leur déclaration de politique générale. Il s’agit du racisme d’Etat, de l’exclusion, de l’esclavage, et la féodalité, en un mot la question de la cohabitation entre les différentes communautés nationales.
Maintenant par rapport à la deuxième partie de votre question, que cela soit aussi clair. Nous sommes conscients du sens de nos responsabilités. Il ne s’agit pas pour nous, à juste titre, en participant à ces élections de dénoncer les difficultés auxquelles sont systématiquement confrontées les populations négro- africaines, harratines et autres. A cet exercice nous nous sommes livrés pour toujours et cela se poursuivra.
Nous, nous sommes engagés dans cette compétition électorale pour gagner l’élection présidentielle pas pour se faire évaluer ou évaluer nos forces encore moins pour autre choses Puisque nous croyons à notre combat de rétablir la justice dans ce pays, nous sommes décidé à élever nos sacrifices à la dimension de nos ambitions, et nous cultivons cet esprit auprès des militants du sommet à la base afin qu’ils incarnent cette volonté et agissent en conséquence avec cette détermination.
Pouvez vous nous décliner les ambitions de la Coalition Vivre Ensemble ?
Les ambitions de la CVE sont clairement établies et restent consignées dans sa plate -forme qui fonde son projet social et détermine son programme politique. Comme je l’avais tantôt souligné, la CVE constitue un cadre de concertation et décision politique qui regroupe pour le moment huit partis politiques, plus d’une quinzaine d’ONG; des personnalités indépendantes, des notoriétés et des sages. Elle reste ouverte à tous les désireux d’intégrer son cadre.
En prélude à sa naissance, ses leaders historiques avaient tout simplement estimé qu’unir leurs forces et coordonner leur action politique collective à travers un cadre régulièrement constitué semblaient être la meilleure option d’engager un combat plus efficace sur la revendication de leurs doléances. Revendiquer nos doléances est un socle pour indiquer nos ambitions.
Et à travers un conseil des présidents et ses instances, la CVE s’efforcera chaque jour qui passe à rendre plus opérationnelle son action qui va au delà d’une élection présidentielle qui n’est pour nous qu’une brèche par rapport aux ambitions si profondes que nous affichons. Donc au sortir de ces élections présidentielles, nous allons mieux asseoir nos instances et officialiser notre mode de fonctionnement afin de rendre plus opérationnelles nos activités en perspective de l’atteinte de nos objectifs.
Et c’est pourquoi aussi longtemps que nécessaire, nous poursuivrons cette action tant qu’elle reste conforme à l’esprit du droit et à l’exigence de la loi. Nous n’allons jamais interrompre cette lutte avant de voir se porter un jour à la magistrature suprême un homme ou une femme sincèrement engagé à œuvrer pour rétablir la justice dans cette Mauritanie.
Certaines des formations politiques composant cette coalition hétéroclite ont été dissoutes par le ministère de l’intérieur faute de n’avoir pas pu réunir 1%, lors des dernières consultations municipales. Peut-on s’attendre à une fusion en un ou deux partis ?
Ce serait prématuré de se prononcer sur cette éventualité, certes toutes les options sont possibles tant qu’elles participent à mouvoir le processus d’évolution vers nos objectifs. Ce qui est important est que chacun parmi nous est disposé à œuvrer et tirer le meilleur de lui-même afin de gagner cette partie puisqu’il s’agit désormais pour nous d’un devoir. D’autant plus, dois-je le rappeler, que c’est l’occasion. La naissance de la CVE, qui est le fruit d’un effort inlassable de ses initiateurs, a été aussi la réponse à une forte demande sociale tant attendue par nos militants respectifs.
Ces derniers qui, longtemps, avaient déploré l’absence d’un cadre ne serait-ce que de concertation de nos partis politiques à partir du moment où ils portaient les mêmes revendications, ont enfin été écoutés par leurs leaders.
Comment se porte le FRUD ? Comment entrevoyez-vous l’avenir ?
Le FRUD se porte à merveille. L’on peut dire aujourd’hui qu’à l’image de tous les partis, notre organisation marche et fait fonctionner ses instances jusque là provisoires depuis que nous disposons d’un siège. Il faut le rappeler, nous n’avons pas encore organisé notre congrès constitutif. Nous l’organiserons après ces élections présidentielles de juin 2019.
Nous poursuivons notre campagnes de sensibilisation et le processus d’implantation suit son cours, nous avons presque couvert Nouakchott avec ses neufs départements. J’en félicite d’ailleurs au passage la commission chargée d’implantation à travers son président Ousmane Sow pour son dévouement ainsi que les membres de son équipe, Jean Gueye, Ibrahim Kebe et d’autres qui travaillent d’arrache-pied depuis un bon moment pour l’accomplissement de cette tache qui n’est pas facile.
Pour finir avec cette question, le FRUD se voit mieux en tout cas aujourd’hui et s’identifie plus que jamais à la CVE, ce cadre de concertation, que je considère idéal, que mes collègues présidents des partis membres et moi souhaiterons propulser le plus loin possible de par la justesse des ambitions qu’elle affiche pour l’intérêt collectif national du peuple Mauritanien.
Propos recueillis par THIAM Mamadou
*(Front Républicain pour l’Unité et la Démocratie) et membre du Conseil des présidents de la CVE
Source : Le Calame (Mauritanie)