Porté par le franc succès enregistré durant la première phase de sa précampagne, c’est tambours battants que le candidat indépendant Biram Dah Abeïd en a entamé, mercredi dernier (1er mai), la seconde partie, en diverses localités du Brakna, Gorgol et Guidimakha. Après un gigantesque rassemblement populaire à Sélibaby, la caravane du candidat indépendant a sillonné Silkou, Coumba Ndaw, Jedida, Samba Kandji, Mbouly Singo, Guémou, Sabou Ciré, Gouraye, Diogountourou, Ghabou, Tachott et Agoïnitt.
Tabac à Sélibaby
Sélibaby n’a pas été en reste, dans la déferlante de mobilisation au profit de Biram, en dépit des appels au boycott lancés par les cadres et sympathisants du parti/Etat. samedi 4 Mai, les sympathisants du leader abolitionniste ont tenu à lui réserver un somptueux accueil populaire, sous forme d’un gigantesque défilé motorisé.
Détaillant les grandes lignes de son programme, le député candidat leur a délivré un vibrant message d’espoir. Il s’est particulièrement adressé à la jeunesse, les invitant à être les porteurs de changements profonds et durables. Après avoir rappelé tous les sacrifices consentis, ces dernières années, en faveur des couches défavorisées et des victimes de l’injustice, il s’est employé à dénoncer la gestion gabegique du pays, la détérioration des conditions de vie des populations mauritaniennes se traduisant, selon lui, par une paupérisation extrême. Il a également vilipendé l’alignement aveugle des cadres de la Vallée sur le régime d’Ould Abdel Aziz, exploitant la misère des villageois, l’esclavage érigé en règle, la corruption et le racisme. Et de décocher ses flèches empoisonnés à l’égard du «pouvoir oppresseur » qui a paupérisé les masses, réduit au chômage de franges importantes de la population, sans oublier d’évoquer la déliquescence des secteurs de la santé et de l’éducation. Le tout ponctué du rappel constant de son engagement à intensifier, une fois élu, la lutte contre le racisme et l’esclavagisme, pour édifier un véritable État de droit.
Mesurant l’ampleur de la forte adhésion à son programme, Biram a convié ses partisans à s’inscrire massivement sur les listes électorales Un leitmotiv systématiquement proféré, dans tous les meetings qu’il a présidés à Foum Gleïta, Meyseyguem, Ndourel, Mbeydiya, Kobra, Mzeigliya, El Gueneba, Sey Chem, Bouasla et Ajar Salam, un engagement citoyen indispensable à sa volonté de résoudre, une fois élu, les problèmes auxquelles les populations sont confrontées. De leur côté, les représentants de celles-ci lui ont exposé leurs doléances et promis de voter en sa faveur.
Mobilisation générale à M’bout
Vendredi 3 Mai à M’Bout, ses partisans avaient également réussi le pari de la mobilisation. Du carrefour Debaye M’bout au centre-ville, une foule en liesse, scandant, à tue-tête «Biram, Biram, premier tour et changement ! » a suivi le cortège du candidat lui réservant un accueil chaleureux. Comme à son habitude, il a fustigé le pouvoir, coupable à ses yeux des souffrances des populations mauritaniennes. Biram en a profité pour glisser un tacle aux cadres haratines et négro-mauritaniens que le pouvoir ne cesse d’envoyer, pour le diaboliser et le combattre. « Je n’ai jamais dévié de mon combat, en dépit des privations de tous ordres, des campagnes de diabolisation ourdies par le pouvoir, les cadres négro-mauritaniens et haratines à sa solde du pouvoir. Je suis resté debout, à cause des problèmes auxquels vous êtes confrontés chaque jour », a lancé le député, sous un tonnerre d’applaudissements.
Il a promis de redonner lustre à M’Bout, à travers un vaste programme de développement réservant une place de choix aux jeunes et femmes. Et de demander, comme toujours, à ses sympathisants de s’inscrire massivement sur les listes électorales et de lui accorder leur confiance, le 22 Juin prochain.
Puis il s’est rendu à Bathe Chorfa, Sabouala, Koptala, Kobe Demja, Wouro Kelé, Beytou Menkouss, Beyt Guélaye et Djadjibiné. Jeudi soir, Biram avait tenu un grand rassemblement à Monguel. Plus tôt dans la journée, il était à rendu à Ganki, Djokoundi et Taboyt (département de Boghé), promettant, aux populations privées de leurs droits depuis des lustres, de leur redonner pleine et entière citoyenneté.
Biram dézingue
A Sinthiou (commune de Néré Walo), Biram Dah Abeïd n’a pas fait dans la dentelle. Au mieux de sa forme devant des militants en délire, le candidat indépendant a dézingué ses adversaires bien connus pour… leur désintérêt envers les problèmes des populations de la Vallée. Et de revendiquer sa proximité avec les victimes, leur demandant « où étaient les autres candidats quand, lui, candidat à la résistance, était détenu dans les cachots de l’État raciste, pour avoir défendu les victimes d’injustice et d’oppression du pouvoir ségrégationniste ? Où étaient les autres candidats quand il se rendait à Inal, Wothie, Sorymalé, pour défendre les orphelins, les veuves et les rescapés des exactions extra-judiciaires lors des années de braise ? Où étaient les autres candidats quand il était condamné et emprisonné, deux ans durant, à Rosso et Aleg, suite à la caravane contre l’expropriation foncière et l’esclavage dans la Vallée ? » Sous les tonnerres d’applaudissements des militants scandant à tue-tête : « Biram, Biram et changement ! », le candidat indépendant répond : « Ils étaient sous les climatiseurs et dans les belles villas à Tevragh Zeïna. Vous savez faire la différence entre les candidatures. J’étais là avant eux. J’ai toujours défendu la cause des négro-mauritaniens. Mon combat est le vôtre ! »
C’est après avoir déposé, lundi dernier, son dossier de candidature au Conseil constitutionnel que le leader abolitionniste avait repris sa tournée de pré-campagne, entendant ratisser large : « je ne suis pas le candidat des Haratines, je suis le candidat de toutes les communautés mauritaniennes » ; précise-t-il, « Ma candidature est la vôtre. Ma défaite est la vôtre. Allons à la victoire ! » Il ambitionne de faire retrouver dignité, aux populations des différentes localités visitées, instaurer l’équité et l’égalité des chances, entre tous les Mauritaniens et régler définitivement le dû aux victimes du génocide durant les années de plomb. « Nous allons faire éclore la vérité sur les morts, traduire en justice les tortionnaires et rendre tous leurs droits aux victimes des expropriations foncières. Je refuse de me défaire ». Le candidat projette de lancer un recensement général, pour permettre à tout un chacun de disposer de papiers d’état-civil. Il compte nommer des préfets, gouverneurs, commissaires de police, juges, commandants de brigade de gendarmerie vraiment informés des réalités locales et ne pas imposer des administrateurs se prélassant en colons dans des territoires conquis.
Biram satisfait de sa seconde tournée
Le directoire se réjouit de l’adhésion populaire qui reste toujours dans une tendance très positive et satisfaisante, à l’issue de la deuxième partie de la tournée de précampagne qui a englobé une partie du Gorgol et du Guidimakha ave la ville d’Aleg.
« Nous pensons que les populations ont une soif de changement sans précédent. Les populations même dans les coins les plus reculés ont identifié le programme présidentiel de Biram Dah Abeid avec la trajectoire de lutte du candidat et de IRA, durant cette dernière décennie qui a été émaillée et marquée par une confrontation entre les partisans du leader abolitionniste et le pouvoir en place sur les questions de la respectabilité et de la dignité de la question des droits fondamentaux de tous les mauritaniens et aussi sur leurs droits à une égalité de chances des personnes, de la culture et de langue et aussi sur leurs droits à vivre une véritable égalité de chances face à l’Etat, aux bienfaits de l’Etat, face au bien-être qui émane de l’Etat. Nous pensons malheureusement que le pouvoir en place, malgré sa rhétorique, toute sa propagande, son investissement dans la diabolisation de Biram Dah Abeïd et du mouvement qu’il représente aura été un échec. Parce que même dans les coins les plus reculés, toutes les populations de toutes les catégories ethniques et sociales ont exprimé leur attachement à notre lutte, font la part des choses et ont pu totalement classer comme mensongers toute la propagande de l’Etat contre nous. Toute la propagande de Mohamed Ould Abdel Aziz contre nous pendant cette dernière décennie. »
Pour Biram, il y a un réglage important qu’il faut faire. « Les dirigeants actuels de l’Etat mauritanien qui sont au pouvoir, c’est dans leur intérêt et dans notre intérêt que ces élections se jouent dans des conditions, dans un environnement, dans un esprit de transparence totale, de respect des règles de jeu démocratiques prévues par toutes les lois mauritaniennes notamment les lois électorales. Je pense qu’il est inacceptable que les inscriptions puissent véritablement se terminer dans des conditions où la majorité, un très fort pourcentage de mauritaniens, n’accède pas à leurs papiers d’état -civil, et aussi ceux qui ont accès à leurs pièces d’état-civil beaucoup parmi eux n’ont pas matériellement la possibilité de s’inscrire sur les listes électorales. Ceci est valable pour les populations de l’intérieur de Nouakchott. C’est encore un drame pour les mauritaniens de l’étranger. Il ya des nombres importants de mauritaniens qui, dans toute l’Europe, ne disposent que d’un seul bureau de vote, d’un seul centre de vote à Paris et d’un seul centre d’inscription sur la liste électorale alors qu’il y a de très fortes communautés mauritaniennes en Espagne, en Belgique, en Allemagne, en Italie. Des mauritaniens qui ont le droit d’exprimer leur choix pendant ces élections importantes. Ceci est valable pour les mauritaniens d’Amérique du Nord, les mauritaniens d’Afrique, au Sénégal par exemple où il y a une très forte communauté mauritanienne. Ils sont privés de droit de vote. Je pense que ceci doit être un sérieux sujet de discussions entre nous et le pouvoir.
Biram compte procéder à des rencontres avec le président de la CENI mais aussi avec le ministre de l’Intérieur et de la décentralisation pour essayer de remédier à cette situation qui sera véritablement négative sur ce processus démocratique si important, si historique pour la Mauritanie.
Pour éviter que les choses ne se passent dans de mauvaises conditions, il est nécessaire qu’il y ait des élections démocratiques et transparentes pour que personne ne trouve rien à redire.
Le candidat indépendant mesure à sa juste valeur la symbolique très importante de retourner au Guidimakha deux ans jour pour jour après avoir été déclaré persona non grata. « Je ressens la victoire encore contre le pouvoir qui a mis les bouchées doubles et utilisé des procédés totalement hors la loi pour m’empêcher de communier avec les populations du Guidimakha, le 7 mai 2017 lorsque j’ai été cerné par de nombreux véhicules de sécurité, les villes du Guidimakha fermés par des boucliers. Les populations ont été terrorisées par le gouverneur de la région, les préfets, les chefs d’arrondissement, les commissaires de police et commandants de brigade de gendarmerie qui ont mené des propagandes ignobles et malsaines face à leur incapacité à compétir avec nous sur un terrain démocratique .Je pense que les populations ont pris leur revanche sur les autorités en formant des rassemblements monstres et généralisés pour soutenir mon programme. C’est une satisfaction morale que je ressens », conclut-il.
Thiam