Le Ghana appelle l’Afrique à s’unir pour obtenir des réparations pour l’esclavage

Pour le chef de l’Etat ghanéen Nana Akufo-Addo, « le continent africain tout entier mérite des excuses officielles de la part des nations européennes impliquées dans la traite des esclaves ».

 Le fort de Cape Coast au Ghana, ancien important comptoir colonial de la traite négrière, en mars 2023.

 

 

 

Le président du Ghana, Nana Akufo-Addo, a appelé mardi 14 novembre ses homologues africains à faire front commun pour obtenir des réparations pour l’esclavage transatlantique et les dommages causés durant l’ère coloniale.

« Le continent africain tout entier mérite des excuses officielles de la part des nations européennes impliquées dans la traite des esclaves », a déclaré mardi M. Akufo-Addo lors d’une conférence sur les réparations réunissant des dirigeants africains à Accra. « Aucune somme d’argent ne peut réparer les dommages causés par la traite transatlantique des esclaves et ses conséquences. Mais il s’agit d’une question que le monde ne peut plus ignorer », a-t-il ajouté.

Invitant l’Afrique à collaborer avec les Caraïbes pour faire progresser les réparations, le président ghanéen a ajouté qu’il s’agissait d’une « demande de justice légitime ». Le fort de Cape Coast au Ghana, ancien comptoir colonial de la traite négrière, est inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1979.

« La phase sombre de l’Afrique »

Décrivant l’esclavage et le colonialisme comme « la phase sombre de l’Afrique », le président des Comores et président de l’Union africaine, Azali Assoumani, a expliqué pendant la conférence que l’ombre de l’ère coloniale « fait encore des ravages dans notre population ». Ce mois-ci, le président allemand Frank-Walter Steinmeier a exprimé sa « honte » face aux crimes commis pendant la période coloniale de son pays en Tanzanie.

En début d’année, le propriétaire du journal britannique The Guardian a présenté ses excuses pour le rôle joué par les fondateurs du média dans l’esclavage transatlantique et a annoncé un « programme de justice réparatrice d’une durée de dix ans ».

Récemment, certains chefs d’Etat occidentaux ont commencé à reconnaître les torts commis au cours de cette époque en Afrique et des musées ont commencé à restituer des trésors et des œuvres d’art africain volés.

Le Nigeria est en passe de récupérer des milliers de plaques métalliques, de sculptures et d’objets du XVIe au XVIIIe siècles qui ont été pillés dans l’ancien royaume du Bénin et se sont retrouvés dans des musées et chez des collectionneurs d’art aux Etats-Unis et en Europe. Le Bénin, voisin du Nigeria, a inauguré en 2022 une exposition de ses œuvres d’art et de ses trésors restitués par la France après deux ans de négociations.

Le Monde avec AFP
Publié le 15 novembre 2023