Djeidi DIAGANA, le premier agrégé de l’Afrique noire en lettres classiques n’est plus

Djeidi DIAGANA, le premier agrégé de l'Afrique noire en lettres classiques n'est plus« Il était un génie, un homme d’une intelligence hors norme. Aucun d’entre nous ne lui arrivait à la cheville».

C’est en ces mots que son condisciple au lycée Faidherbe de Saint-Louis dans les années 1950, Ahmed ould Sidi Baba parler de lui. Djeidi Moussa Diagana a tiré sa révérence le Dimanche 09/février 2020 à Paris. Il est né en 1937 à Kaédi. Premier Agrégé de lettres classiques de toute l’Afrique noire d’expression française.

C’est de sa ville natale à Kaédi ou il a d’abord mémorisé le coran auprès de son maitre Baba Sikhu DIAGANA avant d’être inscrit à l’ école française toujours à Kaédi où il passe l’entrée en sixième avec brio.

Djeidi va devoir quitter son Kaédi Natal, haut lieu de rencontres et de brassage, ville à la forte personnalité appelée affectueusement la perle du Fouta mais également «la grande concession DIAGANA » de Gattaga.

Saint Louis et son lycée fétiche voit venir le gamin de Gattaga qui se fait rapidement un NOM que l’auteur du livre : Rôle de la génération charnière ouest africaine. Indépendance et Développement, qualifie d’enfant prodigue qui a marqué l’histoire de l’émergence de cadres de haut niveau en Afrique et dont il serrait aberrant que la mémoire collective ne retienne pas le nom.

Poursuivant la description de Djeidi l’auteur du livre a ajouté qu’il était un adolescent frêle et timide tiraillé entre l’arabité et la négritude. Au fil des ans son nom était dans toutes les bouches, celles des enseignants, des répétiteurs, des élèves et mêmes des cuisinières et autres serviteurs et plantons du lycée. Apres avoir brillamment, obtenu le baccalauréat ; il intégra sans coup férir l’école Normale Supérieure à Paris et devint avec un très bon classement, le premier agrégé négro-africain dans sa spécialité.

La personne de Djeidi ne pouvait être seulement limité à cet étudiant sur doué ; il était aussi profondément attaché à sa culture et à sa nationalité mauritanienne. IL n’a jamais voulu prendre la nationalité française pays dans lequel il vivait depuis 1959 et exerçait de très hautes fonctions dans l’enseignement.

Il était un militant convaincu de la langue et de la culture Soninké qu’il continuait à pratiquer avec aisance à chaque fois que l’occasion se présentait C’est d’ailleurs le cœur meurtri qu’il a tenté de se faire enrôler à l’Ambassade de la Mauritanie en France il y’a de cela quelques années sans jamais y parvenir. Ces dossiers envoyés à la commission sont restés hélas sans suite…

Selon un éminent professeur d’histoire feu Mbaye GUEYE de l’Université Cheikh Anta DIOP, le Président poète et agrégé de grammaire Léopold Sedar SENGHOR lui aurait proposé de venir exercer à Dakar et Djeidi DIAGANA aurait répondu que s’il devait revenir ce serait de l’autre coté du fleuve Sénégal . Patriote, il était.

Abdoul Salam DIAGANA