Depuis la Côte d’Ivoire, Macron dit vouloir donner « une nouvelle force » à l’opération antijihadiste au Sahel

Le 21/12/2019 – Jeune Afrique

Le président français Emmanuel Macron, venu célébrer Noël vendredi 20 décembre avec les troupes françaises basées en Côte d’Ivoire, a annoncé qu’il entendait donner une « nouvelle force » à la lutte antijihadiste au Sahel.

Accueilli par son homologue ivoirien Alassane Ouattara, le président français est arrivé en fin de journée en Côte d’Ivoire pour une visite de 48 heures. Il s’est rendu directement à la base militaire française pour partager avec les quelque 1 000 soldats français présents sur place un dîner préparé par le chef de l’Élysée.

Durant toute la soirée, Emmanuel Macron est passé de table en table, saluant les soldats et posant avec eux. À minuit, un groupe de légionnaires, suivi des employés ivoiriens de la base, a chanté à tue-tête « Joyeux anniversaire » pour célébrer les 42 ans du chef de l’État, né le 21 décembre 1977.

Devant les soldats, Emmanuel Macron a notamment évoqué le récent drame vécu par l’armée française : la perte de 13 militaires de l’opération antijihadiste Barkhane dans une collision accidentelle entre deux hélicoptères, au cours d’une opération au Mali.

« Lutter contre les terroristes jihadistes »

« Nous continuerons à lutter contre les terroristes jihadistes. Nous continuerons à le faire avec nos partenaires africains et avec nos partenaires européens et internationaux (…) Car si nous laissons prospérer la menace, elle nous touchera aussi », a-t-il prévenu.

« Je souhaite que nous puissions donner une nouvelle profondeur, de nouveaux engagements, une nouvelle force à cette opération pour gagner ce combat indispensable à la stabilité et à la sécurité du Sahel, plus largement de toute la région et aussi de l’Europe », a également affirmé le président français, alors que la situation ne cesse de se dégrader au Sahel, où le ressentiment populaire contre la France est grandissant.

Un centre de formation contre le terrorisme

Le président français, qui répète souvent que la France ne peut pas lutter seule contre le jihadisme au Sahel, va par ailleurs relancer un projet qui lui tient à cœur : la construction de l’Académie internationale de lutte contre le terrorisme (AILCT), près d’Abidjan.

Il avait dévoilé ce projet en 2017 lors du sommet UE-Afrique, avec l’ambition de faire de cette académie un centre de formation de référence pour l’Afrique de l’Ouest, regroupant à la fois une école pour des cadres et un camp d’entraînement.

Toutefois, le projet n’a depuis guère avancé et le site choisi dans la station balnéaire de Jacqueville, à une cinquantaine de kilomètres d’Abidjan, est toujours un terrain vague (seuls des travaux de terrassement ont été réalisés). Ivoiriens et Français n’ont jusqu’à présent pas pu s’entendre sur le financement, chiffré à environ 20 millions d’euros. L’impulsion donnée samedi vise à faire débuter les travaux en janvier pour se terminer en septembre, selon des sources sécuritaire.

Escale à Niamey

À l’issue de sa visite en Côte d’Ivoire, Emmanuel Macron fera dimanche une étape de trois heures à Niamey pour rendre hommage aux 71 soldats nigériens ayant récemment péri dans l’attaque d’Inates, mais aussi pour préparer avec le président nigérien Mahamadou Issoufou le sommet sur le Sahel prévu le 13 janvier à Pau (sud-ouest de la France). Les présidents du G5 Sahel – Niger, Burkina Faso, Mali, Tchad et Mauritanie – y sont conviés.

Après la crispation née début décembre de ses déclarations demandant aux chefs d’État de « clarifier » leur position sur la présence militaire française au Sahel, le président français a souligné que « sans leur engagement politique, nous ne pouvons lutter efficacement ».

Outre la sécurité, la visite d’Emmanuel Macron sera axée sur la jeunesse et le sport, deux secteurs qu’il a érigés en priorité pour revigorer les relations entre la France et l’Afrique.

En compagnie de l’ex-international ivoirien Didier Drogba, il inaugurera samedi une « agora sportive » dans le quartier populaire de Koumassi. Avant de débattre avec des étudiants et de signer des accords bilatéraux, notamment pour le chantier du métro d’Abidjan.

Par Jeune Afrique avec AFP