En fait, même si ce sont les Autorités des deux pays qui ont exprimé la demande de prêt, elles ne souhaiteraient pas voir l’ouvrage édifié de sitôt.
Si en Mauritanie, l’on pense que la situation actuelle arrange le pays du fait des importantes recettes financières engrangées par le transport des marchandises au Bac, mais aussi des possibilités de contrôle aux frontières des flux migratoires, du côté sénégalais, l’édification à court terme d’un tel ouvrage constituerait non seulement un désastre pour les oiseaux volant à basse altitude, mais aussi et surtout, détériorerait le caractère agricole et champêtre de l’ensemble de la région du fleuve.
C’est entre autres, ces mêmes raisons qui seraient à l’origine du blocage qui a suivi l’annonce de financement de ce même projet qui avait été faite en 2005 par la BAD. En fait, même si ce pont est impératif pour le développement de la région, voire des deux pays, les intérêts sont encore nombreux de part et d’autre qui le bloquent.
Faut-il rappeler toutefois et malgré tout, le financement de cette infrastructure a bien été obtenu. Pour une seconde fois. Mardi dernier, la Banque africaine de développement a décidé d’octroyer à propos, un prêt de 9, 4 millions d’euros (plus de 6 milliards de FCfa) au Sénégal et un autre de 31, 3 millions d’euros (près de 21 milliards de FCfa) à la Mauritanie.
Dans un communiqué publié à l’occasion, l’institution financière a soutenu que « l’absence d’un ouvrage de franchissement permanent entre les deux rives du fleuve Sénégal, constitue un handicap majeur à la mise en œuvre des politiques de développement économique et d’intégration régionale et continentale ».
Le projet devra aider à créer les conditions du développement économique de la région, « et plus largement l’essor des activités de transport routier entre l’Afrique du Nord et l’Afrique de l’Ouest ».
« Ouvrage de près de 1500 mètres, le pont de Rosso remplacera les services des bacs qui relient actuellement les deux rives du fleuve Sénégal, des embarcations à la capacité limitée et avec lesquelles la traversée pouvait s’avérer périlleuse en période de crue », explique la Banque. Elle rappelle que « l’absence de pont était source de retards, et représentait un coût conséquent pour les voyageurs et les transporteurs ».
Infrastructures
Le projet comprend également « la construction et l’équipement de postes de contrôle juxtaposés », ce qui permettra « d’effectuer les formalités douanières des deux pays dans un seul et même lieu ».
« Le projet va accélérer le développement des activités de transport le long des corridors transafricains Tanger –Lagos et Alger –Dakar, et plus globalement entre l’Europe et l’Afrique subsaharienne », a expliqué Ali Ismaël Mohamed, économiste des transports de la Bad, en charge du projet. Il a estimé, par ailleurs, que « le trafic de véhicules sur cet axe devrait plus que tripler d’ici à 2025 ».
L’ensemble de la région devrait connaître une forte croissance d’activités commerciales, d’autant que la construction du pont sera complétée par l’aménagement de plus de 60 kilomètres de pistes rurales, favorisant la desserte des zones agricoles.
Pour les deux pays, ces régions sont les principales productrices de riz et les performances de leur secteur agricole constituent un important enjeu de sécurité alimentaire. Le projet favorisera aussi l’amélioration des conditions de vie des populations. Il est, en effet, prévu « une série d’aménagements connexes, telles que la réhabilitation de 7 écoles et de 3 postes de santé, la mise en place d’un réseau d’alimentation en eau potable dans les 2 villes jumelles de Rosso« .
La mise en place de réseaux d’assainissement côté mauritanien et la construction et l’équipement d’un complexe social pour les jeunes en réinsertion, les femmes et les handicapés sont les autres actions envisagées. « D’un montant total de 87,6 millions d’euros, le projet est cofinancé par les gouvernements mauritaniens et sénégalais, ainsi que par la Banque européenne d’Investissement et l’Union européenne », poursuit la source.
MOMS avec APS