Le sénateur Jeanny Lorgeoux et les députés François Loncle et Alain Marsaud n’ont pas apprécié que Noël Mamère traite de « parrain de la drogue » leur ami et Président mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz.
Noël Mamère a reconnu s’être trop avancé en traitant le Président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz de « parrain de la drogue ». Il l’a fait à deux reprises, une fois au micro de Arte fin janvier 2013, puis sur une rédaction internet deux semaines plus tard. Deux proches de Mamère, très impliqués dans le dossier mauritanien, lui affirmaient alors que Abdel Aziz avait gracié un trafiquant de drogue -ce qui était exact-, et était proche d’un consul de Guinée-Bissau, « plaque tournante du trafic de drogue ». Ce qui n’était pas faux.Depuis, Noël Mamère est revenu sur ses déclarations, reconnaissant s’être « trop avancé sans avoir les billes», pour traiter le Président mauritanien de « parrain » mafieux. Il s’est même excusé dans les colonnes du journal mauritanien « Le Calame ». Ce mea culpa n’a pas empêché la présidence mauritanienne de porter plainte contre lui. Mais ce qu’on ignorait en revanche, c’est que trois parlementaires français avaient pris fait et cause pour le dictateur de Mauritanie. Vestiges de la Françafrique, les parlementaires Alain Marsaud (UMP), François Loncle (PS) et Jeanny Lorgeoux (PS) ont téléphoné, chacun à leur tour, au dirigeant écologiste pour le rappeler à l’ordre. Ils lui font gentiment comprendre qu’il doit la mettre en veilleuse.Rengaines sécuritairesAprès avoir essayé de recadrer son collègue de l’hémicycle, l’ancien juge anti-terrorisme Alain Marsaud en a remis une couche en vantant les bienfaits du partenariat franco-mauritanien. « La Mauritanie n’est pas un état qui s’affiche comme un état qui trafique ou qui encourage le trafic de drogue, mais qui en revanche est très présent dans la lutte anti terroriste », a expliqué le député de la 10ème circonscription des Français de l’étranger.Cet homme de réseaux et d’amitiés connaît bien l’Afrique politique et économique puisqu’il a officié à la Compagnie Générale des Eaux pendant les années Jean-Marie Messier.Lorgeoux comme un princeGrand connaisseur de l’Afrique, le sénateur Jeanny Lorgeoux a décroché, lui aussi, son téléphone pour faire la leçon à Noël Mamère. Peu après, Jeanny Lorgeoux était reçu en grande pompe à Nouakchott, la capitale mauritanienne. Lors de sa visite, celui qui est Président du groupe d’amitié franco-mauritanien explique, droit dans ses bottes, que « l’exercice du pouvoir qui ne consiste pas seulement a prévoir l’idéal mais a gérer le réel, est extrêmement délicat, compte tenu des moyens financiers. Par rapport à ce que l’on voudrait faire et ce que l’on peut faire, il me semble que la Mauritanie fait l’objet d’une gouvernance avisée. »Après la Mauritanie, modèle de gouvernance, c’est au Burkina-Faso que Lorgeoux s’est rendu en février. Le sénateur, un proche de Jean-Christophe Mitterrand, fils de l’ancien président, soigne ses réseaux.Loncle, ami de la première heureIssu de la vielle garde du Parti socialiste, journaliste de formation, François Loncle était un proche de Laurent Gbagbo. C’est même un des rares, avec Dumas et Vergès, à avoir continué à le défendre jusqu’à l’intervention française. Il a lui aussi beaucoup traîné en Afrique à la grande époque des réseaux Mitterrand. On lui prête un rôle actif dans le rapprochement entre Aziz et la France à la veille de son coup d’Etat de 2008. Aujourd’hui vice-président du groupe d’amitié franco-mauritanien, il se rend régulièrement à Nouakchott.Décidément, on a beau essayer de croire que « la Françafrique c’est terminé », ici et là, ses dinosaures continuent à s’activer. CLEMENT COURTOIS