SEM Hervé Besancenot s’entretient avec Birame Dah Abeid

« Que pense IRA du dialogue politique et des élections présidentielles prochaines ? »

L’ambassadeur de France en Mauritanie, SEM Hervé Besancenot, s’est rendu lundi 7 avril 2014 au P.K 10, au domicile de Birame Dah Abeid, président de l’Initiative de résurgence du mouvement abolitionniste (IRA) et candidat déclaré à l’élection présidentielle de juin 2014. Il était accompagné de plusieurs de ses collaborateurs. C’est du moins ce que rapporte un communiqué publié par la Commission de communication du mouvement IRA en date du même jour.

Au cours de l’entretien, le diplomate français s’est enquis de l’éventuel blocage qui pourrait empêcher sa candidature, d’autant plus selon lui, que l’opposition serait en train de négocier une révision constitutionnelle pour corser davantage les conditions de candidature à la magistrature suprême. Il s’est également enquis de la contribution que pourrait apporter le candidat Birame au dialogue actuel, malgré ses divergences avec la Coordination de l’opposition démocratique (COD) tant en termes de thèmes de préoccupations que de centres d’intérêts. L’un des collaborateurs du diplomate fera remarquer à Birame que certains lui reprochent de ne se préoccuper que d’une seule frange de la population mauritanienne.

Le dialogue politique

Dans sa réponse, le président de l’IRA a reconnu que le plus grand obstacle qu’il pourrait rencontrer viendrait d’une conjugaison des forces dominantes en vue d’écarter le courant antiesclavagiste qu’il dirige de la scène politique. Pour parvenir à cette fin, dira-t-il en substance, elles s’adonnent à la supercherie, à la diffamation et à la propagande pour salir la réputation de ce courant et celle de son candidat. L’objectif est de pousser, selon lui, les autorités, à ne pas accepter sa candidature, malgré le fait qu’IRA n’a jamais mené la moindre action de violence ni commis le moindre acte répréhensible aux yeux de la loi, malgré aussi que son président est toujours resté cohérent au cours de toutes ses sorties médiatiques, ses discours et ses communiqués de presse, conformément à sa ligne de non violence et à la règlementation nationale et internationale.

Ainsi, pour Birame Dah Abeid, l’action pacifique de son combat, la légalité de ses revendications et la volonté ferme d’atteindre ses nobles objectifs, en faveur des défavorisés et des marginalisés, font partie d’un arsenal d’actions qui ont poussé de larges franges de la population à adhérer à IRA et à exiger de son président qu’il joue un rôle politique de premier plan.

Il dira que les arrestations dont il fut l’objet, lui et ses compagnons, ont prouvé qu’il était et qu’il reste toujours un espoir pour un large public assoiffé de liberté, de justice et d’égalité. Selon lui, ce public fait de militants et de sympathisants, voir de simples soutiens, ont toujours fait preuve d’un niveau exceptionnel de courage et de sacrifice, en multipliant les marches, les sit-in, les meetings et les conférences pour exiger notre libération. Cette mobilisation prouve ainsi, selon Birame, le respect dont jouit IRA et son président. C’est ce qui, d’après lui a provoqué la colère du pouvoir et des forces obscurantistes dominantes, celles qui s’apprêtent maintenant et par des voies tacites, à empêcher la candidature du leader de l’IRA, car cette candidature est considérée, avec juste raison d’ailleurs, comme celle de la rupture avec toutes les pratiques iniques du passé. Pour Birame, sa candidature est une sortie claire de la zone rouge, celle que se réservent les candidats classiques et leurs alliées des forces obscurantistes, qui ont toujours dominé la scène politique, économique, culturelle et religieuse.

Sa candidature est également, une sortie habile et intelligente des contraintes qui empêchent tout progrès fait sans confrontation et sans pagaille, mais aussi sans violence, alors qu’elle devait se faire conformément à la légalité constitutionnelle, pour bâtir une Mauritanie plus juste, plus égalitaire. Il a ajouté que c’est cette voie saine qui a poussé les habitants de Nouadhibou, de Zouerate et de la Vallée à sortir en masse pour l’accueillir au cours de sa récente tournée. Selon lui, la majorité des électeurs Haratines et Négro-mauritaniens ont été exclus du Recensement à vocation électorale, un autre handicap à sa candidature, précisera-r-il.
Pour ce qui est du dialogue marathon entre le pouvoir et l’opposition, ne plaide nullement pour la démocratie mauritanienne, et ce que celle-ci ne peut se construire que sur des bases solides, par le contact direct avec le public pour lui apprendre ses droits, la manière de les obtenir.

Selon lui, la meilleure manière légale et pacifique de porter les revendications populaires, est la participation, et encore la participation, mais aussi la préservation des acquis avec un doigt sur l’endroit où persiste le mal. Birame dira que l’IRA et son président n’usent pas, contrairement aux autres, de formules redondantes ni ne travaillent sur des agendas extérieurs, mais ils se frottent à la population, portent leurs préoccupations, expriment leurs douleurs et combattent pour leur arracher leurs droits et améliorer leurs quotidiens. Pour Birame, l’opposition paraît plus rétrograde que le pouvoir. Quand Mohamed Ould Abdel Aziz avait annoncé qu’il allait exécuter Birame, illustre-t-il en substance, après l’autodafé des livres du « Code esclavagiste », l’opposition a applaudi la décision et a même mené une campagne de dénigrement contre le mouvement antiesclavagiste et son président. « Jusqu’à nos jours, ajoute-t-il, les leaders de cette opposition en veulent encore au pouvoir de ne pas avoir enfreint les lois en passant à notre exécution », et cela « malgré la décision de la justice et son incapacité à prouver les charges retenues contre nous » conclut-il.

Ce qu’Aziz avait promis

Pour Birame, IRA ne se préoccupe pas seulement d’une seule communauté et qu’aujourd’hui le mouvement compte plus de militants et sympathisants négro-mauritaniens que n’importe lequel de leurs leaders politiques. Selon lui, c’est parce que IRA a fondé sa lutte sur le contact direct avec les populations, a pris en charge leurs préoccupations et a défendu leurs causes. Il cite le dossier des veuves et orphelins du Passif humanitaire, les rapatriés du Sénégal, « et cela a été prouvé durant notre tournée dans la Vallée » illustra-t-il. Il a aussi cité la présence au sein de l’IRA de hautes personnalités de la communauté arabo-berbère malgré les pressions exercées sur elles par leurs cercles tribaux, malgré leur marginalisation.

Birame a déclaré s’être entretenu avec le président Mohamed Ould Abdel Aziz sur des solutions à apporter dans divers domaines, dont le problème de l’esclavage. Selon lui, le président lui avait promis de reconnaître IRA et son parti RAG (parti Radical pour une Action Globale), de faire appliquer les lois sur l’esclavage, de faire cesser la marginalisation dont sont victimes les Haratines, comme autant d’intention de sa bonne foi. « Mais il a trahi ses engagements et les a niés » reconnaît Birame.

Concluant sa rencontre avec l’ambassadeur de France, Birame a conclu qu’il ne réclame pas un gouvernement de consensus, ni avantages, car selon lui, « les droits s’arrachent ». Pour lui, « ce que nous demandons, c’est de nous permettre d’exercer notre droit constitutionnel dans la compétition démocratique et que le peuple soit le seul arbitre ». Enfin, Birame a déclaré qu’il entrera dans la compétition avec une forte volonté et de grandes ambitions et qu’il n’est point question pour lui d’alliance, au moins dans le premier tour.

C.A
jeudi 10 avril 2014
Source : Authentique