Durant notre adolescence, nous avions vu en l’Armée Nationale , (c’était alors une petite institution entourée d’un séduisant mystère ), un refuge pour échapper à la stratification odieuse de la société traditionnelle et
le dévouement surfait au parti unique, qui prévalait à l’époque. C’est pourquoi, lorsque des émissaires du commandement de l’Armée sont venus au Lycée National , nous lire un appel au volontariat pour défendre la patrie, la majorité des présents n’a pas hésité !
En effet, nous trouvâmes L’armée, qui n’était pas sans défauts, fondée en grande partie sur un ensemble de principes basés sur l’égalité entre tous les individus, en droits et en devoirs, et garantissant aux hommes distingués et diligents, la récompense proportionnelle à leur mérite.
Bien qu’il y ait eu des chefs arrogants, porteurs de certaines idées réactionnaires, ils se caractérisaient par un degré d’honnêteté et de grandeur, qui les empêchait de transgresser les lois et règlements, régissant L’armée. Le favoritisme n’était pas aussi répandu qu’on le voit aujourd’hui, et les auteurs de fautes contre l’honneur, ne pouvaient pas se dérober à leurs responsabilités, quels que soient le grade ou la relation de parenté avec les plus hautes autorités.
Les officiers constituaient une véritable élite, de par les hautes valeurs morales et éthiques qu’ils portaient, et dont ils ne pouvaient , en aucun cas, se départir !
De nos jours, malheureusement, les officiers sont devenus, franchement – à l’exception de ceux, épargnés par le le tout-puissant Allah – méconnaissables;
Violant au grand jour le code d’honneur auquel ils auraient dû être astreints :
La sobriété, la droiture et le courage.
S’abstenir de se compromettre en politique.
Éviter de s’afficher dans les lieux de plaisance ou en compagnie équivoque.
Ne jamais chercher à obtenir des promotions par « coup de piston
« ….s’élever au dessus du vice et de la calomnie.
Tout le contraire de ce que nous voyons aujourd’hui !
Nous voyons des Officiers Supérieurs, ou Généraux se positionner en pôles politiques et financiers , autour desquels viennent s’assembler et graviter des constellations de clans tribaux, de « dignitaires », de fonctionnaires,
d’officiers, de soldats, de marchands, de courtiers et de partisans de tout genre.
De sorte qu’il n’est plus possible d’organiser un véritable concours de recrutement de fonctionnaires, ou de soldats, ni même une sélection pour l’attribution de bourses d’études. De même, impossible d’opérer en toute transparence et équité, une distribution d’aides aux nécessiteux, une élection politique, ou syndicale du fait des interventions intempestives des généraux et officiers de haut rang. Même un simple employé d’une entreprise privée ne peut plus être sanctionné pour une faute professionnelle, car son responsable pourrait voir derrière lui l’un des chefs de cette armée, qui n’est plus l’un piliers essentiels de la structure de l’état moderne, mais plutôt, une cause de nombreuses confusions dans la plupart des aspects de la gestion de l’état.
Enfin, certain de ceux qui se sont libérés de leurs devoirs et de l’éthique de leur profession, nous fait circuler des enregistrements qui fustigent certaines tribus et incite à la mobilisation d’autres !
Comment en sommes-nous arrivés là ?
Pouvons-nous espérer que notre chère patrie se relève de ce précipice où elle est tombée, avec l’existence d’une pareille armée?
Capitaine à la retraite Mohamed Ould Yahya Ould Abdi