Ces ateliers auxquels le parti UPR a convié des cadres et militants choisis au sein de ses élus et de ses structures dirigeantes centrales et régionales abordent, sans tabous, deux questions qui occupent une place de choix dans le programme « Taahoudati » (mes engagements) du président Ghazouani.
Une importance que le président du parti au pouvoir, Sidi Mohamed Ould Taleb Amar ne manquera pas de souligner dans le discours d’ouverture qu’il a prononcé devant la centaine de cadres du parti appelés à « discuter des mécanismes appropriés pour le renforcement de l’unité nationale et l’éradication de toutes les séquelles de l’esclavage ».
Un atelier similaire, organisé il y a quelques mois à Nouakchott, avait déjà balisé le terrain pour une réflexion plus poussée ayant pour objectif de proposer des solutions de nature à transcender ces deux problématiques souvent exploitées dans le mauvais sens par ceux qui ne prennent pas en compte la nécessité de repartir sur de nouvelles bases n’hypothéquant pas l’avenir des générations futures.
« Il n’y a nulle gêne que nous ayons des problèmes pendants qui nécessitent la recherche de solutions, et il n’est pas surprenant que nous ayons des séquelles d’époques révolues et des transgressions dont ont été victimes certains d’entre nous, mais le tort serait de ne pas diagnostiquer ces tares et d’œuvrer pour trouver les moyens adéquats pour les dépasser, étant entendu que l’erreur est possible, mais ne pas la corriger est inacceptable. »
L’UPR annonce, par la tenue de ces ateliers sur des questions qui, hier, fâchaient, sa nouvelle vision sur les problématiques posées. Le parti appréhende fort bien, en tant que bras politique du pouvoir, que c’est lui qui propose, en fonction des engagements du président de la République dans les différents programmes et politiques sectoriels présentés dans « Taahoudati » (mes engagements) et dans « Awlawiyati » (mes priorités) mais que c’est au gouvernement de mettre en œuvre cet agenda dont les contours ont été déterminés dès 2019, lors du discours-programme d’Ould Ghazouani alors candidat à la présidentielle.
Le discours du président de l’UPR, Sidi Mohamed Ould Taleb Amar, et les deux présentations qui ont suivi ont servi d’axes de réflexion pour les débats de la première journée de l’atelier. Le président du parti qui a tenu à suivre tout le débat (plus de 100 interventions) avait déclaré qu’aucun avis ne sera censuré, réclamant seulement que les interventions portent sur les sujets retenus comme thème de l’atelier.
A propos de l’unité nationale
En présentant la communication sur l’unité nationale, Sidi Mohamed Ould Bouna dit El Moudir dira, à la suite du président de l’UPR, qu’il s’agit d’une nouvelle vision qui n’éprouve aucune gêne à poser les questions qui fâchent, précisant néanmoins que ce n’est pas là une volonté de culpabilisation mais d’engagement du parti à mettre à disposition du pouvoir, dont il est le bras politique, sa vision sur des questions essentielles comme l’unité nationale et l’éradication des séquelles de l’esclavage malheureusement déviées parfois à d’autres fins.
« L’unité nationale est le fondement du développement », dira Moudir Ould Bouna ajoutant que, dans le cas de la Mauritanie, sa position géostratégique la transforme en défis qui nécessitent, pour en venir à bout de prendre des mesures comme le respect des droits humains, des réformes foncières, la lutte contre les séquelles de l’esclavage considéré comme un « tort historique », envers une partie importante de la communauté nationale, qui doit être réparé.
« Des pas importants ont été franchis dans ce sens », poursuit le conférencier, évoquant les programmes mis en œuvre par le gouvernement et inspirés directement de « Taahoudati » du président Ghazouani, ainsi que la vision du parti UPR mise en exergue lors de son deuxième congrès ordinaire. Pour Ould Bouna, la solution à ce problème et celle qui découle des aléas encore présents des douloureux évènements de 89, doit être trouvée par tous les Mauritaniens, pas par un groupe ou une communauté donnés. C’est pourquoi, l’UPR considère que la décision politique de transcender ces problèmes, en commençant par poser les questions sans tabous et d’en débattre, est historique comme l’est aussi l’ouverture et l’apaisement adoptés par le président de la République et qui ont enclenché une nouvelle dynamique au niveau de l’UPR par le rapprochement et la discussion avec d’autres forces politiques, y compris au sein de l’opposition, qui est d’avis que ces questions doivent être débattues et réglées de manière consensuelle.
Pour atténuer les disparités sociales et économiques existant pas seulement au niveau des individus et des groupes mais aussi des régions (Nouakchott et Nouadhibou par opposition au reste du pays), les mesures prises au niveau de la réforme foncière, de la création de Taazour, de l’assurance maladie qui profite à un demi-million de citoyens issus de couches défavorisées, constituent un début de solution qu’il faut saluer et soutenir énergiquement.
Les séquelles de l’esclavage
Commençant par remercier la direction de l’UPR qui lui donne « l’opportunité de parler devant des participants venus de quatre wilayas du pays (Gorgol, Brakna, Guidimagha, Trarza) en abordant des thèmes aussi importants que l’unité nationale et la lutte pour l’éradication des séquelles de l’esclavage évoquées ouvertement pour la première fois, Me Mohamed Mahmoud Ould Emmatt a exhorté les cadres et militants présents à donner leurs avis au parti qui se charge d’en prendre compte dans l’élaboration de sa vision sur ces deux questions et de le transmettre au pouvoir dont il constitue le bras politique.
Le conférencier a fixé ensuite les axes de son intervention autour de 4 points, à savoir un rappel historique, l’état des lieux, la vision du parti et quelques enseignements et propositions livrés comme début de solution. Il dira que, comme beaucoup de pays dans le monde, la Mauritanie a connu le phénomène de l’esclavage dans ses pratiques les plus abjectes et qu’à son arrivée, le colon a décidé de « faire avec » pour des raisons qui lui sont propres.
A l’indépendance du pays, la constitution se devait de respecter la déclaration des droits de l’homme, ce qui est censé mettre un terme, de jure comme de facto, à cette pratique d’un autre âge. Il en sera de même avec la loi de 1981, première dénonciation sans équivoque du phénomène, mais qui a péché par le fait qu’aucune mesure d’accompagnement n’a été prise pour que la pratique cesse. Il y eu ensuite le pouvoir élu de 2007 et les divers dialogues de 2012 et 2015 mais toujours pas l’ombre d’une solution pouvant donner l’espoir que l’éradication des séquelles de l’esclavage pourrait se réaliser un jour ! Le chômage, la pauvreté, la « déscolarisation », le retard économique, les effets sociaux et psychologiques sont autant de « marques » visibles tendant à montrer qu’il y a nécessité de faire quelque chose.
Dans ce cadre, la vision du parti UPR tranche nettement entre un « avant » et un « après », ne serait-ce que par la volonté de poser les questions en s’appuyant sur le programme de refonte globale du président de la République, Mohamed Ould Cheikh Ghazouani et sur la déclaration du Parti à l’issue de son deuxième congrès ordinaire qui voit ces problèmes non pas comme une question qui doit être portée par un groupe mais l’affaire de tous. La sensibilisation, à tous les niveaux (imams et oulémas, partis politiques, société civile), la révision de l’arsenal juridique et la formation de ressources humaines capables d’aller dans le sens de la nouvelle vision sont des mesures dans le sens de ce qui est mis en œuvre actuellement à travers « Taahoudati » et « Mes priorités » du président de la République, avec des résultats probants, malgré le temps court déjà écoulé (2 ans) et les conditions particulières (pandémie) que traversent la Mauritanie – et le monde entier.
Mohamed Ould Brahim