Aziz : « les députés ont reçu 300 millions pour qu’ils approuvent la création de la commission d’enquête »

Ce jeudi 15 avril, dans les colonnes de Jeune Afrique, l’ancien président Aziz donne des coups à l’opposition et à son vieil ami de 40 ans, Ghazouani, sans le citer nommément. Aziz n’épargne pas non plus les députés qui ont mis en place la Commission d’enquête parlementaire (CEP), à l’origine d’un rapport explosif de huit cents pages qui le présente comme le décideur d’un système mêlant abus de pouvoir et corruption.

« A la veille du vote [de la mise en place de la CEP], ils ont donné 300 millions d’anciennes ouguiyas aux parlementaires pour qu’ils approuvent la création de la Commission d’enquête », révèle l’ancien président Aziz.

« On gaspille l’argent public au moment où les populations en ont le plus besoin. […] Ils ont fermé toutes les boutiques de distribution du programme alimentaire Emel, subventionnés par l’Etat afin de permettre aux plus démunis de s’approvisionner en réduisant de 40% les prix des produits de première nécessité. Dans le même temps, ils ont augmenté les salaires des députés de près d’un demi-million en deux ans. On engraisse les plus riches et on tourne le dos aux plus misérables. C’est une situation choquante et l’opposition n’en parle », ajoute Aziz.

L’ancien président Mohamed Ould Abdel Aziz s’est également livré sur la politique d’apaisement et d’ouverture prônée par son successeur.

« Lorsque j’étais à la tête du pays, je n’ai jamais accepté de museler l’opposition. Mais il y’a eu récemment tellement de compromissions que je n’ai en effet pas besoin d’alliés parmi ceux qui ne jouent ni leur rôle d’opposants, ni de partisans. Tout ceci ne peut avoir cours dans une démocratie normale, c’est un complot ourdi contre le peuple mauritanien », a-t-il dit.

Cette sortie a été une occasion pour Aziz d’exprimer sa « contradiction » par rapport à la gouvernance du pays, car, rappelle-t-il, « je n’avais jamais pris l’engagement d’arrêter la politique, après tous les efforts que j’ai faits pour tenter d’améliorer les conditions de vie de la population et de sécuriser le pays ».