Sur place, il fut confronté à ses anciens collaborateurs, invités à répéter de face, les accusations qu’ils ont proférées à son encontre portant sur des « directives qu’ils auraient reçues de sa part, les obligeant à exécuter des actes administratifs » aujourd’hui classés par la Commission d’enquête Parlementaire dans le registre de « corruption, détournement de biens publics, et haute trahison ». Et ce fut sans gêne que les personnes cibles auraient exactement repris et répétés les termes de leurs déclarations contenues dans les PV de la police !
En face, fixant ses interlocuteurs les yeux dans les yeux, Ould Abdel Aziz a persisté dans son refus de s’exprimer devant la police.. Malgré le silence de marbre, cette dernière a fait parler les personnes interpelées, qui ont, toutes, réitéré leurs accusations, soutenant qu’elles avaient été sommées de conduire certains marchés dans des « conditions floues ».
Il s’agit de Bemba Ould Daramane (ancien ministre du commerce), Merteiji Ould El wavi (ancien DG de la Sonimex), Sid’Ahmed Ould Raiss (ancien gouverneur de la BCM), qui ont évoqué le dossier de la Sonimex.
La confrontation a surtout tourné autour d’une garantie financière accordée à la Sonimex pour faire venir en Mauritanie, un investisseur étranger – qui a finalement disparu- et qui a fait perdre à la société 120 millions d’anciennes ouguiyas.
Suivit le cas de l’ancien aéroport : ce fut l’occasion pour l’homme d’affaires Mohyedine Ould Ahmed Salek – maitre d’ouvrage- et l’ancien ministre des transports, Yahya Ould Hademine de fournir des explications sur les conditions et raisons ayant motivé la construction du nouvel l’aéroport et aussi sur le marché qui a conduit à céder de larges superficies au niveau de la zone nord de Nouakchott.
Puis ce fut au tour de Moktar Ould Diay d’être entendu sur la convention d’octroi d’un prêt de 50 millions de dollars, au profit de la société Ennejah,. Cette affaire sera aussi évoquée avec Mohamed Salem Ould Béchir ancien ADG de la Snim et Mohamed Abdallahi Ould Oudaa, ancien ADG.
Suivit le dossier de l’ENER avec les explications de deux anciens Premiers ministres, Yahya Ould Hademine et Mohamed Salem Ould Béchir. Qui reviendront sur les raisons et les conditions de liquidation de cette entreprise routière.
Autre dossier, objet d’interrogatoire, celui de la Fondation de la Snim : la confrontation a eu lieu entre Mohamed Ould Abdel Aziz et Ahmedou Ould Jelvoune, ancien ministre de la santé autour de la construction par la Fondation de l’hôpital des maladies virales, Yahya Ould Hademine et Mohamed Abdallahi Ould Oudaa seront à leur tour entendus dans le dossier de la Fondation de la Snim sur la construction d’une maison au profit de l’ancien président en Inchiri.
Ladite maison aurait coûté 6 milliards d’ouguiyas avec un approvisionnement en eau branché à l’Aftout Sahili qui serait revenu à 2 milliards d’ouguiyas !
La fondation de la Snim sera aussi évoquée avec Sid’Ahmed Ould Babe, ancien commissaire à la sécurité alimentaire, notamment dans un marché portant sur l’acceptation et la distribution des aliments de bétail achetés par la Fondation de la Snim auprès du groupe Ghadda préalablement refusés par le CSA.
Dernière séance tenue par la police, celle qui a regroupé l’ex-président de la République à Hassena Ould Ely, ancien ADG de la Snim et Mohyedin Ould Ahmed Salek. Malgré le silence de plomb de Ould abdel Aziz, les deux hommes se sont exprimés sur le marché de la vente du gisement de F’derik.
Il faut dire que ces face-à-face ont duré au minimum chacun 45 minutes, devant un Ould Abdel Aziz muré dans un total silence et qui finalement a été autorisé à rentrer chez lui, non sans s’être vu notifié à nouveau qu’il n’était pas autorisé à sortir de la Wilaya ouest de Nouakchott.
Dans la journée de mardi, les soutiens de l’ex-président réagiront en publiant un communiqué dans lequel ils dénoncent ce qu’ils considèrent comme une » nouvelle surenchère dangereuse qui constitue un défi à la constitution du pays, à ses lois, à ses traditions et à la culture de son peuple » et qui intervient dans le cadre « d’une parodie d’enquête sur la gabegie « .
Ils ont estimé à l’occasion, que cette histoire de commission parlementaire est une manœuvre du pouvoir pour cacher ses faiblesses à répondre aux sollicitations du peuple et qu’elle constitue un véritable recul des libertés fondamentales pour lesquelles le peuple a longtemps lutté.
Selon eux, ‘’la création de cette commission est une violation de la constitution qui n’a à aucun moment prévu sa mise en place et elle n’a été entreprise que pour régler des comptes avec le président Mohamed Ould Abdel Aziz dont les convocations répétitives par la police sont une violation flagrante de ses droits garantis par les dispositions de l’article 93 de la constitution « .
.Faut-il rappeler qu’au terme de son interrogatoire en août dernier, l’ex-président n’a pas été inculpé, mais son passeport a été retenu. A l’époque, il s’était muré dans le silence, dénonçant une fois chez lui, « un règlement de compte » et « une détention arbitraire ».
JOB