Le collectif des avocats qui défendent l’ex-président mauritanien proteste. De nouvelles auditions ont eu lieu le week-end dernier, dans le cadre de l’enquête préliminaire portant sur les soupçons de prévarication lors des deux mandats effectués par Mohamed Ould Abdel Aziz (2008-2019).
Alors que l’ancien chef de l’Etat a continué à observer un silence absolu, ces confrontations sont vivement dénoncées par son comité de défense, dans un communiqué de presse publié hier, lundi 28 septembre 2020.
Cette enquête préliminaire à l’origine de ces confrontations, est menée sur la base un rapport établi par une Commission d’enquête parlementaire (CEP), dénonçant des faits de prévarication et de corruption au cours des deux mandats de l’ancien président Mohamd Ould Abdel Aziz, dont l’attribution de 109 marchés publics, dans les domaines de l’énergie, des infrastructures, la gestion de la Société nationale industrielle et minière (SNIM), une concession portuaire, la gestion du Fonds national de revenus des hydrocarbures (FNRH), un contrat de pêche et la liquidation d’entreprises publiques.
Toutefois les avocats de la défense de l’ex-président ont relevé et dénoncent une série d’irrégularités dans la procédure de ces toutes dernières auditions, au cours du week-end dernier.
Le document dénonce notamment «la violation de plusieurs dispositions du droit positif, comme les articles 10,11, 13 et 15 de la constitution relatifs à la protection des droits et libertés, les articles 45 à 77 qui limitent le contrôle parlementaire sur l’action du gouvernement et l’article 93 sur l’immunité de notre client, l’ancien président de la République, Mohamed Ould Abdel Aziz, ainsi que l’article 40 du Code de Procédure Pénale (CPP)».
Les avocats condamnent aussi une mesure prise par le Parquet de Nouakchott, interdisant à Mohamed Ould Abdel Aziz de se déplacer librement hors de l’agglomération de la capitale.
Dimanche dernier, 27 septembre 2020, Mohamed Ould Abdel Aziz s’est retrouvé face à plusieurs confrontations organisées par la police chargée de la répression des infractions à caractère économique, travaillant sous la direction du pôle anti-terroriste du Parquet.
L’ancien président de la République a notamment été confronté à Yahya Ould Hademine, qui fut son Premier ministre de 2014 à 2018.
Cet ancien dignitaire a porté de graves accusations contre l’ancien homme fort de Nouakchott, décrit comme le véritable chef d’une gouvernance qui avait pour objectif un enrichissement personnel.
Les avocats de l’ancien président ont également dénoncé une décision, jugée encore plus restrictive: celle de l’arrêté rendu par le Directeur général de la sûreté nationale (DGSN), au tout début de cette procédure, et qui est à l’origine de la confiscation du passeport de l’ancien président de la République, lui ôtant ainsi la possibilité de quitter le territoire national.
Se référant au contexte politique, pour mettre en avant un discours contredit par la pratique, les avocats de l’ancien chef de l’Etat rappellent que «ces violations flagrantes de la constitution et des lois» interviennent au moment ou les nouvelles autorités annoncent «vouloir poursuivre l’édification d’un Etat de droit, pour asseoir les règles fondamentales d’une République juste et égalitaire, respectueuse des droits humains et du principe de la séparation, conformément au programme du président de la République».
De notre correspondant à Nouakchott
Amadou Seck