La Première Génération des Coups d’Etat Militaires en Mauritanie :
Les observateurs de la scène politique internationale considèrent, à bien des égards, que les indépendances africaines concédées pour la plupart de manière concertée, ou tout au moins, voulue par les puissances coloniales ont constitué de simples passations de pouvoir voire de service entre l’Administration coloniale et des Administrations d’autochtones formés en occident et réformés pour la cause.
Très vite les régimes qui en sont issus, se sont confrontés, vainement, aux dures réalités de la construction de leurs pays où tout est à bâtir et sont devenus impopulaires, à telle enseigne que plusieurs d’entre eux ont été renversés, sans coup férir, par des coups d’Etat.
Dans la foulée, le pouvoir en Mauritanie n’a pas échappé au sort de ces régimes qui tombèrent l’un après l’autre sous l’emprise des armes.
Les sécheresses des années 1967 et 1973 et l’exode rural massif qui s’en est suivi, ainsi que la guerre du Sahara Occidental ont constitué un terreau fertile à un changement par la force du régime civil en place du Président Maître Moktar OULD DADDAH. C’est dans ces circonstances qu’interviendra, le 10 juillet 1978, le premier coup d’Etat militaire de l’histoire du pays dirigé par le Colonel Moustapha OULD MOHAMED SALECK et la création du Comité Militaire de Redressement National (CMRN).
Les nouvelles autorités promettent un retour à l’ordre constitutionnel dans les meilleurs délais et l’instauration d’un régime démocratique qui rompt avec les pratiques jugées comme despotiques de l’ancien régime accablé de tous les maux par une classe politique qui se recherche encore. Très tôt des discordes rongent l’unité de la junte militaire qui se transforme à l’occasion d’un deuxième coup d’Etat survenu le 6 avril 1979 en un Comité Militaire de Salut National. Les promesses furent renouvelées et un processus de participation des masses populaires fut enclenché dont l’objectif est d’éduquer les citoyens et les structurer sur le modèle politico-socio-économique prôné par les officiers militaires au pouvoir.
Les gouvernements successifs de OULD HAIDALLA ont entrepris trois grands chantiers dont les résultats ont tous été mitigés : l’application de la Shari’a, l’abolition de l’esclavage et la réorganisation foncière et domaniale. Sur fond de crise politique sans précédent marquée, en particulier, par la dégradation de l’état des libertés collectives et individuelles, la détérioration des relations avec les pays voisins en particulier le Maroc et le Sénégal et l’inertie des relations diplomatiques avec les pays partenaires d’antan de la Mauritanie, le système a fini par se recroqueviller sur lui-même. Le marasme économique et les violences perpétrées contre toute velléité d’opposition ainsi que les antagonismes internes au Comité militaire ont finalement concouru à la chute du pouvoir du Lt Colonel HAIDALLA le 12/12/1984.
Une nouvelle ère de régime d’exception s’ouvre avec la prise de pouvoir par le Colonel Maawiya OULD SID’AHMED TAYA. Comme tout régime nouveau, celui-ci a commencé par des actions salutaires et populistes telles que la libération des détenus politiques et l’amnistie de tous les mauritaniens condamnés par contumace dans des procès organisés à l’occasion des tentatives des coups d’Etat. A l’instar de ses prédécesseurs, le nouveau pouvoir est déstabilisé par une série de tentatives de coups d’Etat qui seraient l’œuvre à la fois des nationalistes arabes et négros mauritaniens. Malgré l’introduction de certaines réformes politiques qui ont abouti à la mise en place des communes le pays ne tardera pas à connaître une périlleuse crise qui a failli dégénérer en guerre ouverte en avril 1989 entre le Sénégal et la Mauritanie qui s’accusaient mutuellement de génocide envers les populations émigrées de l’un et de l’autre.
De nouveau, les geôles se remplissent et les appels à l’ouverture du pouvoir se font de plus en plus entendre. Dans la foulée, l’affaissement de l’URSS et certains pays de l’Est ainsi que la chute du mur de Berlin conjugués aux discours de la Baule qui conditionne désormais l’aide au développement aux réformes politiques les plus audacieuses, vont acculer les pays africains à répondre aux aspirations de leurs propres opinions publiques et les nouvelles exigences des Etats et des organismes financiers et monétaires internationaux.
D’ailleurs, au cours du sommet de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA) tenu à Adis Abéba en juillet 1990, les chefs d’Etat et de Gouvernement ont proclamé leur adhésion aux principes démocratiques tout en précisant que chaque Etat reste libre de choisir la forme de démocratie qui correspond le mieux à ses réalités propres. La Mauritanie, à l’instar d’autres pays africains a vite pris la mesure de la nouvelle donne internationale.
A suivre …
Source : Kassataya (France)