Le régime politique distingue la façon dont le pouvoir est structuré et exercé au sein d’une entité politique déterminée.
Une telle qualification fait référence aussi à la forme institutionnelle du pouvoir et la pratique résultant de cet acabit institutionnel. Ainsi, un regard rétrospectif, en la matière, permet de classifier les types de gouvernement en trois catégories principales : royauté, aristocratie et démocratie. Cette dernière forme de régime a pu, tant bien que mal, s’imposer, au terme d’un long processus de quête et d’adaptation, en tant que système politique approprié pour répondre aux exigences de l’avènement de l’Etat de droit.
A cet égard, les régimes politiques des pays africains se sont distingués depuis l’avènement de leur indépendance et l’accès à la pleine souveraineté, par une instabilité récurrente et l’absence d’un système fortement institutionnalisé, capable de réguler l’exercice et le partage des pouvoirs au sein de l’Etat. Ainsi, ces régimes se sont particularisés par l’incarnation des systèmes personnifiés, encadrés lors des premières années des indépendances par l’institution du Parti unique, confinant les énergies politiques dans un cadre idéologique de pensée unique pour se maintenir au pouvoir.
Cet apanage politique a favorisé le développement clandestin de certains mouvements contestataires et progressistes qui ont réussi à mobiliser, autour de leurs revendications, un nombre considérable de sympathisants, défiant les préétablis politiques et brisant, à la circonstance, les murs du silence et de la complicité.
A défaut de voie d’alternance démocratique, cette configuration politique soutenue par un environnement socio-économique délétère a justifié, dès la fin des années soixante, la recrudescence de l’intervention de l’institution militaire dans le jeu politique, à travers des coups d’Etat dont l’ampleur ne s’est atténuée qu’au début des années quatre vingt dix avec le déclenchement du processus de démocratisation des systèmes politiques africains.
Cette atténuation des coups d’Etat fut éphémère et la résurgence est observée à bien des égards à travers une nouvelle vague des coups d’Etat militaires qui ont secoué et renversé des régimes pourtant issus des ‘’élections pluralistes’’. D’ailleurs, cette culture d’alternance anticonstitutionnelle est présentement vécue dans quelques pays du continent africain. Sous cette ombre, la Mauritanie n’a pas fait exception. Aussi, après une série de coups d’Etat militaires réussis et une multitude de tentatives avortées, le pays s’est engagé au début des années quatre vingt dix sur le chemin de la démocratie.
Ces successions de régimes opérées en dehors des urnes qui alternaient avec de brefs intermèdes de gouvernements civils, plaçait la Mauritanie à la croisée des chemins entre la perpétuation des coups des forces et la conquête d’un système démocratique stable. La recrudescence de ces coups d’Etat militaires n’induit-elle pas l’intérêt d’appréhender le rôle historique et politique de l’institution militaire ainsi que les expériences controversées des régimes démocratiques ?
(A suivre ….)
Source : Kassataya (France)