Le coronavirus ne connaît pas de frontières nationales, de race, de religion, de nationalité ou d’opinion politique. Nous y sommes exposés du simple fait de notre humanité, et nous vaincrons ce virus parce que chacun de nous sait instinctivement que nous devons travailler ensemble en prenant appui sur les atouts que nous confère notre respect des droits de l’homme.
Prenons comme exemple la liberté d’expression. À titre individuel, nous sommes impuissants face à ce virus, nous nous avertissons donc mutuellement en utilisant tous les moyens de communication dont nous disposons.
Nous échangeons des informations vitales sur la maladie et sa propagation et sonnons l’alarme si quelque chose (ou quelqu’un) représente une menace pour nos communautés.
Ou prenez la liberté de religion ou de conviction. On peut y chercher conseil au niveau spirituel et une protection contre la pandémie, individuellement ou au sein de la communauté.
Ensuite, il y a le droit de réunion pacifique et de libre association. Nous travaillons en collaboration avec d’autres personnes pour veiller au soutien et à la sécurité de nos premiers intervenants et des travailleurs essentiels mobilisés, notamment par le biais d’actions de plaidoyer en ligne.
Et, parce que notre vie en dépend, nous attendons de nos dirigeants politiques qu’ils nous disent la vérité sur les défis à venir et acceptent la critique et la responsabilité avec humilité, grâce et compassion. C’est une question de responsabilisation politique et morale.
Lorsque nos dirigeants et nos médias diffusent des informations crédibles et opportunes sur les risques et les avantages, les citoyens peuvent faire des choix éclairés sur les moyens de se protéger, de protéger leurs familles et leurs voisins.
Sans ces libertés et la responsabilité qui les accompagne, il est impossible de mettre au point les médicaments qui permettront de vaincre ce virus, ou de formuler les stratégies politiques et financières nécessaires au rétablissement de nos économies. C’est au gouvernement qu’il incombe de protéger l’une et l’autre.
Les hauts fonctionnaires qui choisissent de protéger leur pouvoir et leur fierté plutôt que la santé et le bien-être de leur population mettent en danger la santé et l’avenir de leur propre peuple. Nous savons qu’un avenir radieux est possible après la pandémie si – et seulement si – les gouvernements écoutent et servent le public en cette période d’adversité.
Les systèmes autoritaires, en revanche, révèlent leurs faiblesses en temps de crise. Les gouvernements qui emprisonnent ou oppriment ceux qui voudraient nous avertir qu’il existe un problème grave se réfugient dans la forme la plus grossière de déni. Les gouvernements qui interdisent ou cherchent à limiter la publication d’informations vitales, ou à limiter la collaboration scientifique, sociale ou politique, menacent non seulement la vie de leur propre population, mais aussi celle de personnes d’autres pays. Et les gouvernements qui se servent de cette pandémie pour écraser l’expression religieuse considérée comme une menace à leur contrôle répriment à la fois les instincts de leur peuple et une source profonde de force personnelle et de solidarité sociale.
Il est contraire au concept même des droits de l’homme de supprimer la communication d’informations cruciales sur la santé publique. La « sécurité du public » passe par la liberté et la responsabilité politique. Sans cette responsabilité, nos communautés sont exposées à un risque inacceptable. En revanche, l’histoire a montré que les résultats des dirigeants qui sont vraiment transparents, responsables et à l’écoute des critiques de leurs citoyens sont en relation directe avec la sécurité et la prospérité des familles et des communautés qu’ils servent.
Des démocraties comme Taïwan, la Corée du Sud, l’Allemagne et les États-Unis ont fait preuve d’ouverture et d’honnêteté en ce qui concerne les chiffres alarmants, mais également les tactiques agressives qu’elles utilisent pour lutter contre le virus. Les démocraties de première ligne comme Taïwan et la Corée du Sud ont été parmi les premières à constater des infections en dehors de Wuhan et ont rapidement réussi à prévenir la propagation incontrôlée du virus sans recourir à l’oppression et à la peur.
En tant qu’Américains, nous sommes fiers que nos secteurs public et privé – dans le cadre d’une approche englobant l’ensemble de l’Amérique – aient déjà mobilisé des ressources pour aider à lutter contre COVID-19. Depuis le début de l’épidémie, le gouvernement américain a engagé 775 millions de dollars d’aide à ce jour et des entreprises, des ONG, des organisations confessionnelles et des particuliers américains ont contribué à hauteur d’au moins 3 milliards de dollars sous forme de dons et d’aide pour lutter contre le virus. Ici en Mauritanie, nous avons annoncé cette semaine l’octroi d’un financement supplémentaire du gouvernement américain à l’UNICEF à hauteur de 250 000 $ qui a pour objectif de soutenir le plan de réponse COVID-19 du gouvernement mauritanien.
Le proverbe africain selon lequel : « Si vous voulez aller vite, allez seul. Si vous voulez aller loin, allez-y ensemble » témoigne d’une profonde sagesse. Le peuple américain peut vous dire que vous n’êtes pas seuls face à cette crise. Nos communautés font face aux mêmes souffrances et aux mêmes défis que vous. Les Américains sont à vos côtés – sur un pied d’égalité – dans cette crise. Il n’y a pas d’autre moyen. Nous surmonterons cette crise en réaffirmant ce qui nous rend humains et libres : une communication honnête et transparente, une collaboration créative et une véritable responsabilité envers nos êtres chers et nos communautés.
Nouakchott le 08 mai 2020
Michael Dodman
Ambassadeur des Etats-Unis d’Amérique en Mauritanie