C’était en compagnie de l’Ambassadeur chef de la délégation de l’Union européenne en Mauritanie, le maire de Riadh et les représentants d’ONGs partenaires du programme SAFIRE, un programme financé par le Fonds fiduciaire d’urgence pour l’Afrique de l’Union européenne.
« L’Espace vert JENNA ! » Un Eden sorti d’une terre ingrate, au PK 17 de la commune de Riadh, sur la route Nouakchott-Rosso !
Cet espace vert a été inauguré mercredi 21 avril 2020 par le Ministre de l’Emploi, de la Jeunesse et des Sports, Taleb Sid’Ahmed, en compagnie de l’Ambassadeur chef de la Délégation de l’Union Européenne en Mauritanie, SEM. Giacomo Durazzo, du maire de la commune de Riadh, Abdallahi Ould Driss, ainsi que plusieurs autres personnalités représentant le consortium d’ONGs qui forment ce partenariat public-privé.
Un partenariat financé par le Fonds fiduciaire d’urgence pour l’Afrique de l’Union européenne à hauteur de 10 millions d’Euros.
Espace-test agricole JENNA
Au PK17 sur la route Nouakchott-Rosso, sur la piste en terre battue menant vers la centrale qui alimente Nouakchott en eau à partir du Fleuve Sénégal, est né un espace vert. Il y a trois mois, c’était un no man’s land aride et rocailleux, où planter la moindre pousse relevait de la gageure. Aujourd’hui, « l’Espace-test agricole Jenna » est une réalité qui a vu jour grâce à SAFIRE (Sécurité Alimentaire, Formation, Insertion, Résilience, Emploi), un programme de 4 ans (2019-2023), mis en place par le Fonds fiduciaire d’urgence pour l’Afrique sur financement de l’Union européenne. Ce programme logé au Ministère de l’Emploi et dont l’envergure économique impacte sur la société et l’environnement, cible les populations les plus vulnérables, notamment les jeunes et les femmes.
Ainsi, dans cet espace de 12.000 mètres carrés (m2), dont seuls 8.000 m2 sont déjà exploités, l’Union européenne y a injecté une partie des 10 millions d’euros que le Projet SAFIRE a étendu dans plusieurs autres régions du pays, Guidimagha, Gorgol, Trarza, Brakna, Hodh El Gharbi et Hodh Charghi, en plus de Nouakchott. Ce programme vise à l’insertion professionnelle, la résilience à l’insécurité alimentaire et nutritionnelle, et la promotion des complémentarités économiques et sociales, entre territoires urbains et ruraux, ainsi que les opportunités économiques liées aux dynamiques migratoires.
Sous la visite guidée du technicien chargé de la gestion de l’espace, M.Carlos de l’ONG Agri Sahel, spécialisée dans la production agro écologique, la délégation a visité les parcelles où sont cultivées plusieurs variétés de légumes, pastèques, aubergines, tomates, salades, carottes, entre autres. Ils ont visité la salle de formation théorique, une salle composée d’une quinzaine de tables-bancs et un tableau noir, deux magasins qui devront bénéficier d’une double protection intérieure de briques en matériaux locaux pour les compostes, une salle de culture, un enclos d’une demi-dizaine de chèvres et un poulailler.
Tel est le modèle de ferme moderne qui devrait assurer l’autosuffisance des futurs jardiniers actuellement en formation sur les techniques de jardinage au goutte-à-goutte, ainsi que celle de leurs familles, tout en assurant l’autosuffisance en légumes de la collectivité locale et nationale.
Trente jeunes mauritaniens sont pour le moment présents sur le terrain, sur un effectif de quatre-vingt dix, entre garçons et filles, déjà sélectionnés. A raison du Covid-19 et pour respecter les gestes barrières et la distance sociale, seuls 5 à 6 élèves jardiniers travaillent par jour. Il s’agit de porteurs de projets. Chaque année et pendant 3 ans, trente jeunes pourront ainsi mettre en œuvre leur projet d’activité de production maraîchère ou en lien avec le secteur agropastoral. Au cours de leur apprentissage, ils bénéficieront des moyens de production nécessaires à leurs activités (un site de production équipé, du matériel, une parcelle individuelle de 100 m2).
Ils bénéficieront aussi d’une formation technique sur les pratiques de maraîchage agro écologique, ainsi qu’un accompagnement individuel et collectif pour la gestion et l’orientation stratégique de leurs activités (élaboration d’un business plan, réseautage, intégration de l’activité dans le contexte local, entre autres).
Il est à noter que les revenus tirés de la production reviennent aux stagiaires bénéficiaires de la formation, tout comme les frais liés à l’exploitation, notamment la consommation d’eau pour l’irrigation.
L’activité en cours s’inscrit également dans la lutte contre le Covid-19, notamment ses conséquences socioéconomiques, car elle permet aux bénéficiaires de générer des revenus pour eux et leur famille tout en promouvant la production maraîchère nationale en milieu urbain, contribuant ainsi à l’approvisionnement du marché local face aux turbulences du commerce international.
Témoignages de bénéficiaires
Awa Diagne, d’agricultrice en milieu familial à porteur de projet maraîcher
« Je suis vraiment aujourd’hui une femme épanouie. J’apprends de nouvelles techniques de jardinage que je n’ai jamais connu, bien que me croyant non novice dans le domaine, car j’avais mon propre projet avant cette formation. Je découvre une technique du goutte-à-goutte que j’ignorais, une nouvelle mise à terre que je ne connaissais pas, et des traitements de plantes jusque-là inconnus pour moi. Tenez, je ne savais pas qu’il fallait élaguer la tige de la betterave chaque fois pour qu’elle n’absorbe pas la substance de la plante. Je remercie l’Union européenne et le ministère de l’Emploi pour cette formation de haut niveau, sous la direction d’un expert qui s’y connaît bien, M. Carlos. Je suis issue d’une famille d’agriculteurs, et tout ce qui a lien à la terre est une passion pour moi. Encore mille merci à l’Union européenne et à l’Etat mauritanien pour ce soutien aux jeunes ».
« Le secteur agricole, la solution pour la lutte contre le chômage des jeunes »
A la fin de l’inauguration, le ministre de l’Emploi, de la Jeunesse et des Sports, Taleb Sid’Ahmed a remercié l’Union européenne, « un excellent allié » de son département, a-t-il souligné en substance, précisant que « cet espace que nous inaugurons aujourd’hui, était il y a trois mois, un désert et maintenant, il produit des légumes ». Selon lui, la Mauritanie renferme des potentialités, dans le domaine agricole en particulier, « un secteur à forte potentialité d’emplois pour les jeunes » et une « source d’autosuffisance alimentaire ».
Il est inacceptable d’après lui que la Mauritanie continue d’importer des légumes, alors qu’elle « dispose d’un vaste territoire et abondamment d’eau ». Il a souligné que le gouvernement a donné le feu vert pour accélérer la production agricole dans notre pays. Et c’est dans le cadre du programme SAFIRE financé par l’Union européenne, qu’il a remercié au passage, et placé sous la tutelle du ministère de l’Emploi de la Jeunesse et des Sports, ajoutera-t-il en substance, que « nous sommes venus pour visiter cet espace vert », avant de noter qu’au « moment où nous sommes en train de vaincre le corona, nous avons également la capacité de vaincre toutes les autres crises »
Auparavant, SEM. Giacomo Durazzo devait confirmer l’engagement de l’Union européenne « à accompagner la Mauritanie dans cette période particulièrement difficile, dans cette crise qui touche tout le monde. » Il a rappelé que le soutien européen « se traduit d’une manière plus concrète avec un paquet de 40 millions d’euros, qui ont été exclusivement orientés vers la crise du Covid, notamment dans le renforcement du système sanitaire mauritanien », évoquant l’augmentation de la capacité des programmes de l’Union européenne et leur mutation « pour les rendre plus efficaces et permettre de répondre à la crise sanitaire ».
Il trouve par ailleurs que cet appui ne concerne pas seulement la santé, mais touche aussi « les aspects économiques et sociaux qui sont les plus importants, car affectant la population ». C’est bien dans ce cadre qu’intervient selon lui, « le programme JENNA qui s’inscrit dans le projet SAFIRE, un projet de 10 millions d’Euros à travers lequel nous appuyons la formation de jeunes hommes et de jeunes femmes issus de milieux défavorisés, pour leur apprendre le métier d’agriculteurs et de producteurs pour faire du maraîchage, ce qui est essentiel en ce moment où nous devons penser à l’autosuffisance alimentaire ».
Pour sa part, le maire de Riadh avait développé un long plaidoyer en faveur des jeunes, prenant le Ministre de l’Emploi comme ambassadeur auprès du gouvernement afin « que ces quatre-vingt dix jeunes qui vont être formés à raison de trente jeunes par an, puissent avoir accès à des lopins de terre pour poursuivre leurs activités et appliquer les connaissances apprises en matière de jardinage ». Selon lui, « le climat politique actuel est propice pour donner un coup de pouce à cette expérience », évoquant l’engagement du Chef de l’Etat à travers son programme « Mes Engagements » et les possibilités offertes par l’Agence Taazour. »
Cheikh Aïdara