Le monde est loin d’en avoir fini avec le nouveau coronavirus, alors que l’épidémie n’en est qu’à ses débuts dans la plupart des pays, a averti mercredi l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
« Ne vous y trompez pas : nous avons encore un long chemin à parcourir. Ce virus nous accompagnera pendant longtemps », a prévenu le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, au cours d’une conférence de presse virtuelle depuis le siège de l’agence onusienne à Genève.
Alors que les manifestations anticonfinement surgissent çà et là, comme aux États-Unis et au Brésil, le patron de l’OMS a noté que ces « rassemblements ne feront qu’alimenter l’épidémie » et a appelé les autorités à dialoguer avec les communautés, via notamment des personnalités connues au plan local ou des chefs religieux.
L’Europe la région la plus touchée
La pandémie de nouveau coronavirus a fait plus de 180 000 morts dans le monde depuis son apparition en décembre en Chine, selon un bilan établi par l’AFP à partir de sources officielles.
Les États-Unis, qui ont recensé leur premier décès lié au coronavirus fin février, sont le pays le plus touché tant en nombre de morts que de cas, mais l’Europe reste la région la plus touchée, avec près de 113 000 décès.
« La plupart des épidémies en Europe de l’Ouest semblent être stables ou en déclin » mais « nous constatons des tendances inquiétantes à la hausse en Afrique, en Amérique centrale et du Sud, et en Europe de l’Est », s’est inquiété Tedros Adhanom Tedros.
« L’un des plus grands dangers auxquels nous sommes confrontés aujourd’hui est la complaisance » face à la pandémie, a-t-il ajouté, soulignant que « les premiers éléments indiquent que la majeure partie de la population mondiale reste susceptible » d’être infectée.
Nouvelles critiques américaines
Son avertissement intervient alors que l’OMS est durement critiquée par les États-Unis, qui l’accusent de mal gérer la pandémie. Washington accuse en particulier l’organisation internationale d’avoir tardé à alerter pour ne pas froisser Pékin.
« Nous croyons fermement que le Parti communiste chinois n’a pas signalé l’apparition d’un nouveau coronavirus en temps voulu à l’Organisation mondiale de la santé », a encore déclaré mercredi en conférence de presse le secrétaire d’État américain, Mike Pompeo, soulignant que chaque pays doit déclarer dans les 24 heures à l’OMS toute découverte susceptible de constituer une urgence sanitaire internationale.
Le patron de l’OMS a pour sa part affirmé mercredi que l’agence avait déclaré l’urgence sanitaire internationale, niveau le plus élevé d’alerte, « au bon moment », le 30 janvier, « lorsque le reste du monde avait suffisament de temps pour se préparer ».
« C’était suffisant pour se préparer »
« Nous avons déclenché le niveau le plus élevé alors que dans le monde il n’y avait que 82 cas confirmés et aucun décès », en dehors de la Chine, a-t-il détaillé, précisant qu’il n’y en avait alors que 10 en Europe dont 5 en France. « C’était suffisant pour se préparer et combattre le virus », a-t-il insisté.
Il a rappelé que lors de la première réunion du comité d’urgence de l’OMS le 23 et 24 janvier, les experts ne s’étaient pas mis d’accord pour déclarer l’urgence sanitaire internationale. Il n’a toutefois pas mentionné que la décision finale revient au directeur général de l’OMS.
Le 11 mars, l’OMS a qualifié la crise sanitaire de « pandémie », une appréciation qui ne correspond toutefois pas à une réelle classification. Mais cet appel avait malgré tout déclenché une vague de mesures dans de très nombreux pays.
Deuxième vague
L’Italie, la France, la Suisse, la Finlande et la Roumanie préparent aussi un prudent déconfinement. Le constructeur automobile Renault a commencé à relancer sa production en France, qui avait été interrompue le 16 mars.
Malgré des signes de décélération, le seuil des 112 000 morts a été dépassé sur le Vieux Continent. L’Italie (25 085 morts) et l’Espagne (21 717) sont les pays en Europe les plus atteints, suivis de la France (21 340) et du Royaume-Uni (18 100).
Aux États-Unis, un haut responsable de la santé publique, Robert Redfield, a dit redouter pour l’hiver prochain un épisode « encore plus difficile que celui que nous venons de vivre », en raison d’une possible coïncidence avec la grippe saisonnière.
Berceau du coronavirus, parti de Wuhan fin 2019, la Chine craint aussi une deuxième vague épidémique. Dans le collimateur : les personnes venant de l’étranger. Face à cette menace, la métropole de Harbin, proche de la Russie, a renforcé mercredi ses mesures de restriction.
Ouest-France avec AFP
Source : Ouest-France