Un jour, mon élève de la classe 6ème AF (année fondamentale) m’a posé deux questions pertinentes, en guise de reproche.
– La 1ère : « monsieur, j’ai effectivement constaté voire remarqué que vous ne commentez et n’expliquez jamais les leçons relatives, à histoire de la Mauritanie, dans la classe, et pourquoi ? »,
– La 2ème : « quelles sont les principales raisons qui vous poussent, monsieur, à changer chaque fois, les noms écrits, dans les manuels de « sciences naturelles » de la 6ème année fondamentale, manuel de l’élève ? ».
Perplexe, je me trouve devant un véritable dilemme :
– Ou je réponds immédiatement aux deux questions posées par cet écolier de 12 ans, – Ou je réserve logiquement mes réponses pour le futur.
De toutes les façons, j’essaie de répondre aux questions de cet élève en commençant par l’histoire de la Mauritanie. Celle-ci, à mon avis, est falsifiée par des hommes conscients et farceurs d’où le danger qu’elle manifeste pour les enfants âgés de 6 à 16 ans (=) Ecole primaire.
Et par conséquent, on peut affirmer que l’enseignement de l’histoire de la Mauritanie est interdit aux enfants de moins de 18 ans. Toi et moi voulons, sans doute, cultiver dans l’esprit des enfants (élèves) : la franchise, l’honnêteté et la justice.
Hier, j’avais trouvé, découvert, appris, lu et récité, dans les anciens livres de l’histoire de la Mauritanie, les phrases suivantes : « la Mauritanie a obtenu pacifiquement son indépendance, le 28 novembre 1960 », la Mauritanie n’a jamais livré un conflit armé contre la colonisation française contrairement à l’Indochine et l’Algérie, en 1954 ; la Mauritanie constitue un trait d’union entre le Maghreb et l’Afrique noire ; c’est un pays de paix orienté et guidé par la religion islamique ».
Aujourd’hui, nous trouvons, découvrons, apprenons, lisons et récitons dans les nouveaux manuels de l’histoire de la Mauritanie, les phrases ci-dessous : « la Mauritanie a farouchement lutté contre le pays du général de Gaulle pour accéder à la souveraineté internationale », « la Mauritanie a livré des combats acharnés et sans merci contre la colonisation française », « la Mauritanie n’a jamais baissé ses bras devant les Toubabs».
Je reproduis et commente ici, le tableau, de la page 76 du manuel d’histoire de la 6AF ; manuel de l’élève illustrant les héros de la résistance coloniale en Mauritanie :
Ce tableau est divisé en trois colonnes : le nom du héros, la date du combat et le lieu de la bataille. En lisant attentivement ce tableau, nous constatons qu’il y’a non seulement répétition de dates mais des écarts entre ces différentes dates. Exemple un écart de 27 ans entre 1905 et 1932 ou de 8 ans entre 1908 et 1916.
Sidi O Moulaye Zeîn est-il un homme historique ? Oui, c’est un homme historique car il a tué Copolani, à Tidjikja, en 1905.
Sans transition, passons à la discipline des ʺSciences Naturellesʺ de la 6ème année fondamentale. Dans le manuel de l’élève de cette classe, ouvrons la page 8 et faisons le commentaire composé du texte ci-dessous :
» Ce midi, le repas de Moussa est constitué d’un plat de couscous auquel on a rajouté un peu de beurre et de sel. Amadou mange un morceau de poulet avec son couscous tandis qu’Ahmed déjeune de coucous servi avec du poisson, des carottes et des navets ».
Notre texte commence par un adjectif démonstratif » Ce » et d’un nom masculin » midi » traduisant un temps (12 heures). Un rendez-vous, une alerte à la table. Le repas de Moussa (coucous+ beurre+ sel) = couscous + lipides + eau. Le repas d’Amadou (coucous = viande) = (couscous+ protéines). Le repas d’Ahmed (coucous+ poissons+légumes)= (coucous + protéines+ vitamines).
L’auteur de ce texte emploie le un pronom indéfini » on » avant de rajouter l’adverbe de quantité ʺpeu ». Tout cela traduit une importance qu’on veut donner au repas déséquilibré de Moussa. Quant au repas d’Amadou, il demeure lui, sans goût (couscous+poulet). Amadou mange un morceau de poulet avec son couscous ; manger alors ici signifie dévorer. Manger est comparé à une gourmandise et l’auteur utilise un ton ironique !
Son est un adjectif possessif inséparable au nom coucous.
Ahmed déjeune de couscous = par comparaison au verbe manger, dans le texte déjeuner occupe une place de choix. Servi = participe passé pris comme adjectif qualificatif, épithète du nom couscous. Amadou mange un morceau de poulet avec son couscous = proposition principale.
Tandis qu’Ahmed déjeune de couscous servi avec du poisson, des carottes, des navets = proposition subordonnée conjonctive introduite par la locution conjonctive « tandis que » complément de concession du verbe de la principale « mange ». Autrement dit, concession signifie opposition en grammaire.
Le repas d’Ahmed s’oppose aux deux autres cités au dessus ! Le repas d’Ahmed est très équilibré. L’auteur du texte accorde une faveur, une importance à Ahmed vis-à-vis de Moussa et d’Amadou. Tu as vu mon chèr élève, j’ai le plein droit d’effacer le nom d’Ahmed et de le remplacer par « Diaganaʺ.
Alors, je ne suis ni égoïste, ni raciste, je veux qu’on me respecte et en plus respecter l’égalité et la démocratie dans ce pays, la Mauritanie !
Encore, à la page « 16ʺ du même manuel, on constate que Sidi, ʺnotre ʺ écolier habite dans un village et il a un petit déjeuner complet : pain de brousse beurré + thé + lait sucré + fruit.
Si et seulement si, on veut éviter le paradoxe entre fruit et village, on doit considérer ce fruit comme un jujube ou un mirobolant. Je change le nom de Sidi en le remplaçant par Doudou. A la page 24, je remplace Binta par Vatimettou, à la page 32 je remplace Peinda par Tislim, à la page 40 je remplace Coumba par Khowîdija, à la page 48 je remplace Moussa par Sidina, toujours à la même page, je remplace Awa par Aîchettou et à la page 61 je remplace Moussa par Sidi.
En définitive, j’aimerais qu’on revoie, rectifie et réécrive les manuels scolaires des écoles primaires de la Mauritanie.
MBAYE BOCAR
Directeur de l’Ecole 3 de Boghé (Brakna-Mauritanie)
Téléphone : 47583419