Le 25/02/2020 – Initiatives News
Quand un défenseur des droits de l’homme fait l’objet d’une attaque, c’est toute la communauté des droits de l’homme qui en est la victime.
C’est pourquoi il est de notre devoir de dénoncer vigoureusement la campagne de lynchage orchestré contre Honorable Biram Dah Abeid pour avoir critiqué le racisme d’état en Mauritanie lors de la rencontre du Sommet de Genève pour les Droits de l’ Homme et la Démocratie au cours duquel il a fait l’objet d’ une distinction pour sa contribution au droits de l’homme.
Cette campagne est actuellement entrain d’être dirigée par Maitre Ahmed Salem Ould Bouhoubeini, Président de la Commission Nationale des Droits qui a réagi avec un point de presse le 21 Février 2020.
Au lieu de reconnaitre les violations graves résultant de ce racisme d’état et y trouver des solutions adéquates, Maitre Bouhoubeini a choisi de s’embarquer dans une campagne nationale et internationale pour démentir Mr Abeid qui n’a fait que dénoncer une situation qui n’ est un secret pour personne.
Saisissant l’occasion qui lui a été offerte par le Sommet de Genève le 18 Février, il a rappelé au monde que l’esclavage et la discrimination raciale sont une réalité vivante en Mauritanie. Cette discrimination sévit à tous les niveaux de l’administration Mauritanienne.
D’ailleurs même les intuitions gouvernementales (la Commission Nationale Des Droits de l’Homme, le Commissariat aux Droits de l’Homme et à Action Humanitaire, Mécanisme de Prévention de la Torture et la Délégation Générale à la Solidarité Nationale et à la Lutte Contre l’Exclusion) — chargées de la promotion et de la protection des droits de l’homme n’en sont pas épargnées.
Car elles sont toutes dirigées par des personnes issues de la seule communauté Arabo-berbère alors que les principales victimes du racisme et de l’exclusion sont de la communauté Haratine et Négro-africaine. Et pourtant ces communautés ont des cadres hautement compétents qui ont fait leur preuve sur le terrain des droits de l’homme.
L’argument qui consiste à dire que les droits de l’homme doivent se discuter à l’intérieur du pays n’a aucune pertinence en ce sens que ce sont des valeurs universelles qui concernent tous les peuples épris de justice et liberté, indépendamment de là où ils résident. Il ne pouvait trouver un cadre mieux approprié que ce sommet pour délivrer son message. En plus, Mr Abeid n’a jamais lutté ailleurs qu’en Mauritanie. Ce qui lui a valu d’ ailleurs plusieurs emprisonnements arbitraires.
Ceux qui considèrent que cette situation est normale révèlent ainsi l’évidence de leur manque d’honnête intellectuelle et d’intégrité morale par rapport à la souffrance immesurable des victimes. C’est parce qu’ils considèrent qu’ils n’ont rien en commun avec l’ esclave qui se bat pour sa liberté, la veuve qui lutte pour honorer la Mémoire de son mari arbitrairement exécuté, le déporté injustement expulsé qui revendique sa nationalité. Il est important que les autorités compétentes sachent que, “justice trop tardive c’est justice refusée,” Dr Martin Luther King, la Lettre depuis la Prison de Birmingham. Avril 16, 1963. Alors, il est temps de répondre à l’appel de justice des victimes.
Ces problèmes graves ne s’effaceront jamais sans une solution, car les faits sont ce qu’ils sont. A l’instar des autres pays, la Mauritanie doit accepter sa responsabilité et faire face aux faits à travers les mécanismes de la justice transitionnelle qui a fait ses preuves dans plusieurs cas similaires.
Les acteurs des droits de l’homme ont toujours fait montre de leur disponibilité à contribuer au règlement pacifique du problème si toutefois il y a une volonté politique d’y trouver une solution satisfaisante et durable. C’est un problème national qui doit être traité avec toute la diligence nécessaire. Car, “nier aux gens leurs droits humains, c’ est remettre en cause leur humanité même,” a dit Nelson Mandela.
Bakary Tandia, Human Rights Advocate
New York