Le 25/02/2020 – Diallo Amadou
La protection de l’environnement est devenue depuis quelques décennies une préoccupation majeure de la communauté internationale.
Nombreuses sont les atteintes au milieu ambiant, mais il y a en une dont les conséquences touchent rapidement toute la terre : la disparition des forêts tropicales humides qui inquiète tant dans les pays du Nord que dans les pays du Sud. Considérées comme « poumon de la planète » par de nombreux experts, ces forêts offrent par le mécanisme de la photosynthèse, une production en masse de l oxygène nécessaire à la vie.
L’énorme biodiversité de cet écosystème constitue aussi un stock de richesse tant utiles pour les populations qui y habitent, que pour le reste de l’humanité.
En Mauritanie, il a été constaté une dégradation accélérée des forêts, non seulement à cause de l’avancée du désert, mais particulièrement par l’action des hommes(les charbonniers).
En effet ces derniers, avec la complicité des autorités administratives locales, se livrent à des coupes abusives d’arbres qui se trouveraient dans les zones humides du fleuve Sénégal. Les localités touchées par les coupes abusives d’arbres et une carbonisation sont entre autres : les villages de Amara, Iche, Kesseyr Mbarek, la zone de Goudeleyeré, zone Diyé, Loboudou situées au sud du village de Amara, Méhayguine dans les Moughata de Tékane et Lexeiba et Dar El Barka ; et la forêt de Diawlé relevant des wilayas du Trarza et du Brakna.
La localité de Dar El Barka où se trouvent trois des six forêts de la Wilaya du Brakna, qui s’étendent sur une superficie de 6000ha environ, est particulièrement touchée par cette déforestation massive provoquée par les charbonniers. Le Maire de Dar El Barka, Mr Amadou Tidjane Kane mène un combat de David contre Goliath face aux charbonniers trop puissants et à la limite, presqu’intouchables grâce à la complicité des autorités administratives locales.
Certes, la décentralisation et la gestion des ressources naturelles sont aujourd’hui des enjeux décisifs en particulier pour les collectivités locales.
Même si le transfert de responsabilités aux autorités administratives décentralisées a suscité un intérêt, la décentralisation ne s’est guère traduite systématiquement par la délégation de responsabilités pour la gestion de l’environnement – ou des forêts – aux institutions traditionnelles locales.
C’est pourquoi les maires et les notables restent désespérément impuissants face à la déforestation massive de leur terroir. Sous prétexte de défrichement de terres agricoles, des autorisations administratives sont délivrées aux charbonniers, qui en réalité se livrent à la destruction et la carbonisation des forets situées le long du fleuve Sénégal dans les régions du Brakna, Trarza et même du Gorgol.
Les populations riveraines de ces forêts ont toujours élevé de vives protestations auprès des autorités contre la destruction de leur environnement. Mais rien n’arrête la spirale destructrice. Selon nos sources, à chaque fois que les populations locales interpellent les charbonniers, ces derniers leur présentent des autorisations délivrées par les autorités locales ou régionales.
Et sur les conséquences catastrophiques de cette déforestation massive, le ministère de l’Environnement et du Développement Durable (MEDD) de donner des chiffres navrants résultat du déboisement de quelque 11.600 hectares de forêts, sans aucun effort de repeuplement compensatoire, environ 91 000 tonnes de charbon ont été transportées par 456 camions vers Nouakchott entre 2010 et 2019. De surcroît, d’énormes quantités de charbon sont utilisées par la population en milieu rural et urbain (énergie de cuisson alimentaire).
A ce rythme et dans le contexte des changements climatiques, les forêts du sud de la Mauritanie, risquent de disparaitre totalement dans les deux prochaines décennies, si des mesures urgentes ne sont pas prises par les autorités compétentes.
Diallo Amadou
amdiallo52@gmail.com