En effet, depuis plus d’une décennie, la politique en matière d’emploi est pilotée par l’Agence Nationale de Promotion de l’Emploi des Jeunes (ANAPEJ) qui est un établissement public à caractère administratif doté de la personnalité morale et de l’autonomie financière. Elle a été créée par décret n° 02-2005 en date du 18 Janvier 2005.
Elle est placée sous la tutelle administrative du Ministère de l’Emploi, de la Formation Professionnelle et des Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication.
La mission de l’ANAPEJ consiste à contribuer à la mise en œuvre de la politique nationale de l’emploi dans un cadre de concertation entre l’Etat, les organisations professionnelles des employeurs et travailleurs et la société civile. A ce titre, elle est chargée de :
– La prospection, la collecte des offres d’emploi auprès des employeurs, et la mise en relation de l’offre et de la demande d’emploi ;
– La collecte, la centralisation, l’analyse et la diffusion des données relatives au marché de l’emploi ;
– L’accueil, l’information et l’orientation des demandeurs d’emplois ;
– L’assistance et le conseil des employeurs, dans la définition de leurs besoins en compétences ;
– L’organisation de stages de qualification, en vue de faciliter l’Insertion des jeunes ;
– la promotion de l’auto emploi, à travers l’information et l’orientation des jeunes entrepreneurs pour la réalisation de leurs projets économiques ;
– La recherche des synergies avec des programmes de développement ayant des incidences sur l’emploi ;
– La conception et la mise en œuvre des actions destinées à assurer la promotion de l’emploi notamment de l’emploi des femmes et autres groupes ciblés ;
– la réalisation des études sur l’emploi ;
– La mise en place de programmes d’adaptation professionnelle, de formation professionnelle de perfectionnement, de reconversion et d’insertion dans la vie active ;
– La mobilisation et la gestion des fonds nécessaires à la promotion de l’emploi.
Mais malgré ses nobles objectifs, son ambitieux programme et les fonds substantiels qui lui ont été alloués, l’ANAPEJ n’a pas su relever le défi ; au contraire, elle a polarisé toutes les frustrations d’une jeunesse qui s’est sentie flouée.
En effet, il y a lieu de noter que l’offre de services dédiée à l’emploi national est très peu formalisée et faiblement déployée au niveau des agences locales. Seule l’inscription des DE ainsi que la réception des candidatures sont effectuées au niveau de l’agence locale (AL). Il n’existe pas un véritable accompagnement des demandeurs d’emploi (DE). C’est ce qui explique en partie, un très faible taux de fréquentation, un constat amer.
Donc, «Incohérence entre les objectifs affichés et les moyens alloués à l’ANAPEJ. » C’est le constat fait par le Rapport de la mission Migr’actions 2018 portant diagnostic organisationnel, pilotage et déploiement de l’offre de service de l’ANAPEJ.
Le rapport souligne que l’ANAPEJ doit se transformer en un outil opérationnel dédié à la mise en œuvre de la politique de son ministère de tutelle en faveur de d’emploi. La mission souligne avoir établi trois familles de constats, à partir des risques identifiés, conduisant à des préconisations.
Les constats et les préconisations qui s’y attachent portent sur son positionnement institutionnel. Peut-on lire dans le rapport où il est expliqué que malgré la volonté affichée par les autorités mauritaniennes, le positionnement de l’ANAPEJ reste à clarifier. « Dans un environnement où les moyens d’action sont limités, plusieurs acteurs interviennent, de fait, sur le champ d’action de l’ANAPEJ.
La situation se complique un peu plus quand les dispositifs de coordination entre ces acteurs font défaut ou sont inopérants. » Dit le rapport qui rajoute que pour ce qui concerne sa structure, l’organisation de l’ANAPEJ limite sa capacité et se prive de son principal outil de prise en compte des besoins des demandeurs d’emploi et des recruteurs.
Le rapport cité date de 2016 et s’inscrit dans le cadre du « Projet de renforcement de la mobilité professionnelle en Afrique de l’Ouest relativement à la Coopération triangulaire au bénéfice des services de l’emploi du Cap Vert, du Ghana, de la Mauritanie, du Sénégal et du Togo. Il faut dire qu’en termes de performance, l’ANAPEJ a montré ses limites. On ne lui connait presque pas de rapports sur le niveau de performance de ses services et projets.
Et pour cause, le budget de l’ANAPEJ est contraint, sans rapport avec ses objectifs. Les ressources disponibles ne sont pas mobilisées de façon optimale. Des actions couteuses sont accompagnées, limitant de fait l’ANAPEJ de toucher un plus grand nombre de bénéficiaires.
Il se trouve que dans les faits que cette agence dédiée à l’emploi des jeunes, bat de l’aile depuis plusieurs années. Le rapport Pôle emploi France de 2019 dit que 70 pour cent de mauritaniens ne savent pas où se situent les bureaux de l’Anapej.
Selon ce rapport l’agence doit être profondément restructurée pour répondre aux exigences de sa tutelle, le ministère de l’emploi, qui met en place des projets au profit des jeunes. Selon le rapport Pole Emploi, le management de l’ANAPEJ est trop absorbé par la politique. « 200 personnes dont 100 contractuels », note le rapport.
Plusieurs demandeurs d’emplois ont relevé que les prêts sont faits sur la base politique et tribale et que l’argent de l’état est ainsi gaspillé. « Ils n’ont aucune crédibilité et ont perdu la confiance du public et s’opposent aujourd’hui aux réformes du Ministre. » Confient certains jeunes, déçus par une agence sur laquelle ils ont jusque-là fondé leurs espoirs.
Depuis sa création, l’agence n’a visiblement pas réussi à juguler la problématique de l’emploi des jeunes. Avec l’arrivée des nouvelles autorités en 2019, il a été répertorié plus de 270 mille jeunes diplômés. Fort de ce diagnostic, Taleb Ould Sid Ahmed, ministre de l’Emploi, de la Jeunesse et des Sports a promis de mettre en place des grands projets de création d’emploi.
Et ce dans le cadre de la stratégie en matière d’emploi pour la période 2019-2024. Le défi à relever est énorme : 60 mille nouveaux demandeurs d’emploi par an sans compter une inadéquation des diplômes avec les exigences du marché.
Le ministre a par ailleurs réussi à convaincre le secteur privé à s’engager à aider le gouvernement à absorber un grand nombre de demandeurs d’emploi.
Ces initiatives du ministère de l’emploi sont sans doute source d’aigreur du côté de l’Anapej, qui selon plusieurs observateurs, a perdu toute crédibilité et confiance auprès de son public cible. Et Le ministère qui a mis en place une nouvelle coordination des projets emploi peut se targuer d’avoir suscité l’espoir chez les jeunes et autres demandeurs d’emploi.
Cette nouvelle coordination est déjà opérationnelle et jouit du satisfécit des populations. Son arrête de création a été signé et légalisé par la législation mauritanienne et enregistrée à la Présidence. Il faut dire que l’adhésion des populations à la nouvelle dynamique engagée par le ministre de la jeunesse et de l’emploi est réelle.
Actuellement, la campagne de sensibilisation autour de l’initiative « Mon projet, Mon Avenir », lancée par le Ministère de l’Emploi, de la Jeunesse et des Sports bat son plein.
Des missions du ministère sillonnent les régions du pays pour expliquer aux jeunes les objectifs de cet ambitieux programme et sélectionner la première vague de bénéficiaires.
La Rédaction