L’incroyable développement dans le monde de la technologie, des ordinateurs, des smartphones et des tablettes intelligentes au cours des deux dernières décennies (2000-2020), a grandement contribué à faciliter la vie des gens par le fait de leur offrir l’accès rapide à l’information. Face à cette nouvelle réalité numérique, les pays et les gouvernements de la région ont rapidement réagi pour profiter de cette révolution numérique afin de rapprocher les services de leurs citoyens, pour leur faciliter d’énormes taches de la vie quotidienne.
La transformation digitale signifie simplement le processus de déplacement –progressif- des secteurs gouvernementaux du modèle de travail classique vers un nouveau modèle qui s’appuie sur les technologies numériques pour fournir d’excellents services aux citoyens, aux partenaires et aux clients, ce qui conduit inévitablement à écourter le temps, à réduire les coûts et à augmenter la performance du travail gouvernemental en obtenant une plus grande flexibilité dans le processus de service et en les rendant plus rapides et lisses.
Les expériences parlantes dans les pays voisins et les pays du tiers monde en général confirment que la transformation digitale est un facteur clé pour attirer les investissements et encourager les entreprises internationales spécialisées dans les technologies modernes, les innovations et la fabrication à pénétrer le marché national, ce qui se traduit par des mouvements de fonds et de nouvelles opportunités d’emploi pour les jeunes diplômés et des profits des milliards versés au Trésor public. En ce qui concerne le contexte du développement durable des pays, les études les plus récentes soulignent qu’il est essentiel de s’appuyer sur les nouvelles technologies de l’information et de la communication pour y atteindre. C’est ce que tous les pays ambitieux en ont très tôt pris conscience et leurs gouvernements se sont précipités pour suivre le rythme des évolutions technologiques et étudier leur impact sur les comportements des citoyens. Est-il raisonnable que l’appareil gouvernemental de l’Etat continue de fournir les services aux citoyens de la même manière qu’il le faisait il y a soixante ans ?
En voyant chaque matin des dizaines de citoyens mauritaniens dans les fils d’attente devant les différents services et administrations de l’État, demandant des services simples qui peuvent être facilement obtenus sans peine et perte de temps. A titre d’exemple, l’obtention d’un extrait d’acte de naissance à Nouakchott nécessite une journée complète devant les bureaux des centres d’accueil des citoyens, alors que si l’administration s’appuyait sur des solutions numériques rapides, tout citoyen pouvait naviguer sur le site de l’Agence en charge, saisir son NIN et puis retirer une copie authentifiée de son acte de naissance. Du même rythme, nous citons l’extraction des fiches judiciaires des tribunaux, les demandes de cartes d’identité et des passeports, la nécessité d’avoir une plateforme numériques pour déposer les candidatures aux concours de recrutement de l’État, le paiement des factures d’électricité et d’eau et d’autres services qui peuvent être facilités et rapprochés des citoyens en adoptant des solutions numériques.
Le lancement du projet TDSI est devenu plus nécessaire que jamais et ne peut plus être reporté, en particulier grâce à l’évolution de l’économie nationale et les découvertes prometteuses de pétrole et de gaz. Il ne fait aucun doute que l’intégration des TIC contribuera au développement de l’économie nationale, à la diversification de ses sources, à l’expansion du marché du travail et à la stimulation du secteur industriel, là où la transformation numérique représente l’un des principaux moteurs de la croissance du secteur privé. Ce qui imposera aux grandes entreprises gouvernementales et semi-gouvernementales une course effrénée pour étendre leurs services et développer des solutions marketing techniques innovantes qui assurent leur continuité dans le cercle de la sérieuse concurrence.
Dans l’attente de l’adoption par l’État de ce projet technique ambitieux, toutes propositions restent acceptables afin d’aborder les responsabilités de cette nouvelle agence TDSI, et ses structures organisationnelles et administratives. Dans ce contexte, nous suggérons ce qui suit :
L’agence TDSI relève directement de la présidence de la République. Elle sera exclusivement responsable d’organiser, de gérer et de coordonner la transformation digitale et la sécurité de l’information au sein de l’appareil administratif de l’État mauritanien. Elles s’y attachent toutes les directions centrales de l’informatique au sein des ministères et des institutions gouvernementales de l’Etat. Comme dans chaque ministère, il existe une direction centrale de l’informatique,
et parfois le rôle de ces directions se limite à l’impression et à la copie des papiers administratifs et au paiement des frais Internet aux opérateurs télécom avec une absence totale de productivité, d’efficacité, de conception et de développement d’applications informatiques pour répondre aux besoins des citoyens et leur rapprocher les services. Ce qui est frappant, c’est que certains ministères vitaux du pays n’ont pas de sites Web actifs sur Internet et n’ont pas de plateformes numériques pour gérer les données et guider les expatriés, ce qui explique l’anarchie et le manque de responsabilité et de contrôle du travail de ces directions informatiques dans lesquelles la discipline et la vitalité sont inexistantes.
Nous proposons donc une structure organisationnelle avec quatre directions affiliées à l’agence TDSI : la direction de l’infrastructure numérique, la direction des systèmes d’information et du support technique, la direction du suivi et de l’édition électronique et la direction de la sécurité de l’information. Voici un bref commentaire sur la mission de chaque département :
• Direction de l’infrastructure numérique : le rôle de ce département se limite à fournir et à équiper l’infrastructure informatique nécessaire à l’accomplissement du travail de l’agence, c’est-à-dire à développer et concevoir tous les systèmes d’information, applications et bases de données nécessaires et à les sauvegarder. Ce département sera un petit atelier pour les ingénieurs mauritaniens spécialisés dans le développement, les applications web et l’intelligence artificielle.
• Direction des systèmes d’information et du support technique : cette direction travaille à l’exploitation et au fonctionnement de l’infrastructure numérique développée par les ingénieurs, elle supervise également la collecte, le stockage, la récupération des données, l’analyse et l’échange avec toutes les directions centrales de l’informatique au sien des ministères et les institutions gouvernementales, et de leur fournir le soutien technique nécessaire.
• Direction du suivi et de l’édition électronique : Cette direction est chargée de suivre la mise en place de la stratégie de l’État dans le domaine de la transformation numérique et de fixer des indicateurs standards pour son évaluation et de déterminer son efficacité en fonction des feedbacks des bénéficiaires de ces services.
• Direction de la sécurité de l’information : S’appuyer sur des solutions numériques nécessite d’abord de gagner à la fois la confiance des utilisateurs et des partenaires, et cela ne se fera jamais sans adopter une politique de sécurité forte pour faire face aux risques technologiques croissants. Ce qui signifie que le rôle de ce département sera vital au sein de l’Agence TDSI qui sera chargé de sécuriser les systèmes d’information employés et de vérifier les données échangées et leur fiabilité et authentification.
Le lancement de cet ambitieux projet technique par l’Etat mauritanien à ce moment particulier sera considéré comme un véritable saut vers la modernisation du travail de l’appareil gouvernemental et l’encouragement du climat d’investissement et le rapprochement des services aux citoyens. Il est donc temps d’élaborer une stratégie nationale du numérique soutenue par la direction suprême de l’État, de surveiller sa mise en place, et de confier la responsabilité aux spécialistes qualifiés.
IL EST DONC TEMPS DE LANCER CE PROJET !
Dr. Mohamed EL KHALIFA