Ces despotes qui font le malheur de l’Afrique

Le 01/02/2020 – Le Mondafrique

Les Bongo, Sassou, Biya et autres Aziz, au pouvoir pendant des décennies pour piller leurs pays, ont quelques soucis à se faire.

Les dictateurs africains, qui prolongent leur pouvoir au delà du raisonnable, devraient se rappeler les fins de vie solitaires, souvent à l’étranger, et dans l’indignité nationale de ces chefs de l’Etat qui avaient bâillonné leur peuple, piétiné les droits de l’Homme et du citoyen, mis les ressources de l’Etat au service de leur clan familial et tribal et entretenu l’illusion auprès d’une communauté internationale bienveillante qui s’accommodait d’une politique de l’autruche ayant pour effet la consolidation de leur dictature.

Qui sème la haine, récolte la violence

La liste des despotes africains est longue et n’est malheureusement pas exhaustive. La plupart sont décédés dans le déshonneur, déchus par leur peuple et souvent loin de leur pays. On peut citer Macias Nguema (Guinée équatoriale), Idi Amin Dada (Ouganda),  Mobutu Sese Seko (Zaïre RDC), Ahmadou Ahidjo ( Cameroun), Jean-Bedel Bokassa ( Centrafrique), Ahmed Sekou Toure (Guinée), Modibo Keita (Mali), Samuel Doe (Liberia), Mohamed Siad Barre ( Somalie) Mouammar Khadafi ( Libye), Robert Mugabe (Zimbabwe), Zine el-Abidine Ben Ali (Tunisie).

D’autres, chassés du pouvoir sont privés de liberté et en exil, comme Hissen Habré ( Tchad), Charles Taylor ( Liberia), Maaouya ould Sid’Ahmed Taya ( Mauritanie) ou, en raison de leur état de santé, comme Hosni Moubarak et Abdelaziz Bouteflika (Algérie), coupés du monde mais assistant  impuissant à l’éradication des piliers de leur pouvoir militaro-familial.

Néanmoins, quelques autres despotes déchus passent encore entre les filets de la condamnation judiciaire de leur gouvernance maléfique. Pour combien de temps encore ?

SOS solidarité despotes!

Rares sont les dictateurs ayant été chassés du pouvoir à ne pas devoir rendre compte de leurs crimes envers leur peuple. On peut citer l’Ethiopien Mengistu Haile Mariam (82 ans) et le Gambien Yahya Jammeh (54 ans).

Mengistu Haile Mariam est probablement le pire des dictateurs que le continent africain ait connus. Près de deux millions de morts, des guerres internes et une politique de type stalinien avec  » la terreur rouge » ont mis l’Ethiopie à genoux pendant deux décennies. Grâce à l’hospitalité de Robert Mugabe et maintenant du président Emmerson Mnangagwa, il peut vivre des jours tranquilles au Zimbabwe, dans sa ferme près de Harare. L’Union africaine, dont le siège est à Addis Abeba, s’en accommode piteusement.

En Gambie Yahya aurait détourné un milliard de dollars

En Gambie, lex président Yahya Jammeh avait aussi découvert les vertus de l’agrobusiness dans sa ferme, généreusement donnée par Teodoro Macias Nguema Mbasogo, président de la Guinee Equatoriale, depuis 40 ans.

La solidarité des dictateurs est plus forte que les effets de manche de l’ONU ou des condamnations médiatiques de certaines ONG. Pour Yahya Jammeh, il est vrai aussi que la Procureure générale de la Cour Pénale Internationale est Fatou Bensouda , son ancienne ministre de la justice de 1998 à 2000, période riche en tortures et disparitions.

Dans la salle d’attente de la justice

Plusieurs autocrates, jadis courtisés par de nombreuses grandes puissances et reconnus comme chefs d’État exemplaires par l’Union africaine, comme l’ Angolais Jose Eduardo dos Santos, le Sud Africain Jacob Zuma, le Soudanais Omar Al- Bechir et le Mauritanien Mohamed ould Abdel Aziz ont non seulement perdu le pouvoir mais doivent aussi désormais faire face à la justice et au tricotage de leur régime ayant dévitalisé l’État et siphonné les ressources de leur pays.

Angola, les mauvais calculs de Jose Eduardo dos Santos en quittant le pouvoir

Jose Eduardo dos Santos croyait naïvement en désignant son successeur et fidèle compagnon, Joao Lourenço, que son clan familial pourrait continuer son entreprise de captation des richesses du pays. Il s’est trompé. Isabel et son frère Jose Filomeno ont perdu leurs biens mal acquis et sont dans les filets de la justice. Jose Eduardo dos Santos va bientôt devoir répondre de ses crimes économiques. Son successeur ne le lâchera pas même s’il vit en exil.

Afrique du Sud, les affaires judiciaires mettant en cause Jacob Zuma, ne manquent pas.

Jacob Zuma a été plus directement invité par son parti (ANC) de céder le pouvoir à son vice-président Cyril Ramaphosa. Très impliqué dans les marchés publics offerts à la famille Gupta, dans les pots-de-vin aux entreprises soumissionnaires et dans certaines malversations, Jacob Zuma, zoulou et polygame, sait que la justice sud-africaine ne lui fera aucun passe-droit.
Omar Al-Bechir a été classiquement affaibli par les mouvements populaires puis les militaires l »ont destitué. Le vieux dictateur (30 ans de pouvoir) est désormais emprisonné. Les prochains procès vont concerner sa gestion de la crise au Darfour, les détournements de fonds et la corruption qu’il avait instaurés dans les rouages de l’État et ses crimes contre l’humanité. Sous la pression des Etats-Unis d’Amérique, qui ont pris la place de la Russie, il n’est plus impensable de voir un jour Omar Al-Bechir à la CPI.

Une commission d’enquête vient d’être créée pour passer au crible les frasques de l’ex président mauritanien

Mohamed ould Abdel Aziz avait toute confiance en son vieux camarade, militaire comme lui, Mohamed ould Ghazouani. Ne pouvant pas briguer un troisième mandat consécutif, c’est tout naturellement vers son » ami de trente ans », chef d’état-major de l’Armée et ancien.ministre de la Défense que Mohamed ould Abdel Aziz s’est tourné pour assurer une succession qu’il pensait interimaire. Comme Jose Eduardo dos Santos, l’autocrate Aziz se trouve désormais non seulement hors jeu de la politique, mais son clan commence à payer les dix années de corruption, de malversations, de manipulations politiques et de népotisme.

Cantonné quasiment en résidence surveillée, l’ancien raïs voit son parti lui échapper, ses fidèles partisans être inquiétés par la justice et sa famille perdre les postes qu’elle avait obtenus sans en avoir le mérite. L’ Assemblée nationale vient de voter favorablement la création d’une commission d’enquête sur la décennie Aziz. Le processus est enclenché..

Cette litanie de despotes devrait faire réfléchir ceux qui se cramponnent encore au pouvoir avec le soutien des grandes puissances et de certains lobbies des affaires. Qu’ils ne se trompent pas, lorsque la Rue se transforme en révolution, ils seront lâchés par les uns et les autres et surtout leurs forces de sécurité …. et rejoindront la déshonorante liste des despotes déchus, honnis par leur peuple.