Biram Dah Abeid a dénoncé, lors d’une conférence de presse tenue lundi 23 décembre, « la roublardise des juges mauritaniens qui constituent aujourd’hui des freins pour l’avènement d’une justice sociale dans le pays, en dépit de la volonté affichée par les nouvelles autorités qui se heurtent à des dogmes talibans de ces mêmes juges ».
Le président du mouvement IRA et député a tiré à boulets rouges et noté avec inquiétude le « climat de regain d’esclavagisme dans le milieu soninké au Mali, en Gambie, Burkina, au Sénégal et en Mauritanie enregistré ces derniers temps ». Ce regain au Mali s’est traduit, révèle Biram Dah Abeid, par une violence indicible qui s’est abattue
sur le milieu servile dans la population soninké au Mali. Des « lynchages systématiques à la manière de celle que faisaient les KKK sur les afro-américains avant l’effectivité des droits civiques », compare-t-il. « Mais cette ivresse de violences contre les esclaves, pointe-t-il, est entrain d’être semée en milieu soninké en Mauritanie ». C’est dans cette optique qu’IRA Mauritanie a commué des avocats pour porter plainte contre Démocratia islamique,
considérée par le leader abolitionniste comme « une organisation de malfaiteurs » , agissant à travers « une délinquance transnationale » parce qu’elle englobe des activistes violents qui s’attaquent à des personnes prétendument esclaves ou considérées comme esclaves en milieu soninké originaire du Mali. Les dirigeants de cette organisation,Boubacar Camara dit Moustapha et son adjoint Oumar Camara alias Bourou(mauritaniens) contre lesquels des plaintes ont été déposées pour «violence verbale indicible » et «menaces » par les victimes qui ont été prises à partie dans les réseaux sociaux dont deux militants de IRA, Hamza Camara et Yacoub Baghayogho ont été, après investigation, mis en examen et déposés en prison en compagnie des cinq plaignants par le juge d’instruction. Des mandats d’arrêt ont été lancés contre les deux autres criminels en fuite( en l’occurrence Bouthié Dioumassy et Bouyé Dembélé). Biram qualifie de «drôle » la décision du juge d’instruction Taleb Bouya Ould Ahmed, connu, dit-il, pour son «aversion pour IRA », «contre la justice sociale » de mettre les cinq plaignants dans le même sac que les esclavagistes.
En envoyant tout le monde en prison, c’est un message destiné aux esclaves pour les intimider pour qu’ils n’aient plus le courage de s’adresser à la justice. Le juge vient de réussir sa mission.Trois des plaignants( Diadié Bambi Coulibaly, 55 ans, Hamedou Coulibaly 56 ans et Sidi Koné âgé de 78 ans) qui devraient témoigner sur les atrocités qu’ils ont subies, lors de la conférence de presse, après leur libération, ont fait faux bond. Pour Biram, c’est aussi un message destiné à attirer l’attention que même avec Ghazounai rien n’a changé ».
Des intervenants ont quand même mis à nu le degré inhumain et dégradant de l’esclavage en milieu soninké, se traduisant par une mainmise des prétendus maîtres sur entre autres les terres et les mosquées construites par la diaspora (Koumba Ndaw, Kelemcoum), exclusion matrimoniale, sans accès à la justice, accès aux dons de l’Etat, aux responsabilités dans le domaine électoral avec l’onction des autorités régionales. Le député abolitionniste n’a pas manqué de préciser qu’ « il n’a jamais été vrai, malgré la diabolisation et la propagande du pouvoir que IRA ne cherche que des poux aux maures et aux maures seuls. Et que IRA ne se focalise de manière sectaire que sur l’esclavage en milieu maure. « Dans notre palmarès nous avons été à l’origine de l’emprisonnement d’esclavagistes haratines. Nous avons dénoncé et même été empêchés par les autorités, le 7 mai 2017 d’entamer une vaste campagne contre l’esclavage en milieu dans la Vallée », a-t-il rappelé.
Les soubresauts politiques marqués par la guerre au sein de l’UPR ont été abordés par le président de IRA Mauritanie . Selon Biram, « la Mauritanie traverse à la fois une situation pleine d’espoirs et néanmoins difficile qui peut susciter la crainte. Ceci se traduit par le fait qu’il y a une lutte au sein du parti au pouvoir qui perdure. Une lutte qui peut avoir des répercussions déplorables ou même graves sur la situation de la démocratie du peuple. Mais nous tenons ici à préciser que nous ne tenons pas à intervenir dans une lutte de factions entre les différents groupes du parti au pouvoir. Mais nous attirons l’attention que nous n’accepterons pas que cette lutte influe négativement sur le fonctionnement et la bonne marche de l’Etat ou sur la légalité car nous considérons que la Mauritanie est sortie d’élections dont les résultats sont controversés. Une partie des mauritaniens a accepté tout de suite les résultats. Une autre partie pense que les résultats sont entachés de fraude, de contre-vérités. Mais nous convenons tous qu’il y a un degré de changement qui a été enregistré au cours de ces élections à travers la permutation entre ould Abdez Aziz et Ould Ghazouani. C’est pourquoi nous avons passé l’éponge de nos réticences envers les élections pour mettre nos mains dans la main du nouveau chef de l’Etat pour que la Mauritanie y gagne, pour que la justice sociale y gagne, pour que la moralisation de la chose publique y gagne, pour que l’entente entre les mauritaniens y gagne, pour que l’Etat de droit y gagne et les droits de l’homme y
gagnent. La Réaction du chef de l’Etat, même si elle n’est pas satisfaisante, elle est quand même positive. Nous voudrons bel et bien creuser ce sillage pour pouvoir renforcer les échanges entre le pouvoir et l’opposition, renforcer l’orientation du pouvoir vers l’agencement et le règlement des rapports entre les institutions de l’Etat et les populations et l’opposition. Mais aussi lever les injustices et permettre un dialogue, des discussions, des échanges pour le renforcement et la pérennisation de notre démocratie, de la justice sociale, de la bonne gouvernance. C’est une option que nous avons prise. Quant à la pratique, nous restons sur notre faim pour ce qui est de l’application des mesures élémentaires notamment sur la levée de l’interdiction frappant les partis politiques et les organisations.
Malgré notre insatisfaction face à la lenteur des réformes, des changements qui doivent intervenir, nous considérons que nous sommes sur un bon bout de fil. Et nous avons besoin de sérénité. La Mauritanie a besoin de sérénité, d’entente et d’utiliser ce mandat comme un mandat de rupture et de levée de toutes les injustices. Un mandat de la concertation entre tous les mauritaniens», plaide-t-il.