Les analystes et observateurs qui ont prédit l’apocalypse ont tous fait fausse route. «Le génie de certaines sociétés réside dans leurs aptitudes à générer des mécanismes de régularisation et d’amortissement de la violence » estime le docteur en psychiatrie Mahmoud Boudarene, qui s’exprimait lors d’une journée d’étude sous le thème « De la violence au pacifisme, entre changement et transition », organisée aujourd’hui au niveau de la bibliothèque centrale de Bouira, à l’initiative l’association Savoir et bien être.
Pour le conférencier, tous les ingrédients d’une insurrection populaire en Algérie étaient déjà réunis.
« La société algérienne a été progressivement conduite vers une situation d’indignité. La jeunesse algérienne en particulier, a été toujours exclue dans la prise décision. Pourtant, tout être humain a le droit de décider de son sort, de construire son avenir et de prendre en main son destin. Or l’avenir des Algériens a été confisqué par un système politique qui les a aliénés », a-t-il expliqué.
Plus loin dans son analyse, le psychiatre a estimé que l’Algérie a été pendant longtemps un pays de non droit et de désordre ouvrant ainsi les portes à toutes les dérives. Néanmoins depuis le début des manifestations, les algériens ont adopté une démarche totalement pacifique. « Quand il y a désordre institutionnel qui s’associe à un désordre social, cela crée une situation d’anomie qui conduit généralement à la violence. C’est vraiment miraculeux de voir la société algérienne manifester et montrer son désespoir pacifiquement », a-t-il dit.
Selon Dr Mahmoud Boudarene, c’est en se référant à l’histoire récente de l’Algérie qu’on pourrait trouver des explications à l’attitude non violente des manifestants. « Les Algériens ont été traumatisés par les affres de la décennie noire. Il faut savoir que même ceux qui n’ont pas vraiment vécu cette époque, ont grandi dedans. Ce vécu a contraint les Algériens à renoncer de prendre le train du Printemps arabe violent. Les Algériens ont patienté et mûri leur révolte à travers un pacifisme exemplaire que l’on voit actuellement ».
Omar Arbane
Source:Elwatan (Algérie)